Les différents organes de médias djiboutiens viennent d'adopter un plan d'action pour la période 2014-2015 pour amplifier la sensibilisation contre les mutilations génitales féminines (MGF), à l'issue d' un atelier de trois jours tenu cette semaine.
Plusieurs axes stratégiques sont envisagés dans ce plan d' action, dont notamment la mobilisation des médias, la mobilisation sociale, l'éducation formelle et non formelle, les mesures d' accompagnement et le renforcement des capacités.
Dans le cadre de la seconde phase du programme conjoint djiboutien de lutte contre les mutilations génitales féminines, l' Union nationale des femmes djiboutiennes (UNFD) vient d'organiser en partenariat avec l'UNICEF et le comité national djiboutien d' abandon de toute forme d'excision, un atelier de formation destiné aux journalistes des médias locaux.
A Djibouti, les MGF ont été interdites par la révision du Code pénal du pays, entrée en vigueur en 1995. Le Code pénal prévoit également pour les personnes reconnues coupables de ces pratiques une peine d'emprisonnement de cinq ans et une amende d'un million de francs Djibouti.
Les MGF restent profondément encrés dans la tradition djiboutienne, notamment dans les milieux ruraux. Plus de 98% des enfants de sexe féminin âgées de 7 à 8 ans ou plus subissent l' excision ou l'infibulation, ou bien les deux.
Une enquête réalisée par le Comité national de lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes (CNPLTN) montre que 82% des femmes ont subi des MGF.
Le combat des autorités djiboutiennes contre les MGF ne date pas d'hier et Djibouti figure parmi les pays les plus en avance en matière de mise en vigueur de mécanisme institutionnel d'abandon des pratiques néfastes dont les MGF, avec la création du Comité national de lutte contre les pratiques traditionnelles néfaste, la signature de la Convention des droits de l'enfant, ainsi que la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
En 2008, Djibouti a initié le lancement du processus d' accélération de l'abandon des MGF à travers la mise en oeuvre du programme conjoint du Programme des Nations Unies pour la population (UNFPA) et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance ( UNICEF), qui a permis de former une coalition d'envergure avec l' engagement et la participation exclusive des institutions gouvernementales, des leaders religieux et communautaires pour un abandon total de toutes formes d'excisions.
En 2009, l'adoption d'une nouvelle loi à l'Assemblée nationale djiboutienne permet aux associations oeuvrant dans la lutte contre les MGF de se porter partie civile en lieu et place des victimes n' étant pas en mesure de recourir à la justice.
Conscient que les savants religieux ont également un rôle primordial à jouer dans un pays qui reste de confession musulmane à 100%, Djibouti a publié, en juin 2013 et avec le soutien du FNUAP, son premier guide destiné aux imans et autres prédicateurs de la foi islamique dénonçant les pratiques des MGF.
Selon le ministère djiboutien de la Promotion de la Femmes, l' ensemble de ces mesures législatives et les actions de sensibilisation entreprises jusqu'à là ont fait reculer le taux de prévalence des MGF de 93 à 78%.
Pour l'UNFD, si ces différentes actions ont enregistré des résultats très appréciables dans le changement de comportement social, vu l'ancrage ancestral de la pratique des MGF, il s'avère encore utile de solliciter les concours de toutes parties concernées d'une façon plus accrue pour atteindre l'objectif fixé: l'abandon de tous types des MGF, sunna, excision, infibulation ou autres sur toute l'étendue du territoire national.
Selon l'UNFPA, chaque année, plus de trois millions de femmes et de filles affrontent le risque des mutilations et ablation génitales.