Dernière mise à jour à 09h01 le 15/03
La première visite officielle en Afrique de Rex Tillerson en tant que haut diplomate américain s'est achevé avec son limogeage par le président américain Donald Trump, ce qui a laissé l'Afrique perplexe et dubitative face à la sincérité de la diplomatie américaine.
Alors que les pays africains n'ont toujours pas digéré les remarques de Trump les qualifiant de "pays merdiques", la visite de M. Tillerson dans cinq pays africains (Ethiopie, Djibouti, Kenya, Tchad et Nigeria) la semaine dernière était considérée comme un geste pour rétablir les relations entre les Etats-Unis et l'Afrique.
M. Tillerson voulait utiliser cette visite pour approfondir les partenariats des Etats-Unis en Afrique dans les domaines comme le contre-terrorisme, la paix et la sécurité ainsi que le commerce et les investissements. Mais cette perspective est devenue encore plus incertaine avec son limogeage.
Le journal kenyan The Standard a qualifié mercredi le limogeage de M. Tillerson de fin "dramatique" de son mandat de 14 mois dans un article qui a également fait remarquer le côté étrange de la visite de M. Tillerson en Afrique, car "malade", il a dû suspendre son itinéraire au Kenya et a réduit son voyage en Afrique en invoquant d'autres missions plus urgentes.
John Campbell, chercheur sur l'Afrique au Conseil des Relations étrangères, a déclaré à un média américain que le renvoi de M. Tillerson par M. Trump pourrait être interprété comme " un autre exemple du manque de respect de l'administration à l'égard de l'Afrique".
"Je ne sais pas comment les Africains vont le prendre", a commenté M. Campbell.
D'après les chercheurs chinois en relations internationales et sur l'Afrique, l'Afrique est marginalisée dans la politique étrangère de l'administration Trump et la situation ne devrait pas changer au cours de son mandat.
Cette marginalisation s'est illustrée par la réduction des aides étrangères consacrées à l'Afrique par M. Trump ainsi que le retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris, auquel les pays africains accordent beaucoup d'importance, a expliqué Li Wentao, de l'institut des études africaines aux Instituts des relations internationales contemporaines de Chine.
Liu Hongwu, chercheur sur l'Afrique à l'université normale de Zhejian, a estimé quant à lui que la visite de M. Tillerson en Afrique se caractérisait davantage par les formalités que par des résultats concrets.
Outre son annonce de 533 millions de dollars d'aides humanitaires pour l'Ethiopie et d'autres pays africains, M. Liu a expliqué que la visite de M. Tillerson en Afrique n'a pas énoncé de mesures spécifiques bénéficiant au continent africain.
Pour Abebe Aynete, chercheur à l'Institut éthiopien des Etudes stratégiques de relations étrangères, MM. Tillerson et Trump viennent du secteur des affaires et considèrent donc les relations entre les Etats-Unis et le reste du monde comme une transaction.