Alors que des dizaines de hauts fonctionnaires chinois et américains se réunissent à Washington pour un forum de haut niveau entre les deux plus grandes économies du monde, l'attention des médias américains se concentre largement sur le dossier de la cybersécurité.
Certes, la question mérite de bonnes discussions entre les deux côtés, tous deux des principaux acteurs du domaine de l'internet, et un groupe de travail bilatéral récemment formé sur la cybersécurité s'est déjà réuni pour la première fois avant le début officiel du Dialogue stratégique et économique (S&ED) sino-américain prévu mercredi.
Bien que l'émergence de la cybersécurité comme source croissante de discorde entre les deux pays ne peut être ignorée, le problème provient en grande partie des allégations américaines de "cyber-espionnage" présumé mené par la Chine, et la question ne doit pas prendre trop d'ampleur, de façon à entraver les négociations sur des questions beaucoup plus importantes entre les deux pays.
Le lancement du mécanisme S&ED vise à créer une plate-forme qui permettra à Beijing et Washington de discuter et résoudre les problèmes importants et stratégiques, pour atteindre des conclusions qui concernent les relations non seulement bilatérales, mais également régionales et mondiales.
De plus, le dialogue de cette année est largement considéré comme un suivi direct du sommet historique de juin dernier entre les présidents chinois Xi Jinping et américain Barack Obama. Il devrait servir de catalyseur pour l'accomplissement de leur objectif commun de faire des relations bilatérales un exemple de nouveau type de liens entre grandes pays mondiaux.
Compte tenu de l'ordre du jour très chargé de l'événement à venir, une attention disproportionnée accordée à un seul problème risque de faire perdre la vue d'ensemble.
Face à des accusations sans fondement concernant la cybersécurité, la Chine a fait preuve de retenue et a adopté une attitude ouverte et constructive, cherchant à communiquer avec la partie américaine pour mieux protéger le cyberespace et formuler des normes globales pour le domaine.
Pour beaucoup de Chinois, il est bizarre d'imaginer Washington continuer à se poser en victime de cyber-espionnage et demander aux autres de bien se comporter après que l'ancien consultant de l'Agence nationale de sécurité (NSA), Edward Snowden, ait révélé que les agences d'espionnage américaines s'étaient introduites dans les ordinateurs de la Chine et d'autres pays, dont ceux du gouvernement, de l'armée, ainsi que d'organismes de recherche, d'éducation et d'affaires.
Tout en admettant ses vastes activités de piratage, la partie américaine avance actuellement que bien qu'elle ait espionné d'autres pays, elle ne l'a pas fait à des fins commerciales. Cependant, sans donner de détails ni de preuves, cela apparaît comme une tentative de cacher une erreur du passé avec une mauvaise excuse.
De plus, en divisant l'espionnage informatique en "bonnes" et "mauvaises" activités, Washington cherche à dicter les règles du cyberespace mondial, qui est un espace public.
Pour accomplir la mission sans précédent de forger un nouveau type de relations entre la plus grande nation en développement et la plus grande nation développée, la première étape est de renforcer la confiance.
Les cycles précédents du S&ED se sont révélés indispensables en élevant les échanges de haut niveau, en renforçant la compréhension mutuelle entre les deux nations, et par-dessus tout, en contenant les conflits et en renforçant la confiance.
Beijing a annoncé à maintes reprises sa volonté de gérer les différends et de travailler avec Washington pour construire un cyberspace ordonné et plus sûr, alors que Washington déploie des efforts incessants dans ses accusations sans fondement contre la Chine, et fait pression sans relâche sur la Chine à ce sujet, risquant de nuire à la confiance mutuelle, qui est souvent difficile à construire et facile à abîmer.