Dernière mise à jour à 08h38 le 08/12
Les autorités politiques et militaires sénégalaises ont exprimé, durant le troisième Forum de Dakar sur la paix et la sécurité, leurs inquiétudes sur le retour au bercail de jeunes djihadistes partis en Libye, au Nigeria ou en Syrie.
S'exprimant mardi soir lors d'un panel des Chefs d'Etat, le président sénégalais Macky Sall a affirmé que le Sénégal est confronté au retour de jeunes djihadistes partis en Libye, au même titre que "beaucoup de pays".
"Pour le retour des djihadistes, beaucoup de pays sont confrontés à ce fléau. Le Sénégal est lui-même concerné par les jeunes venus de Libye. D'autres sont rentrés et ont été arrêtés au Niger avec des interactions avec Boko Haram", a-t-il dit.
Avant le président Sall, son chef d'état-major, le général Cheikh Guèye, a révélé, durant une conférence, qu'un groupe de Sénégalais a subi une formation au niveau de Boko Haram avant d'envisager de créer une cellule terroriste au Sénégal.
Il a soutenu que des Sénégalais, ayant combattu en Syrie et d'autres ayant été pris au piège de l'immigration en Lybie, pourraient être enrôlés par les djihadistes et revenir au pays pour mettre en pratique leur savoir-faire terroriste déjà acquis.
"C'est à dire que le Sénégal a une claire intelligence des enjeux de la menace terroriste devenue globale et internationale", a poursuivi le général Guèye.
Le journal l'Observateur (privé) a affirmé mercredi, que plusieurs combattants sénégalais, sans donner ni sa source, ni leur nombre, se sont engagés dans des groupes terroristes au Nigeria et en Lybie.
Le président Sall a pour sa part fait état de plusieurs binationaux sénégalais qui ont rejoint à partir de Dakar, les bastions de l'Etat islamique en Syrie et en Irak en passant par la Turquie.
"Il appartient aussi à chaque pays de faire l'effort national de lutter contre le laxisme qui consiste à banaliser les faits en disant qu'après tout, ce sont des nationaux. Ce sont certes des nationaux mais qui, une fois leur dessein accompli, nous conduiront vers des drames", a fait valoir le président sénégalais.
Il a prôné "des luttes sans merci", conseillant de ne pas "faiblir" dans ce combat.
"Nous avons engagé ce travail et nous allons le poursuivre sur tous les fronts", a prévenu le président sénégalais.
"Nous avons renforcé notre corpus juridique pour l'adapter à la menace terroriste pour qu'il y ait un arsenal global répressif, mais aussi dans la procédure contre le terrorisme, le code pénal a été modifié pour tenir compte de l'aspect spécifique de lutte contre le terrorisme", a signalé Macky Sall.
Il s'agira, selon lui, de continuer à coopérer avec les services de sécurité aussi bien africains qu'européens et américains, magnifiant au passage la coopération sécuritaire internationale.
"Les services travaillent ensemble, il nous faut accélérer le processus d'institutionnalisation de la carte d'identité biométrique sur l'ensemble du continent, afin que les passages aux frontières soient mieux maîtrisés et les échanges d'information entre services, plus performants", a préconisé le président sénégalais.
Pays à 95% musulmans, le Sénégal n'a jamais connu d'attaques terroristes. Mais un imam et enseignant d'histoire a été condamné en juin pour apologie du terrorisme, et plusieurs personnes accusées de djihadisme sont en détention préventive à Dakar.