La situation sécuritaire dans les Etats du nord du Nigeria ne montre aucun signe d'amélioration, près de 100 personnes ayant péri dimanche dans des attaques menées par Boko Haram dans les Etats de Borno et d'Adamawa.
Des hommes armés soupçonnés d'appartenir à Boko Haram ont lancé une attaque contre l'église d'un village pendant la prière du matin dans l'Etat d'Adamaoua, tuant 22 personnes et rasant plusieurs maisons.
Au cours d'une autre attaque, perpétrée sur un marché de l' Etat de Borno, les assaillants ont utilisé des explosifs et des armes à feu, tuant environ 85 personnes.
Dans la région de Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno, les attaques menées par des hommes armés soupçonnés d'appartenir à Boko Haram ont déjà fait pas moins de 200 morts depuis le début du mois.
Des milliers de personnes ont fui la zone et des centaines de villages ont été attaqués depuis que Boko Haram a lancé son insurrection il y a quatre ans au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique.
Les Etats d'Adamaoua, de Borno et de Yobe (nord) sont en état d'urgence depuis mai 2013. Selon les chiffres des Nations Unies, plus de 1.200 personnes ont été tuées dans les violences liées à l'insurrection depuis que l'état d'urgence a été décrété.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a déclaré vendredi que 6.000 personnes ont fui les violences dans le nord du pays ces des dix derniers jours pour se rendre au Cameroun et au Niger voisins.
REACTIONS DU GOUVERNEMENT
Les deux attaques ont eu lieu à peine dix jours après que le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, a renvoyé son haut commandement militaire. Les chefs de l'armée de terre, de la marine et de l'armée de l'air ont tous été remplacés.
Le maréchal de l'Air Alex Badeh succède à l'amiral Ola Ibrahim au poste de chef d'état-major, le poste le plus élevé de l'armée. S'exprimant à l'issue de sa cérémonie d'investiture à Abuja, la capitale du Nigeria, Alex Badeh a déclaré que les attaques dans le nord-est devront cesser définitivement avant avril.
Ces deux derniers mois, les forces nigérianes ont mené des raids contre les camps d'activistes et ont mené des attaques aériennes et terrestres contre leurs repaires présumés.
Le 30 décembre, au moins 63 combattants de Boko Haram ont été tués dans des raids de l'armée nigériane suite à une attaque perpétrée avant l'aube par les activistes contre une caserne dans la ville de Bama. Deux semaines avant les raids, plus de 50 membres de Boko Haram avaient été tués lors d'une fusillade avec les troupes au sol.
Une équipe commune d'enquête mise en place par la direction de la Défense a récemment demandé le procès immédiat de plus de 500 suspects de Boko Haram arrêtés au cours d'opérations de sécurité lancées contre les terroristes dans les Etats de Yobe, de Borno et d'Adamaoua, a indiqué l'armée.
Le directeur de l'information de la Défense, Chris Olukolade, a déclaré dans un communiqué que les suspects figurent parmi les quelque 1.400 détenus repérés par l'équipe d'enquête entre juillet et septembre 2013.
La semaine dernière, les participants à un forum des gouverneurs des Etats du Nord a également chargé les services de sécurité de mettre fin à l'assassinat de citoyens sans défense, en particulier dans la région du Nord-Est. Les participants au forum ont appelé les agences de sécurité à redoubler d'efforts pour s'assurer que les personnes qui commettent des violences dans la région soient traduites en justice.
APPROCHE DES ELECTIONS
La Commission électorale nationale indépendante (CENI) est confrontée à un test et à un défi sans précédent dans la conduite des élections générales de l'année prochaine dans les trois Etats, compte tenu de situation actuelle.
Le mois dernier, le président de la commission, Atahiru Jega, a déclaré que les élections n'auraient pas lieu dans les Etats touchés, sauf si l'état d'urgence actuellement en vigueur se termine avant 2015.
M. Jega a fait savoir que si la Commission insiste pour mener les élections dans ces lieux non sûrs, non seulement les élections ne seront ni libres ni justes mais elle seront également perturbées.
S'adressant aux journalistes vendredi à Katsina après avoir commandé des projets au Collège NSCDC pour la paix, la sécurité et la gestion des catastrophes vendredi, le ministre de l'Intérieur, Abba Moro, a dit que le gouvernement soutiendra la tentative d'Alex Badeh de mettre fin à l'insurrection d'ici avril.
Il a déclaré avoir bon espoir de voir le haut commandement militaire nouvellement reconstitué utiliser des méthodes modernes et des techniques nouvelles pour régler le problème sécuritaire dans le pays.