Il est trop tôt pour la Chine d'assumer la responsabilité d'un grand pays

26.03.2013 à 08h24

"Bien qu'étant un grand pays aux énormes potentialités, il était encore tôt pour la Chine d'assumer la responsabilité d'un grand pays", a déclaré M. Gustaaf Geeraerts, directeur du Brussels Institute of contemporary China studies, dans une interview exclusive accordée à Xinhuanet lors du Forum des études de Chine organisé à Shanghai.

A la question savoir quels sont éventuellement les points qui seront inscrits dans le nouvel axe de coopération entre Pékin et Paris, lors de la prochaine visite que le président français François Hollande effectuera en Chine, notre interlocuteur répond en disant "qu'il y a plein d'opportunités à envisager en termes de coopération dans le domaine économique, et cela pourrait être élargi à toute l'Europe de façon générale". M.Gustaaf Geeraerts ajoute qu'il "est évident que si la Chine développe son marché, cela peut être bénéfique aussi à l'économie française."

Sur des échanges commerciaux entre l'UE et la Chine, qui sont parfois objet de frictions, le directeur du Brussels Institute of contemporary China contemporary donne son avis en ces termes "Je pense que c'est plus compliqué. Ce que l'Europe veut, c'est un commerce plus équilibré. Pour le moment, il y a des déséquilibres sur le plan du commerce. Comme la Chine devient de plus en plus compétitive, notamment sur les produits de haute valeur, alors il y a de plus en plus l'émulation qui se crée avec les entreprises européennes."

M. Gustaaf Geeraerts affirme que, "de plus, le déficit augmente et devient de plus en plus grave. Pour lui, c'est bien que la Chine vend des produits en Europe, mais on souhaite aussi un accès de l'économie européenne à la Chine."

Pour les domaines d'accès des entreprises européennes, il reconnaît qu'il y a "beaucoup de secteurs qui ne sont pas ouverts aux entreprises européennes. Par exemple des secteurs stratégiques et financières, qui sont interdits aux banques européennes. Aussi dans les secteurs des services, les entreprises européennes sont plus compétitives que les entreprises chinoises, et les Chinois en bénéficeront", a-t-il indiqué.

Citant le cas de "l'assurance pour la santé qui n'est pas très fameuse en Chine, si les entreprises européenes entrent dans le marché chinois, c'est bien pour les Chinois parce qu'elles diminueront les prix des assurances", souligne notre interlocuteur.

A la question de savoir s'il partageait l'avis selon lequel, "certains experts européens réfléchissaient aux avantages de la gouvernance chinoise, en conseillant de s'inspirer du modèle chinois", Gustaaf Geeraerts répond "C'est vrai que l'influence des pays émergents augmente, et les pays occidentaux devront attacher de l'importance au développement des pays émergents. Il faut apprendre les un des autres. Je vous donne un exemple, quand les Européens parlent d'une gouvernance responsable, ils se réfèrent à la liberté et à la démocratie. Tout en ajoutant que "la gouvernance responsable a d'autres définitions et systèmes. La Chine tient sa responsabilité pour gouverner un Etat, elle contribue à l'éducation, à la longevité et à la meilleure vie des millions des personnes. Pour les Européens, il faut regarder ces problèmes sous un nouvel angle", selon le directeur du Brussels Institute of contemporary China studies.

Et quant à savoir si comme le pensent les Occidentaux, le moment était venu pour la Chine "d'assurer la responsablité d'une grande nation", il s'explique en disant: "Bien que l'objetif de la politique étrangère de Pékin soit une puissance responsable mondialement, il y a des pressions. La Chine se développe de plus en plus rapidement, mais elle se trouve encore à un stade précoce et doit surmonter des difficultés énormes internes si elle veut survivre. Par conséquent, elle ne peut pas encore prendre totalement ses responsabilités sur le plan international." Précisant "qu'à présent, le développement durable est le défi le plus pressant, et l'ambition de devenir une puissance responsable dans le monde est un défi à relever dans le long terme."

Concernant le "plus grand défi qui se présente aujourd'hui à la Chine dans la mondialisation", Gustaaf Geeraerts déclare que "Pékin fait face à un dilemme de plus en plus difficile à savoir celui l'identité de la Chine comme un pays en développement et son identité en tant qu’une puissance émergente." Comme quoi "Pékin devra bien gérer ses relations avec les autres pays. La Chine doit présenter au monde comment elle regarde elle-même et ses relations avec d'autres grands pays dans le nouvel ordre mondial'', a-t-il conclu.

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