Plus d'une semaine après son démarrage effectif, le dialogue national déclenché en Tunisie pour sortir de la crise politique vient d'être suspendu, a annoncé tard dans la nuit de lundi à mardi le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du Travail (UGTT) Houcine Abassi qui conduit le quartette parrainant ce dialogue.
"Le dialogue national a été suspendu et reporté à une date ultérieure à cause de l'échec des partis participants à trouver un accord" sur le nom du futur chef du gouvernement, a regretté M. Abassi.
Porte-parole officiel du dialogue national, M. Abassi a précisé que suite à cette décision, le quartette "poursuivra ses manœuvres visant la reprise rapide des concertations et la réussite des assises du dialogue". Sinon, a-t-il averti, "les responsables de cet échec seraient dévoilés publiquement".
"Nous ne sommes pas responsables de ce qui peut arriver après la prise de cette décision", a déclaré M. Abassi s'exprimant au nom du quartette de médiation comportant outre la centrale syndicale (UGTT), la centrale patronale (UTICA), l'Ordre des avocats et la Ligue des droits de l'Homme.
"En tant que quartette, a-t-il ajouté, nous ne sommes pas prêts à poursuivre le dialogue en pareille atmosphère dépourvue de l'esprit consensuel." D'après-lui, certains partis politiques "n'ont pas été engagés dans la réussite du dialogue national".
"Nous avons pris la même distance de tous les partis (...) à moins que nombreux partis ont essayé de contrecarrer le dialogue", a encore commenté le patron de la puissante centrale ouvrière tunisienne.
Le délai préliminaire pour annoncer officiellement le nom du prochain Premier ministre tunisien qui sera à la tête d'un "cabinet de compétences nationales" a été fixé pour samedi passé. Toutefois, les différents partis politiques n'ont pas trouvé un terrain d'entente en la matière. D'où un ultimatum de 36 heures, encore une fois dépassé.
Le principal point de litige derrière la décision de suspendre le dialogue national n'est autre, selon les coulisses des réunions déjà conclues, que le choix sur l'un de deux principaux candidats à la présidence du gouvernement en l'occurrence Ahmed Mestiri favori du parti islamiste Ennahdha (majoritaire au pouvoir) et de l'un de ses deux alliés, le Forum démocratique pour le Travail et les Libertés et Mohamed Naceur, candidat du Front de la salut national, principale alliance de l'opposition.