Dernière mise à jour à 13h09 le 08/08
Des jeunes sud-soudanais qui ont été déchirés par plus de trois ans de guerre civile se servent de la musique, de la poésie, de la mode, du théâtre, de la comédie et de la danse pour promouvoir la paix et l'unité.
Un groupe de jeunes, appelé Ana Taban, qui signifie "Je suis fatigué", rassemble peintres, poètes, musiciens, créateurs de mode et caricaturistes qui utilisent les médias sociaux, l'art de la rue et parfois des spectacles publics au Soudan du Sud pour prêcher la paix et la non-violence.
"Je suis fatigué de tout ce qui se passe dans ce pays. Voyant d'autres mères en train de souffrir, leurs enfants mourir de faim alors qu'elles sont impuissantes. Cela m'a motivé à utiliser ma musique pour prêcher pour la paix et pour mettre fin à la violence contre les femmes", a déclaré Varna Joseph, une chanteuse pop de 30 ans.
La mère célibataire affirme que sa musique cherche à sensibiliser les gens sur leurs droits et sur la souffrance des personnes, en particulier des femmes.
"Autant que nous continuons à dire que nous sommes de cette région et vous de cette tribu et que vous êtes cette personne. N'oublions pas de travailler pour l'unité et la paix dans ce pays", a-t-elle déclaré. "Tant que nous travaillerons main dans la main, nous aurons le pays que nous voulons".
Le Soudan du Sud a plongé dans un conflit de plus de trois ans qui a fait un grand nombre de victimes dans le pays.
Un pacte de paix signé à Addis-Abeba en 2015 sous une intense pression internationale a été brisé suite à de nouvelles violences entre le gouvernement et les troupes d'opposition dans la capitale Juba en juillet 2016.
Le conflit s'est depuis propagé vers d'autres régions, qui ont connu une paix relative, obligeant quelques 3,5 millions de personnes à fuir leurs maisons. La polarisation ethnique et la violence tribale ont causé la mort des dizaines de milliers de personnes.
Luak Mathiang, un poète, a indiqué qu'il était motivé pour se joindre au groupe de campagne dirigé par les jeunes après avoir vu son pays englouti par la violence, la haine et les abus des droits de l'homme.
M. Mathiang a indiqué que ses poèmes portent sur des questions telles que les droits sociaux, la paix, l'économie et la politique.
"À travers les stylos, nous pouvons faire de grandes choses, non avec des armes à feu, non à travers des combats de poing, ni par des discours de haine", a souligné M. Mathiang. "Mais nous pouvons écrire vos griefs et comprendre la situation dans laquelle vous-vous retrouvez".
Alors que le groupe Ana Taban a célébré son premier anniversaire vendredi dernier, il a adopté un nouveau slogan de campagne, "Kojoron Fadi", qui signifie "Casserole vide".
Meen Mabior Meen, chanteur et coordinateur avec Ana Taban, a déclaré à Xinhua que le nouveau slogan représente la situation actuelle de la faim, de la violence et des déplacements de masse au Soudan du Sud.
"Au Soudan du Sud, nous sommes conscients des tueries et de la souffrance sous de nombreuses formes, que ce soit par la faim ou par le viol", a précisé M. Meen. "Toutes ces atrocités qui se produisent, toutes ces choses nous ont fatigué, car personne ne veut les voir se passer dans notre pays".
Malgré les défis auxquels le groupe est confronté, M. Meen a indiqué qu'ils continueraient à éduquer les gens et à parler aux Sud-Soudanais à travers les différentes plates-formes qu'ils utilisent, en appelant les jeunes sud-soudanais à adopter l'esprit de tolérance et d'éviter la violence.
"Les jeunes doivent utiliser leur force et leur pouvoir pour défendre la paix. Même pour les jeunes qui se battent maintenant, s'ils décident de déposer leurs armes et de dire "nous sommes pour la paix", je pense qu'il n'y aura personne à utiliser dans les combats", a-t-il préconisé.
"Il est temps pour tous les jeunes de dire "nous sommes pour la paix" et les autres suivront.