Le paysage politique mauritanien reste marqué depuis plusieurs mois par une crise entre la majorité au pouvoir et l'opposition politique, dont les positions deviennent de plus en plus radicales, constatent les analystes.
Face au blocage du dialogue, la Coordination de l'opposition démocratique, composée de 11 partis, multiplie ses activités revendicatives pour exiger "la démission" du président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui, selon elle, "a échoué dans sa gestion des affaires publiques".
L'ombre de cette impasse politique plane sur l'organisation des prochaines élections législatives fixées par la commission nationale électorale indépendante dans la période entre septembre et octobre prochains.
Pour débloquer la situation, le président de l'Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, a lancé une initiative pour tenter un rapprochement entre les deux camps et sortir le pays de l'impasse.
L'initiative, intitulée "La Mauritanie d'abord", a été lancée en février dernier. Elle est basée sur un document politique en faveur d'un "compromis national", qui exhorte les Mauritaniens à " tirer les leçons de ce qui vient d'arriver au Mali pour protéger la Mauritanie contre le désordre".
Messaoud, qui affirme avoir reçu le soutien d'un large spectre d'acteurs, de formations politiques et de la société civile, a souligné la nécessité de "constituer un ensemble d'opinions" qui oeuvrera, notamment dans "la recherche d'un consensus pour sauvegarder la quiétude du peuple mauritanien en vue de l'organisation d'élections transparentes et consensuelles".
Il a donc appelé "l'ensemble des acteurs politiques, économiques et sociaux à contribuer à la réussite de cette initiative tout en dépassant leurs clivages, en mettant en avant l'intérêt suprême de la Mauritanie ".
Face à cette initiative, les partis de l'opposition radicale sont restés divisés. Certains la rejettent dans sa totalité, estimant que le pouvoir en place n'a plus la légitimité qu'il faut pour un tel dialogue. D'autres y ont souscrit avec la condition principale de voir se constituer "un gouvernement d'union nationale qui devra gérer une nouvelle transition avant l'organisation de nouvelles élections présidentielles".
Pour sa part, la coalition des partis de la majorité présidentielle (CPM), a apporté une réponse "favorable" à " l'Initiative Messaoud", mais rejette purement et simplement la proposition relative à la mise en place d'un gouvernement d'union nationale.
Dans un document-réponse, la majorité a réaffirmé son attachement au dialogue comme seule voie équilibrée et responsable pour l'ensemble des acteurs politiques. Elle a en outre expliqué qu'elle demeure "favorable à toutes les proposions de l'initiative, notamment celles qui respectent le texte de la constitution tout en étant favorable aux résultats du dialogue national" (organisé en 2011 et la coordination de l'opposition l'avait boycotté).
Un dialogue dont les résultats avaient été balayés d'un revers de main par l'ensemble des partis de l'opposition radicale qui le qualifie de "mascarade" parce que "les règles préalables (de ce dialogue) n'ont pas été arrêtées de commun accord".
Même si l'impasse politique perdure, il n'en demeure pas moins que l'ensemble des acteurs politiques continuent à exprimer leur attachement au dialogue "comme seule voie équilibrée et responsable" pour la recherche du rapprochement entre les différents pôles politiques.