Le facilitateur de la crise guinéenne a dû gagner précipitamment Conakry, le lendemain de l'annonce faite par l'opposition, de se retirer du processus électoral.
Une fois sur place, Saïd Djinnit a entamé des consultations avec les parties prenantes au processus électoral, histoire d'arrondir les angles, au lendemain d'un scrutin législatif dont les résultats sont livrés au compte-gouttes.
C'est ainsi qu'il a présidé le samedi dernier, la 16ème réunion du Comité de suivi de l'Accord du 3 juillet sur l'organisation des élections législatives. La réunion a porté sur le déroulement du scrutin, ainsi que le décompte des résultats.
Au terme des travaux, Saïd Djinnit s'est fendu d'une déclaration dans laquelle, il a au nom du Comité de suivi affirmé que dans "l'esprit du dialogue qui a prévalu tout au long du processus électoral, il est essentiel de maintenir le calme dans la période actuelle et dans les jours qui suivront la proclamation des résultats".
Le diplomate onusien a fait savoir que "le Comité de suivi a demandé instamment à la CENI de prendre toutes les mesures appropriées, dans le cadre des dispositions qui la régissent, pour mener à terme, dans la plus grande transparence et en présence des partis politiques, l'établissement des résultats complets de ces élections, en vue de leur publication le plus rapidement possible. "
Il a indiqué aussi que "dans un souci de plus grande transparence, le Comité a demandé à la CENI de communiquer largement sur les anomalies qu'elle a eu à connaître dans le processus de remontée des procès-verbaux des Commissions Administratives de Centralisation des votes".
Ce lundi, en principe, une réunion de communication et d'information, à laquelle est conviée la CENI par le Comité de suivi devrait se tenir, en vue "d'apporter toutes clarifications souhaitées par les partis politiques autour du processus de décompte des résultats".
De son côté, l'opposition guinéenne devrait déterminer ce même lundi sa position vis-à-vis de l'appel du facilitateur, qui recommande de recourir aux voies légales, en cas de contentieux électoral.
Une réponse positive de l'opposition à cette demande de M. Djinnit pourrait remettre les pendules à l'heure, au niveau de cette dernière ligne droite de la transition.
Cellou Dalein Diallo, chef de file de cette opposition et ses pairs ont ainsi décidé de se réunir cet après-midi, au quartier Lambagny, dans la haute banlieue de Conakry, pour coordonner leur point de vue, face à la démarche entreprise par la communauté internationale, selon une source proche de l'opposition.
Le conseil national des organisations de la société civile guinéenne (CNOSC-G) n'est pas non plus indifférent à cette situation de crise postélectorale, comme elle l'a fait savoir dans une déclaration publiée samedi. Dans sa déclaration, le conseil a invité la CENI à "analyser toute décision pouvant avoir un effet sur le décompte des voix en particulier et la manifestation de la volonté des choix des citoyens en général".
Il faut rappeler que pour motiver sa demande d'annulation du scrutin, l'opposition guinéenne par accusations proférées contre le pouvoir portant sur "des bourrages d'urnes, des falsifications et substitutions de procès-verbaux de dépouillement, des omissions importantes d'électeurs, des rétentions de cartes électorales".
L'opposition à travers son porte-parole Aboubacar Sylla cite également "des interférences des membres du gouvernement et de hauts officiers de l'armée dans la collecte et la centralisation des votes".
Des accusations balayées d'un revers de la main par la mouvance présidentielle, qui, à travers le ministre secrétaire général de la présidence Kiridi Bangoura cite des cas de "fraudes" dans les circonscriptions de Boké et Lola, au détriment du RPG-arc- en-ciel.
"Nous allons nous pourvoir encore une fois pour qu'on annule certains bureaux de vote et certaines circonscriptions si nous arrivons à en avoir des preuves des défections et des anomalies enregistrées par voies de fraudes. Des fraudes ont été organisées de façon systématique dans certaines circonscriptions", a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse la semaine dernière.
Dans ce climat de tension, le diplomate onusien doit pouvoir user de tact, pour sauver le scrutin législatif, qui mettra un terme à la transition du pays. Y parviendra-t-il ? Attendons de voir.