L'Union nationale des syndicats des forces sécuritaires tunisiennes ont organisé vendredi un sit-in face au siège de l'Assemblée constituante à Tunis en signe de condamnation de la montée du terrorisme en Tunisie, a constaté le correspondant de l'Agence de presse Xinhua.
Soutenu par certains représentants de partis politiques et des composantes de société civile, les manifestants ont scandés des slogans appelant à la promotion de leurs conditions de travail et la constitutionnalisation d'une réglementation qui préserve leurs droits compte tenu des risques auxquelles les agents de l' ordre sont de plus en plus confrontés.
Des représentants l'Union des syndicats des forces de l'ordre tunisienne ont réussi à s'entretenir avec une délégation de députés composés de représentants des différents blocs parlementaires de l'Assemblée.
Ce sit-in se veut, selon bon nombre de policiers-manifestants, la résultante de l'amplification des agressions visant les agents de l'ordre sur tout le territoire tunisien mais également à la lumière de la vague terroriste qui commence à s'amplifier en Tunisie notamment les derniers incidents dans la montagne Chaâmbi (frontière centre-ouest avec l'Algérie).
L'armée tunisienne est désormais à la chasse d'un groupe terroriste retranché dans cette zone montagneuse. Plus d'une dizaine de soldats et gardes nationaux ont été blessés suite à l' explosion de 4 mines antipersonnel implantées par les terroristes. Pour la première fois dans son histoire, le gouvernement tunisien en la personne du Premier ministre Ali Larayedh, reconnaît la présence du réseau al-Qaïda sur son territoire.
Les réactions des différents partis politiques tunisiens, y compris ceux aux pouvoir, ont fermement condamné ces actes terroristes qui menacent la stabilité et la sécurité nationale de la Tunisie qui se veut sur le point de parachever la période transitoire avec la finalisation de la Constitution (dont le projet final serait fin prêt à la mi-mai 2013) et les préparatifs pour les élections présidentielles et législatives (prévues entre octobre et décembre 2013).
Majoritaire à l'Assemblée constituante, le parti islamiste Ennahdha qui dirige la coalition au pouvoir pense que les poseurs de mines dans la montagne Chaâmbi "sont des jeunes insensés dépourvus de culture islamique médiane et enclins à s'exprimer par des agissements sans rapports aucun ni avec la religion ni avec le patriotisme", comme l'a affirmé le numéro un d'Ennahdha Rached Ghanouchi lors d'une conférence de presse.
Selon le leader d'Ennahdha, "les événements de Chaâmbi ne sont nullement les premiers du genre en Tunisie qui avait connu des événements autrement plus grave à l'instar de ceux de Soliman (sud de Tunis) et de Rouhia (nord-ouest) ". Pour M. Ghanouchi, "le terrorisme ne réussira jamais en Tunisie où le seul Djihad (guerre sainte) qui y vaille est celui du développement et de la démocratie".
Considéré par des observateurs locaux comme principal "rival" du parti islamiste Ennahdha, le parti opposant "Nidaa Tounes" ( Appel de Tunisie) dirigé par l'ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi a averti que les incidents terroristes au mont Chaâmbi "ne sont pas finis", a dit vendredi M. Essebsi à l'ouverture des travaux de l'assemblée nationale de son parti.
L'ancien chef du gouvernement tunisien de transition a estimé que "la montée du terrorisme dans le pays revient essentiellement à la faiblesse de l'Etat". Selon lui, "les événements de Chaâmbi ne sont pas si simple" d'autant plus que les terroristes qui y sont retranchés "se mobilisent selon un agenda bien particulier" en choisissant la Tunisie comme l'un de leur fief.
D'un autre côté, le leader du parti "Appel de Tunisie" a critiqué le rendement de l'Assemblée constituante de son pays qui a dévié, pour reproduire les expressions de M. Essebsi, de la trajectoire qui lui a été fixée initialement, la rédaction de la Constitution en l'occurrence. L'actuel projet de la Constitution donnera lieu à un Etat religieux et non pas un Etat civil, a encore commenté M. Essebsi.
La montée du terrorisme en Tunisie s'explique en fonction de deux versions: la version de l'opposition et certaines composantes de la société civile et celle des organes officiels de l'Etat. L' opposition impute cette "vague terroriste" à la faiblesse de l' Etat, incompétence dans la gestion des crises et le manque de moyens logistiques et matériels tandis que les autorités pointent du doigt des extrémistes religieux voulant imposant leur loi outre des "guerriers" rentrés de Syrie et du Mali.