Dernière mise à jour à 15h23 le 24/12
Un vaccin développé au Canada contre le virus Ebola s'est avéré extrêmement efficace dans un essai clinique à grande échelle, ouvrant la possibilité que les futures épidémies de la maladie puissent être contenues avec succès. Les essais, conduits par l'Organisation mondiale de la santé, ont eu lieu en scène en Guinée, un pays ravagé par l'épidémie d'Ebola qui a balayé l'Afrique de l'Ouest en 2014-2015.
Dans un article publié jeudi dans la revue médicale Lancet, l'équipe d'étude a constaté que pas une seule parmi les milliers de personnes qui ont reçu la vaccination dès qu'elles ont été identifiées comme étant à risque d'exposition n'a été finalement infectée par Ebola. En revanche, un groupe témoin qui a reçu le vaccin après une période d'attente de trois semaines a produit 23 infections. Marie-Paule Kieny, directrice générale adjointe de l'OMS pour les systèmes de santé et l'innovation, a indiqué que le vaccin, appelé rVSV-ZEBOV, serait probablement efficace à plus de 80% lorsqu'il sera déployé dans toute une population. « Nous pourrions très bien avoir un vaccin qui nous permettra de contrôler n'importe quelle flambée », a déclaré le Dr Kieny dans une interview à Genève.
Le vaccin ne devrait être efficace que contre la souche Zaïre du virus responsable de plus de 11 300 décès en Afrique de l'Ouest depuis la fin de 2013, la pire épidémie d'Ebola de l'histoire. Un vaccin parallèle est encore nécessaire pour la souche Soudan, qui est plus répandue en Afrique de l'Est. L'essai clinique, qui a débuté en mars 2015, marque la première fois qu'un vaccin contre Ebola a franchi les obstacles nécessaires à l'approbation réglementaire. D'autres essais qui ont commencé à peu près au même moment ont échoué parce que les taux d'infection en Afrique de l'Ouest ont baissé trop rapidement d'ici à maintenant pour fournir des résultats statistiquement significatifs.
Pour surmonter le manque de nouveaux cas, l'équipe de l'OMS a donc adopté une stratégie de « vaccination en anneau ». L'approche a été conçue à l'origine pour aider à circonscrire les dernières poches de variole, ce qui a mené à son éradication en 1980. Lors des essais de l'OMS, seuls les individus qui ont été en contact étroit avec un nouveau cas d'Ebola, y compris les membres de la famille et les voisins, ainsi que les contacts de ces contacts, ont été vaccinés. Si les membres d'un groupe choisi au hasard en Afrique de l'Ouest pourraient avoir un risque minuscule de contracter Ebola, les personnes qui se trouvent dans le cercle de contacts autour d'un nouveau cas présentent un risque beaucoup plus élevé. Cela se traduit par un niveau de confiance plus élevé dans les résultats de l'essai. « C'était une étude brillante, compte tenu des circonstances », a déclaré Frank Plummer, professeur à l'Université du Manitoba et ancien directeur général scientifique du Laboratoire national de microbiologie à Winnipeg.
Le Dr Kieny a néanmoins souligné qu'il reste encore du travail à faire sur le vaccin, y compris en établissant combien de temps il conserve son efficacité. Ce sera la clé pour les travailleurs de la santé dans les zones à haut risque, qui peuvent être amenés à dépendre du vaccin pour leur propre protection. Mais, à tout le moins, le spectre d'une autre épidémie d'Ebola incontrôlée recule. Avec une remarque inhabituellement expressive pour un article scientifique, le titre de l'étude de l'OMS contient un clin d'œil au désir intense des chercheurs de mettre un tueur terrifiant à genoux : « Ebola, ça suffit ! ».