La renaissance de l'Afrique par l'intégration est-elle toujours possible ?
( le Quotidien du Peuple en ligne )
30.05.2013 à 16h33
Le 27 mai s'est achevé le 21e sommet de l'Union Africaine 21 dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba. Cette date coïncidant avec le 50e anniversaire du prédécesseur de l'UA, l'OUA, le sommet de cette année a été qualifié d'« historique » et de « monumental ». Dans la « Déclaration du 50e anniversaire de l'UA/OUA » adoptée pendant le sommet, l'UA a déclaré que cela permettra d'atteindre l'intégration et la prospérité en Afrique, ce qui fait que le 21e siècle deviendra le siècle de l'Afrique. Le sommet de cette année a été une continuation du thème de la session précédente « panafricanisme et renaissance africaine », démontrant la détermination des pays africains à chercher une voie autonome.
La renaissance est possible…
Comment parvenir à la renaissance de l'Afrique? Les pays africains ont déjà atteint un consensus général, à savoir accélérer l'intégration de l'Afrique. La Banque Africaine de Développement, la Banque Mondiale et le Forum Economique mondial ont publié conjointement en mai un rapport, qui a également mentionné que l'intégration régionale est devenue la clé pour améliorer la compétitivité en Afrique.
Depuis le 25 mai 1963, date de la création du prédécesseur de l'UA, l'OUA, les pays africains ont trouvé la « baguette magique » de l'unité et de la coopération. Faisant du concept du panafricanisme un outil politique, la promotion de l'unité et de la solidarité entre les pays africains de l'OUA/UA a joué un rôle important dans la coordination et le renforcement des liens politiques, économiques, de défense et la coopération en matière de sécurité.
Ces dernières années surtout, l'Afrique s'est rapidement développée. Selon la Banque Africaine de Développement, le PIB des pays africains est passé de 600 milliards de dollars en 2000 à 2 200 milliards de Dollars US en 2012, soit une énorme augmentation.
Dans le même temps, les conflits et guerres en Afrique, qui entravaient le développement du continent, ont considérablement diminué. Selon les médias, depuis 2004, date de création du Conseil de paix et de sécurité de l'UA, le nombre de coups d'Etat en Afrique s'est fortement réduit et la capacité de réaction autonome des pays africains face aux problèmes de sécurité régionale s'est également renforcée. Le sommet a également proposé de constituer une force de réaction rapide lors du sommet afin de réduire davantage la dépendance extérieure de l'Afrique en termes de financement militaire et de défense.
… mais la route qui s'ouvre ne sera pas facileCependant, la route de la renaissance de l'Afrique n'est pas un long fleuve tranquille. Certains experts estiment que s'agissant de l'intégration africaine, concrètement, le défi est énorme : les pays africains sont à la traîne en termes de puissance globale, ce qui fait que le processus d'intégration est particulièrement vulnérable et volatile.
D'une part, bien que les pays africains soient parvenus à l'émancipation politique, dans certains pays l'environnement politique est toujours caractérisé par le désordre, ce qui rend tout processus d'intégration politique complet impossible à mettre en œuvre. D'autre part, la structure économique de l'Afrique est monolithique, elle repose essentiellement sur les exportations de ressources, ce qui fait qu'il est donc difficile d'établir toute complémentarité entre les pays et donc des relations économiques mutuellement bénéfiques, ce qui prive la mise en œuvre de l'intégration économique d'un moteur pourtant nécessaire.
Comment résoudre les conflits d'intérêt au sein de l'UA est également un véritable casse-tête. Le président ougandais Yoweri Museveni a déclaré aux médias que, bien que l'UA ait la volonté de créer un continent unifié, le problème de la répartition inégale des avantages a un impact sérieux sur la mise en œuvre de l'intégration. Les difficultés rencontrées en 2012 lors de l'élection du président de la Commission de l'UA l'ont montré de façon particulièrement évidente. Lors des élections, la rivalité qui a alors opposé ces deux grands pays que sont l'Afrique du Sud et le Nigeria a montré que les pays africains de langue française et les pays africains anglophones ont semblé se scinder en deux camps rivaux.
Dans le même temps, l'implication active des Etats-Unis et des puissances européennes sous la bannière d'un nouvel interventionnisme est aussi un frein majeur à la renaissance africaine. Compte tenu que 60% du financement actuel de l'UA dépend principalement de l'aide extérieure, dans de nombreuses décisions sur les affaires africaines, l'Union Africaine ne peut toujours pas se débarrasser complètement des contraintes qui pèsent sur ses pays.
Bien que la route du continent africain vers la renaissance soit cahoteuse, les 50 années d'efforts soutenus de l'OUA / UA ont cependant fait que cette vision merveilleuse est progressivement devenue possible. Nous avons des raisons de croire que l'Afrique autrefois terre de désespoir est devenue un territoire plein d'espoir.
Le Quotidien du Peuple, Edition Outre-mer (30 mai 2013, 6e édition)