Calquée sur l'administration coloniale d'où elle a hérité tous les textes et toutes les règles de fonctionnement, l'administration djiboutienne est qualifiée d'" obsolète et inadaptée" par les autorités locales.
Aux yeux du gouvernement djiboutien, elle demeure même la principale raison qui a fait que la position géostratégique, les infrastructures, la croissance soutenue et la stabilité politique de Djibouti ne puissent jouer pleinement et efficacement leur rôle de vecteurs de transformation économique et de justice sociale.
"Notre administration est basée sur un modèle rigide et vieillissant, une administration qui n'arrive plus à suivre la cadence et qui ne répond plus aux exigences nouvelles de l' économie. La lourdeur de notre bureaucratie freine l'action publique, l'initiative privée, handicape le quotidien de nos concitoyens et représente un manque à gagner pour notre économie. C'est pour cela qu'il est nécessaire d'entreprendre une reforme profonde de l'Administration", avait déclaré en mai dernier, le chef de l'Etat djiboutien, lors d'un séminaire gouvernemental sur la réforme de l'administration.
Depuis, la volonté de réformer l'administration djiboutienne de manière à rapprocher l'administration de ses administrés, à rationaliser sa gestion, accroître la qualité des services rendus et renforcer ses capacités de gestion, a fait son chemin.
La création d'une base de données unique et intégrée pour la gestion des agents de l'Etat a été initiée par le gouvernement à la fin de l'année dernière.
Il s'agit d'un projet de création d'un fichier unique de référence servant dans l'immédiat pour le paiement des salaires et, plus tard, pour tous les besoins de gestion des personnels de l' Etat.
Des experts mandatés par LP2i et Oracle HR & Payroll, deux sociétés de renommée internationale, assistent les autorités djiboutiennes dans le cadre de la réalisation de ce gigantesque projet de Gestion Intégrée des Personnels de l'Etat (GIPE).
A Djibouti, l'Etat est de loin le principal employeur. Et pour l'instant, chaque ministère dispose d'une base de données de son personnel. Mais il n'existe pas un lieu unique de référence où il est possible de trouver toutes les informations nécessaires sur l' effectif du personnel que l'Etat prend en charge.
"Avec ce système, les gouvernants seront capables de maîtriser l'évolution de la masse salariale de l'Etat et de faire des prévisions budgétaires en conséquence. Ce projet va permettre d' avoir une traçabilité du personnel dès le recrutement jusqu'à la fin de sa prise en charge de l'Etat", a fait savoir, Mme Moumina Houmed, secrétaire exécutive chargée de la Reforme de l' Administration et Coordinatrice du projet GIPE.
"Ce fichier unique de référence vient régler tout le problème de la disparité de l'information, de sorte que l'on dispose en finalité d'un répertoire unique qui comporte toutes les données relatives à chaque agent de l'Etat afin que dans une première phase, les responsables de la Solde puissent réaliser la paie de la manière la plus correcte qui soit", se félicite-t-on du côté du ministère djiboutien de l'Economie et des Finances.
Au ministère djiboutien du Travail, qui est également au coeur de ce projet, l'on s'active à sensibiliser les cadres supérieurs djiboutiens sur l'importance que revêt une appropriation des volets politiques, sociaux et économiques de la réforme de l' Administration.
Ainsi, des ateliers et autres séminaires aminés par des experts canadiens issus de l'Ecole Nationale de l'Administration Publique (ENAP) sont organisés périodiquement au profit de hauts cadres de l'administration publique djiboutienne.
En ce temps où Djibouti s'est engagé en accord avec les institutions de Brettons Wood dans un programme de réformes économiques visant à rétablir la stabilité économique, le retour à la croissance et enfin améliorer la situation sociale, la réalisation de ce projet de Gestion Intégrée des Personnels de l' Etat (Projet GIPE) avec son fichier unique est accueillie très favorablement par la rue djiboutienne et les instances internationales.