Au Mali, les familles risquent la ruine financière lorsque les femmes enceintes ont besoin d'une césarienne pour garantir un accouchement sûr, malgré les mesures prises récemment pour rendre cette opération vitale accessible et gratuite dans l'établissement de soins, selon une étude publiée dans le Bulletin de l'Organisation mondiale de la Santé.
Le Mali a toujours présenté l'un des taux les plus élevés au monde de mortalité féminine suite à la grossesse et à l'accouchement. Pour résoudre ce problème, le pays a mis en place en 2002 un système national, grâce auquel les femmes enceintes dans le besoin sont envoyées à hôpital le plus proche pour une césarienne ou d'autres soins obstétricaux d'urgence.
En quelques années, le nombre de femmes recevant des soins obstétricaux d'urgence a doublé, selon une étude antérieure dans la région de Kayes (population: 1,9 million d'habitants), où 475 femmes ont reçu les soins en question un an avant l'introduction du système contre 913 deux ans.
Toutefois, le succès du Mali dans la réduction du risque de décès maternel a été altéré par le fait que, malgré la suppression en 2005 des frais de césarienne dans l'établissement de soins, les familles qui cherchent à en bénéficier risquent encore la ruine financière. L'étude publiée ce mois-ci repose sur des données recueillies entre 2008 et 2011. Elle a montré que les familles devaient en moyenne payer 152 dollars chaque fois qu'une femme était transportée à l'hôpital pour la gestion d'une complication obstétricale, y compris les césariennes, soit un quart du revenu annuel par habitant, qui s'élève à 600 dollars dans ce pays d'Afrique subsaharienne.
"Nous avons constaté que 44,6% des familles ayant subi ces coûts élevés ont été contraintes de réduire leur consommation alimentaire, tandis que 23,2% d'entre elles étaient toujours endettées 10 mois à deux ans et demi après la naissance", a déclaré le co-auteur de l'étude, Pierre Fournier, directeur de l'axe santé mondiale à l'Université de Montréal au Canada.
La co-auteur, Catherine Arsenault, a ajouté que la raison de ces dépenses était le coût élevé des médicaments qui n'étaient pas inclus dans les kits de césarienne fournis par le gouvernement, mais aussi le coût du transport d'urgence. "Bien que ces efforts soient louables, le gouvernement doit aussi garantir que le système soit correctement financé, afin que les gens ne risquent pas la ruine financière", a ajouté Catherine Arsenault.
Selon Riku Elovainio, un économiste de la santé à l'OMS, l'étude permet de tirer d'importantes leçons pour les pays qui tentent de protéger leurs populations contre les difficultés financières.