Avec une population d'environ 3,7 millions d'habitants, la République du Congo, dont l'économie repose essentiellement sur le pétrole, a été déclaré en février dernier pays conforme à l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), un progrès qui suscite espoir et revendications.
L'ITIE est une initiative créée en 2002 et adoptée par le G8 d'Evian en 2003 afin d'encourager la transparence des opérations budgétaires des Etats membres et permettre aux citoyens d'accéder à l'information sur les revenus issus de la commercialisation des matières premières. Elle réunit dans une même structure gouvernement, entreprises pétrolières, institutions financières internationales et ONG.
"D'être validé et jugé conforme à l'ITIE signifie qu'on a répondu à vingt et un critères, notamment l'adhésion volontaire qui permet de publier toutes les informations nécessaires liées à la gestion de nos industries, surtout le pétrole qui est la première ressource d'exportation", a précisé Florent Michel Okoko, coordonnateur de l'ITIE-Congo.
La conformité du Congo à l'initiative suscite cependant, au niveau de la société civile congolaise, l'espoir d'une vie meilleure dans un pays où le pétrole ne contribue pas assez à l'amélioration des conditions de vie de la population qui vit (plus de la moitié) dans la pauvreté avec moins d'un dollar par jour.
Deux organisations de la société civile, la Coalition congolaise Publiez ce que vous payez (PWYP) et la Commission diocésaine justice et paix (CJP) qui ont salué la conformité du Congo à l'initiative, invitent en même temps le gouvernement à maintenir les standards de la conformité.
"L'objectif de la conformité n'est pas atteint en soi. Le gouvernement doit rendre obligatoire la redistribution des revenus pétroliers, miniers et gaziers", a déclaré le secrétaire général de la commission diocésaine, Brice Mackosso.
Selon lui, cela permettrait aux congolais de jouir au quotidien des revenus pétroliers par l'accès à l'éducation, à l'eau potable, à l'électricité et à une santé de qualité. Officiellement, le pétrole rapporte chaque année quelque 6 milliards de dollars au Congo.
La dernière enquête démographique, de ménages et de santé (EDS) publiée en 2007 démontre qu'au Congo, les taux d'accès à l'eau sont de 47% en milieu urbain contre 11% en zone rural. Ils sont respectivement de 45% et de 6% en matière d'électricité. Entre 24 et 30% de la population de moins de 30 ans est confronté au chômage, selon les estimations de la Banque mondiale en 2011.
Actuellement, l'ITIE se concentre sur l'industrie pétrolière vu que les mines solides sont encore à l'étape de la recherche et pourrait entrer en phase de production en 2014.
"La période qui a suivi l'entrée à l'ITIE a été difficile: le pétrole est resté un sujet tabou. Le gouvernement semble avoir fourni des efforts parce que depuis 2011 nous avons le contrôle, à 80%, des revenus qui ont été déclarés d'une part par les sociétés pétrolières, et d'autre part ceux que le Trésor public déclare avoir perçus", reconnait Christian Mounzéo de la coalition PWYP.
Par ailleurs, si la conformité du Congo à l'ITIE est saluée, aussi bien par le gouvernement, les institutions financières internationales (FMI et Banque mondiale) que par la société civile congolaise, elle appelle cependant à la bonne gouvernance et à la meilleure gestion des finances publiques.
"La conformité ne suffit, il faut plutôt ramener l'argent du pétrole au pays pour une meilleure redistribution", a déclaré un membre de l'opposition congolaise, Clément Mierassa.