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La rhétorique du "piège de la dette chinoise", une tentative d'induire le monde en erreur avec des mathématiques puériles

Xinhua | 20.05.2021 08h45

Le récent déplacement virtuel du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken en Afrique s'est révélé être une nouvelle manœuvre politique visant à diffamer la Chine et miner la coopération florissante entre la Chine et l'Afrique.

Usant du même stratagème que ses prédécesseurs, M. Blinken a rabâché le vieux cliché du "piège de la dette chinoise", tentant ainsi d'induire le monde en erreur avec des mathématiques de niveau maternelle alors que ces calculs ont été réfutés par des responsables et experts africains.

DES MATHEMATIQUES PUERILES

"Si quelqu'un vient me dire qu'il va investir beaucoup d'argent dans mon pays mais que c'est un prêt, ça veut dire que j'aurai une dette que je devrai rembourser un jour et que si elle est trop élevée et que je ne peux pas la rembourser, alors il détiendra l'actif en question", a expliqué M. Blinken aux anciens élèves de l'Initiative pour les jeunes leaders africains lors d'une discussion virtuelle à la fin du mois d'avril, faisant référence aux prêts et investissements chinois sur le continent africain.

La rhétorique du piège de la dette de M. Blinken, qui ignore les chiffres réels reflétant les bénéfices apportés par la coopération Chine-Afrique, est caractérisée par des raisonnements erronés et des calculs simplistes.

"Si nous analysons la dette étrangère des pays africains, les institutions financières multilatérales et les créditeurs commerciaux détiennent plus des trois quarts du total et assument donc une plus grande responsabilité envers le désendettement", a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, lors d'une conférence de presse à la fin du mois de février.

"Aucun pays africain n'a eu de difficultés en matière de dettes en raison de sa coopération avec la Chine", a poursuivi M. Wang.

"Quand les pays africains rencontrent des problèmes économiques, la Chine est toujours prête à trouver des solutions adéquates par des consultations amicales. Nous ne faisons jamais pression sur les pays qui ont du mal à rembourser leurs dettes, sans même parler de leur faire signer des clauses de disparité", a-t-il souligné.

"Par ailleurs, la Chine accorde une grande importance à la suspension et à l'allègement de la dette en Afrique. (...) Nous avons signé des accords d'allègement de la dette ou atteint des consensus en la matière avec 16 pays africains", selon M. Wang.

"Le 'piège de la dette chinoise' est une fausse allégation, cependant il est vrai que certaines personnes sèment la discorde entre la Chine et l'Afrique avec de mauvaises intentions. Quiconque dispose d'un esprit objectif arrivera à la bonne conclusion à ce sujet", a-t-il ajouté.

Les accusations infondées de M. Blinken à l'encontre de la Chine ont également suscité les critiques d'experts africains.

"Les prêts chinois sont très particuliers en raison de leur durabilité. Toute cette polémique autour de la saisie d'actifs n'a aucun sens", a affirmé Charles Onanaiju, directeur du Centre nigerian d'études chinoises, selon qui les prêts chinois ne sont ni toxiques, ni menaçants.

"Le problème du 'piège de la dette chinoise' ne se pose pas car nous ne l'avons pas observé", a commenté l'économiste zambien Kelvin Chisanga.

UN PIEGE DE LA DETTE IMAGINAIRE

"Laissez-moi corriger cette impression que nous sommes uniquement endettés auprès de la Chine. Nous avons des dettes auprès d'un certain nombre de partenaires bilatéraux et multilatéraux et nous les traitons de la même manière", a clarifié le ministre kényan des Finances et de la Planification, Ukur Yatani, en s'exprimant devant la presse.

Quelque 30% de la dette extérieure du Kenya proviennent de banques commerciales, 30% de prêteurs bilatéraux et les 40% restants d'institutions financières multilatérales, a précisé Beatrice Matiri-Maisori, professeure d'économie à l'Université Riara du Kenya.

"Nous avons un large éventail de prêteurs financiers dans le pays. En conséquence, je ne pourrais pas dire que la Chine entraîne le Kenya ou tout autre pays africain dans un piège de la dette", a indiqué Mme Matiri-Maisori à Xinhua.

Le Bureau nigerian de gestion de la dette (DMO) a écarté toute inquiétude concernant l'endettement du Nigeria auprès de la Chine, estimant que les prêts chinois ne sont pas uniquement liés à des projets mais concessionnels.

"Ce sont tous des prêts concessionnels, il n'y a pas lieu de s'inquiéter à leur sujet. Ils sont tous liés à des projets, ce dont les Nigerians devraient se réjouir", a déclaré la directrice générale du DMO, Patience Oniha, sur la chaîne locale ARISE News.

Une récente étude issue d'un atelier Chine-Afrique de l'Université Johns Hopkins (Etats-Unis) a révélé que les banques chinoises étaient disposées à restructurer les termes des prêts existants et n'ont jamais saisi les actifs d'un quelconque pays.

Les chercheurs ont documenté 16 cas de restructuration de la dette pour une valeur de 7,5 milliards de dollars dans 10 pays africains entre 2000 et 2019, et ont découvert que la Chine avait annulé les arriérés accumulés d'au moins 94 prêts à taux zéro pour une valeur de plus de 3,4 milliards de dollars.

La Chine a joué un rôle majeur dans l'assistance aux pays africains pour qu'ils gèrent leurs dettes, selon l'étude.

DES RESULTATS TANGIBLES POUR L'AFRIQUE

Les projets-phares construits avec le soutien de la Chine ont promu la prospérité et le développement de l'Afrique en créant de nombreux emplois pour les locaux et en garantissant leur accès aux services de base tels que l'eau, l'électricité, les transports et l'apprentissage de compétences.

"Les financements fournis par la Chine servent principalement pour des projets de développement comme les infrastructures de transport, les lignes électriques et les barrages, qui cadrent avec le programme de développement national du Kenya et visent à promouvoir son développement économique national et améliorer les conditions de vie des habitants", a analysé Cavince Adhere, expert kényan en relations internationales.

Avec l'aide de la Chine, plus de 6.000 km de voies ferrées, 6.000 km de routes, près de 20 ports et plus de 80 grandes centrales électriques ont été construits en Afrique. Les investissements directs chinois en Afrique en 2019 ont été multipliés par 100 en comparaison avec 20 ans auparavant, d'après le ministère chinois des Affaires étrangères.

Alors que la pandémie de COVID-19 a engendré la pire crise économique mondiale de ces dernières décennies, les projets et investissements chinois aident les pays africains à traverser cette épreuve.

Bien que la pandémie restreigne les déplacements de la population, la voie ferrée à écartement standard construite par la Chine et reliant la ville portuaire kényane de Mombasa à la capitale Nairobi continue de contribuer au flux de marchandises essentielles à l'économie.

Selon les données de l'autorité statistique kényane KNBS, 4,42 millions de tonnes de marchandises ont été acheminées grâce à cette voie ferrée en 2020, en hausse par rapport aux 4,16 millions de tonnes de 2019 malgré le contexte sanitaire.

En Ethiopie voisine, Dejen Gezu fait partie des 34 nouveaux conducteurs diplômés qui sont enthousiastes à l'idée d'entamer leur carrière sur la voie ferrée Ethiopie-Djibouti construite par la Chine. Après un programme de formation aux technologies ferroviaires soutenu par la Chine et d'une durée de plus de deux ans, M. Gezu et ses pairs sont prêts à se lancer dans cette nouvelle aventure prometteuse.

Au cours d'une cérémonie de remise de diplôme qui a eu lieu le 4 mai, la ministre éthiopienne des Transports, Dagmawit Moges, a souligné que les jeunes diplômés seront en mesure de servir leur pays grâce aux connaissances et compétences apprises auprès des Chinois, exprimant l'espoir que les locaux finiront par gérer et faire fonctionner par eux-mêmes l'intégralité du système ferroviaire éthiopien.

La coopération sino-africaine a encore un large potentiel de croissance à l'avenir.

"Pour la première fois dans l'histoire de l'Afrique, nous avons un partenaire qui est à la fois volontaire et compétent. Ce que nous devons faire, c'est faire nous aussi un pas vers la Chine afin que nous puissions poursuivre ensemble notre chemin", a déclaré M. Onanaiju.

"La Chine a elle-même reçu une grande aide financière internationale, qui a été utilisée avec beaucoup d'efficacité pour moderniser son économie. Nous pouvons apprendre de leur expérience pour développer notre propre cadre de travail en faveur d'une modernisation durable", a-t-il ajouté.

(Rédacteurs :Ying Xie, Yishuang Liu)
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