Dernière mise à jour à 08h39 le 04/12
Le 2e sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), organisé vendredi et samedi à Johannesburg, devrait engendrer de nombreux bénéfices pour les deux parties, estiment des analystes sud-africains.
Ralph Mathekga, directeur de l'économie politique à l'Institut de réflexion stratégique Mapungubwe, un think tank sud-africain, dit souhaiter que ce sommet, auquel participe le président chinois Xi Jinping, resserre les liens et stimule les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique.
La Chine pourrait soutenir les pays africains dans divers domaines, notamment dans l'éducation, l'innovation, le transfert des compétences et le renforcement des capacités, rappelle-t-il dans un entretien à Xinhua.
Pour l'analyste, l'aide et le soutien que la Chine accorde à l'Afrique pourrait être différentes de celles de l'Occident.
"L'Afrique s'est vue imposer depuis longtemps des conditions défavorables de la part du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM). Elles incluent des droits de douane qui se sont transmis via l'aide occidentale et qui ne sont pas dans l'intérêt de l'Afrique. Nous nous attendons à ce que la Chine agisse autrement. De fait, il est dans son intérêt de le faire", dit-il.
"La Chine dispose d'un excédent de capitaux, de liquidités, d'expérience dans les infrastructures et de financements lui permettant de libérer l'Afrique des institutions financières occidentales", juge M. Mathekga.
Il propose ainsi aux pays africains d'agir de concert lors de leur coopération avec la Chine. "Je m'attends à des engagements multilatéraux et bilatéraux forts lors du sommet et en matière de partenariats commerciaux. L'Afrique n'est pas un pays, elle n'est pas monolithique et elle a des intérêts divers avec la Chine, qui est un géant économique", relève le chercheur pour qui la coopération entre les deux parties est fondée sur le respect et les avantages mutuels.
Ce point de vue est partagé par certains responsables du gouvernement sud-africain qui ont déclaré à plusieurs reprises que l'Afrique et la Chine étaient des partenaires égaux dotés du même pouvoir de négociation.
Vice-ministre en charge des Relations internationales et de la Coopération, Nomaindiya Mfeketo a ainsi déclaré mardi que les pays africains souhaitaient que la Chine aide les entreprises africaines à entrer sur le marché chinois.
Gideon Chitanga, chercheur au Centre d'étude sur la démocratie à l'Université de Johannesburg, pense que le sommet du FCSA offre d'importantes opportunités pour les affaires et la politique. "Pour la première fois, le sommet du FCSA se tient en Afrique et les Africains sont désireux de tirer profit de ce rendez-vous pour décrocher des accords mutuellement bénéfiques", dit-il.
La Chine entretient des liens historiques avec les mouvements de libération africains qui datent de la lutte pour l'indépendance dans les années 1950. Le moment est aujourd'hui propice pour cultiver une coopération mutuellement bénéfique entre les deux parties, estime M. Chitanga.
Le chercheur ajoute qu'il existe encore un énorme potentiel commercial entre la Chine et l'Afrique. Cette dernière compte plus d'un milliard d'habitants, avec une structure démographique caractérisée par une population généralement plus jeune et une classe moyenne dynamique en terme de pouvoir d'achat, ce qui donne des marchés à long terme qui doivent encore être évalués et exploités correctement, rappelle-t-il.
Par ailleurs, M. Chitanga souhaite que la Chine facilite un processus de renouvellement politique et institutionnel des sphères dirigeantes africaines, les aidant à lutter contre la corruption et à améliorer l'efficacité économique, jetant les bases d'une coopération mutuellement bénéfique.
Gideon Chitanga conseille également à la Chine de s'impliquer plus profondément auprès des sociétés civiles et des communautés en Afrique, afin de s'assurer que les Africains ordinaires comprennent ce que la Chine représente.