En visite éclair mardi soir à Bangui en provenance d'Afrique du Sud où il a pris part à la cér émonie d'hommage solennel à Nelson Mandela à Soweto, le président français François Hollande a rencontré « pendant une heure et demie » l'ex-chef rebelle et président par intérim Michel Djotodia, rapporte mercredi matin à Xinhua la présidence centrafricaine.
L'entretien, qui n'est cependant pas rapporté par les médias français, a été l'occasion pour le nouveau maître de Bangui qui rencontrait son hôte français pour la première fois depuis sa prise du pouvoir le 24 mars de parler avec celui-ci « de tout et de rien », a résumé par un propos vague Guy Simplice Kodégué, porte-parole de la présidence joint par Xinhua dans la capitale centrafricaine.
« C'était un très long entretien, qui s'est déroulé dans une atmosphère de sérénité et de calme. Ça a permis de mettre les points sur les « i ». Beaucoup s'imaginaient que la venue de Franç ois Hollande, c'était pour demander au président de laisser le pouvoir. Il n'en est rien. C'est d'ailleurs le président qui a demandé l'arrivée de l'armée française », a affirmé M. Kodégué.
Ces propos sont comme destinés à contrecarrer les commentaires suscités par une déclaration faite à la presse par le président français en fin de semaine dernière et dans laquelle il indexait le président par intérim centrafricain pour « n'avoir pu rien faire » ou d'« avoir laissé faire » dans les exactions de ses ex- rebelles à Bangui et d'autres villes centrafricaines.
François Hollande, arrivé à Bangui au lendemain de la mort de deux jeunes soldats français lors d'un violent accrochage avec des individus armés lundi soir, avait alors clairement indiqué que Michel Djotodia ne méritait pas d'être considéré comme un interlocuteur dans la crise centrafricaine et devait être écarté avant la tenue de nouvelles élections démocratiques dont la dé signation du futur président.
Tout en se réjouissant de l'entrevue entre les deux hommes mardi soir à Bangui, le pouvoir centrafricain ne manque cependant pas de s'offusquer des incidents provoqués par le désarmement des groupes armés et des milices entrepris lundi par l'armée française, une opération ayant donné lieu à des échanges de tirs avec des hommes armés, des scènes de pillages et des règlements de comptes marqués de tueries.
Pour Guy Simplice Kodégué, la question du désarmement des ex- rebelles « ne se pose plus. C'est la méthode qui fait problème. Il y a eu des ratés le premier jour (du désarmement). On récupère des gens, on les désarme et ils sont jetés à la vindicte populaire. Il y a des morts, plus de 16 morts, rien qu'au cours de la première journée. »
Le porte-parole de la présidence centrafricaine fait savoir que cette opération « n'est pas du seul ressort de l'armée franç aise, qui est là pour appuyer les forces de défense et de sécurité centrafricaines. Désormais, ils (les Français) ne doivent pas travailler seuls. C'est ce qui a été demandé ».
Mais alors que l'annonce d'une reprise des patrouilles de gendarmerie suspendues mardi, le patron de ce corps, le colonel Michel Narkoyo, dément. « On n'a pas repris, c'est du mensonge. Nous sommes à la caserne. On ne nous a pas autorisés à sortir », a soutenu l'ex-porte-parole de l'ex-coalition rebelle de la Séléka qui a porté Michel Djotodia, son ex-leader, au pouvoir.
Il est clair que la tâche sera ardue pour l'armée française en déploiement suite à une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu de désarmer les ex-rebelles de la Séléka et les autres groupes arm és actifs dans le pays, tels que les groupes d'autodéfense villageois communément appelés anti-Balakas (anti-machettes).
Pour la réussite de cette opération, M. Kodégué prône une mobilisation générale faisant appel « à chaque acteur de la vie nationale. Il faut beaucoup de travail de communication, il faut que tout le monde s'y engage, que les gens se parlent. La transition, c'est tout le monde ».
De sources concordantes, la tension reste vive à Bangui.