Le Soudan du Sud est confronté à la plus sévère crise depuis le 15 décembre, date à laquelle les combats ont éclaté entre les soldats fidèles au président sud-soudanais Salva Kiir et les partisans de l'ancien vice-président Riek Machar, limogé en juillet et accusé par le chef de l'Etat d'être derrière une tentative de coup d'Etat.
Depuis le déclenchement des combats, environ 500 personnes ont été tuées à Juba, la capitale sud-soudanaise. Les conflits ont entraîné une crise humanitaire, forçant les étrangers à fuir le pays et près de 20.000 civils à chercher l'asile dans le complexe des Nations Unies à Juba.
Selon le le Comité international de la Croix-Rouge, il est alarmé par les actes de violence contre des civils qui se seraient produits ces derniers jours au Soudan du Sud. "Nous sommes extrêmement préoccupés par les rapports qui font état à la fois d'assassinats ciblés de civils et de mauvais traitements", a déclaré dimanche Melker Mabeck, chef de la délégation du CICR à Juba.
Par ailleurs, quatre soldats américains ont été blessés samedi dernier lorsque leur avion a été touché par des tirs au sol, au Soudan du Sud, lors d'une mission visant à évacuer des citoyens américains à Bor, après que des attaques ont été perpétrées contre une base de la mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) jeudi dernier, au cours desquelles deux Casques bleus et une vingtaine de civils ont été tués.
RAISONS PROFONDES DES TROUBLES
Les différends au sein du gouvernement sud-soudanais ont joué un rôle important dans la dégradation de la situation, cependant, selon des analystes, il existe des raisons plus profondes expliquant les troubles dans le pays.
L'analyste politique soudanais Al-Baqir Hassan a annoncé au journaliste de l'Agence de presse Xinhua que la situation au Soudan du Sud était "extrêmement dangereuse" et que les dirigeants faisaient actuellement face à "la plus sévère épreuve" depuis l'indépendance du pays en 2011.
Selon lui, l'un des problèmes majeurs provient du fait que le jeune pays manque d'expérience en termes d'administration.
Au cours de l'histoire, jusqu'au 9 juillet 2011, date à laquelle le Soudan du Sud a fait sécession avec la République du Soudan, le pays a été sous l'influence du Royaume Uni, de l'Egypte puis de la République du Soudan. En raison de ces influences et avec plus de 90% de la population analphabète, le Soudan du Sud n'a pas eu beaucoup d'occasions d'apprendre et de mettre en pratique les expériences en matière d'administration.
Un autre problème majeur à la base des conflits dans le pays est celui des groupes ethniques.
Le Soudan du Sud est un pays de communautés multiples, dont aucune n'a de majorité absolue. Les Dinka, communauté la plus peuplée, parmi laquelle figure le président Salva Kiir, compte environ 15% de la population sud-soudanaise qui comprend près de 10 millions de personnes.
Par ailleurs, l'analyste politique a indiqué que le gouvernement a un contrôle limité sur l'armée.
La rivalité politique entre les deux partis se double de la dimension ethnique. En raison des différends entre les groupes ethniques, les soldats de l'armée se retournent les uns contre les autres et s'entretuent, comme cela s'est produit le 15 décembre au sein de la garde présidentielle. Les Dinkas sont majoritaires dans les troupes déployées à Juba, tandis que dans les régions éloignées, surtout dans le nord du pays riche en pétrole, la communauté du président perd l'avantage et d'autres groupes ethniques prennent place dans les troupes de l'armée.