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Tunisie : sept ans après la Révolution de jasmin, la crise demeure

Xinhua | 15.01.2018 08h43

Sept ans après la Révolution de jasmin de 2011 contre Zine el-Abidine Ben Ali qui régnait presque 23 ans en Tunisie, des gens de ce pays d'Afrique du Nord sont sortis dans la rue ce dimanche pour traçer une mosaïque, qualifiée par certains manifestants, des plus contradictoires, vu le métissage entre émotions et regrets.

Une marche pacifique a eu lieu dans l'avenue Habib Bourguiba, principale artère de la capitale tunisienne, en commémoration du soulèvement populaire de l'hiver 2010-2011 et de l'exil de Ben Ali et sa famille le 14 janvier 2011.

Ahmed Ltaïef, étudiant en littérature, a regretté les "sept années de désespoir vu l'incapacité des actuels responsables de gérer les affaires du pays, en laissant voie libre aux réseaux de corruption pour ainsi ralentir et asphyxier l'économie du pays".

"Actuellement, on ne cesse de remarquer la dépendance de la décision nationale tunisienne aux dictées du Fonds monétaires international qui incite, entre autres, à la réduction des recrutements", a-t-il poursuivi.

Pour le dirigeant du Front populaire, principale alliance de l'opposition de gauche au Parlement, Zied Lakhdhar, "aucun progrès réel n'a été détecté" depuis 2011.

"Nous risquons d'en revenir à la case de départ avec un gouvernement qui ne réussit pas encore à trouver des solutions à la disparité régionale, à la marginalisation et à l'inégalité des chances de développement, outre le chômage qui franchi la barre de 15% actuellement", a-t-il souligné.

Cette marche fait suite à la vague de violences récemment signalées partout en Tunisie, notamment avec des heurts entre policiers et malfaiteurs, sur fonds de protestations sociales contre la flambée des prix, la détérioration du pouvoir d'achat et certaines mesures d'austérité dans la nouvelle loi des finances.

L'intervention des forces de l'ordre a contribué au rétablissement de l'ordre et du calme dans la plupart des provinces du pays depuis samedi dernier.

Le ministère tunisien de l'Intérieur a annoncé l'arrestation de plus de 800 individus impliqués dans des saccages et des actes de pillage.

Interviewé par Xinhua, l'ancien ministre tunisien des Affaires étrangères Rafik Abdessalem a affirmé que la destruction des biens publics et privés ainsi que les actes de pillage "ne peuvent jamais favoriser la relance économique ou encore la résolution des problèmes socio-économiques du pays".

Une année consacrée aux jeunes

Ce dimanche, le président tunisien Béji Caïd Essebsi a réaffirmé le droit de développement des jeunes, lors de l'inauguration d'une maison des jeunes au quartier d'Ettadhamen, une zone relativement démunie en banlieue nord-ouest de la capitale Tunis.

"Les jeunes ont le droit de dire que rien n'a changé et qu'il n'y a pas d'emploi", a-t-il reconnu dans son discours.

M. Essebsi à dévoilé à cette occasion que la Tunisie compte environ 620.000 chômeurs, dont 250.000 diplômés de l'enseignement supérieur. "Cette année sera donc consacrée aux jeunes", a-t-il conclu.

De son côté, M. Abdessalem a également insisté sur les principales priorités de l'actuel gouvernement pour l'exercice 2018, dont la promotion des investissements étrangers et la réanimation des investissements locaux, notamment ceux orientés vers les zones intérieures du pays, l'amélioration des conditions de vie, ainsi que la création de richesses génératrices d'emploi visant les jeunes, plus précisément les diplômés de l'enseignement supérieur et les jeunes issus de provinces défavorisées depuis une dizaine d'années.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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