Dernière mise à jour à 16h57 le 01/06
En Guinée, la vulnérabilité des enfants âgés de moins de 10 ans constitue une préoccupation nationale tant pour le gouvernement que pour les partenaires étrangers et les acteurs de la société civile guinéenne.
Et pour cause, le phénomène de viol des enfants notamment des filles, le trafic des enfants, la disparition ou la séquestration des enfants sont entre autres menaces qui planent sur cette couche fragile et non protégée dans le milieu social guinéen.
Des études menées sur la protection et le respect des droits des enfants par des ONG locales ou des institutions chargées de la protection de la petite enfance dénotent des situations assez alarmistes eu égard aux difficultés dont sont confrontés les enfants dans le pays.
Dans une interview accordée à Xinhua à l'occasion de la Journée internationale des Enfants (le 1er juin), le directeur de l'Office de la protection du genre, de l'enfance et des moeurs du ministère de la Sécurité Fanta Oulen Bakary Camara, a déclaré que son service est chargé particulièrement de la protection des enfants à tous les niveaux.
Dans un rapport récapitulatif, le directeur de l'office a dit que durant les trois dernières années (2013, 2014, 2015), 251 cas de viol sur des filles mineurs ont été enregistrés contre 92 cas d'enlèvement d'enfants et 164 cas d'abandon d'enfants.
Les coups et blessures sur enfants sont estimés à 226 cas, contre 18 cas d'enfants disparus, 34 cas de détournements de mineurs et 22 cas de maltraitances, dont 10 cas de traite d'enfants et 184 cas de violences physique sur des enfants mineurs.
Grâce à la synergie d'action entre les autorités et les organisations non gouvernementale (ONG) chargées de protéger les enfants, 18 enfants ont été placés sous protection de certaines ONG locales.
Au niveau de la direction nationale de l'enfance relevant du ministère de l'Action sociale, de la Promotion féminine et de l'Enfance, la situation de viol des enfants de janvier à mai 2016 indique que la région administrative de Mamou (située à plus de 300 km à l'est de Conakry) enregistre le plus de cas avec 20 cas de viol.
La région de Faranah (plus de 500 km au centre de la Guinée) dispose de 7 cas de viol suivi des régions de Labé avec 5 cas et de N'Zérékoré à l'extrême sud du pays à près de 1 000 km, avec 5 cas.
Selon Akoye Guilavogui, chef service suivis et protection de l'enfance, sur les 46 cas enregistrés durant les cinq mois de l'année 2016, 60% des cas de viol ont été effectués sur des enfants de moins de 5 ans.
Rencontré par un correspondant de Xinhua à la veille de la Journée internationale des Enfants, M Guilavogui a précisé que le viol des enfants est un véritable crime qui peut engendrer des conséquences assez graves sur l'épanouissement de la couche juvénile.
Ce fléau dit-il, peut entraîner des conséquences sur le plan sanitaire, psychologique et social avec la stigmatisation des victimes dans leur environnement de vie.
Pour lutter contre ces tares de la société, le ministère en charge des enfants s'emploie à la formation et à la sensibilisation des acteurs sociaux, des partenaires et aussi des familles sur l'importance de protéger les enfants, tant dans le milieu urbain et rural.
Pour ce faire, un mécanisme communautaire de remontée des informations sur les cas de viol et de tous autres abus sur enfants a été mis en place afin d'impliquer les familles communautaires à la base.
"La solution contre les menaces des enfants passera par une convergence de vue entre les acteurs", dans le but de réussir une solution durable sur le plan de la santé des enfants, de leur éducation et de leur réinsertion sociale dans les composantes de la vie sociale guinéenne, a expliqué M. Guilavogui.
Compte tenu du fait que les abus sur les enfants sont des phénomènes sociaux et culturels, les mécanismes de prévention doivent également prendre en compte les dimensions sociales, culturelles et même anthropologiques.
"Nous faisons en sorte que les familles elles-mêmes s'approprient des mécanismes de prévention conformes à leur mode de vie", a-t-il dit.
M. Guilavogui a estimé que la protection des enfants signifie aussi le respect des droits des enfants à la santé, à la nutrition, à l'éducation et à la protection.
"Un enfant qui ne mange pas à sa faim, qui n'est pas soigné, ou qui n'est pas éduqué n'est pas un enfant protégé", a-t-il déclaré.
Sur cette problématique des enfants, l'adjudant-chef Ibrahima Sory Camara, Commandant de la brigade de recherche de la gendarmerie de Dukréka (à près de 50 km de Conakry) et point focal protection des enfants, a déclaré que les cas de viol sur les mineurs sont récurrent ces derniers temps en Guinée.
Et c'est pourquoi a-t-il affirmé, la gendarmerie nationale a créé une division chargée de la protection des enfants et dont la compétence s'étend sur le territoire national.
Dans le but d'élargir et de consolider les notions relatives à la protection des enfants en Guinée, la gendarmerie nationale a instauré des modules dans le cursus de formation de toutes les promotions de gendarmes inscrites dans les centres d'instructions.
Cette stratégique a permis de former plus de 2.000 gendarmes qui sont déployés dans les différentes brigades à travers le pays pour s'occuper des cas de enfants.
Ladite formation est enseignée au même titre que les doctrines militaires dans les écoles de gendarmerie guinéennes, a précisé notre interlocuteur.