Selon un expert français, Jean- Marc Manach, interrogé par l'Agence de presse Xinhua (Chine nouvelle), il est essentiel de chiffrer les données échangées sur la Toile pour préserver leur confidentialité face aux réseaux de cybersurveillance généralisée.
Suite aux récentes révélations sur le vaste système d' espionnage électronique déployé par l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA), notamment vis-à-vis de pays alliés européens, le spécialiste a préconisé un recours plus large au cryptage. "Le chiffrement est l'avenir des télécommunications internationales", a-t-il insisté.
"A la fin des années 90, la France a "légalisé" la cryptographie (qui était jusque là considérée comme une "arme de guerre") afin de permettre le développement du commerce électronique", a indiqué M. Manach, soulignant qu'il s'agit du " seul (ou principal) moyen de sécuriser les transactions électroniques".
"L'Internet n'a pas été conçu pour "sécuriser" les télécommunications, mais il pourrait évoluer en ce sens, de sorte de permettre de communiquer -et donc aussi de commercer- de façon plus sécurisée", a-t-il ajouté.
"Par défaut, nos communications Internet circulent "en clair", et sont donc espionnables, et piratables", a rappelé ce pionnier du journalisme sur l'Internet et du "datajournalisme", tout en évoquant l'impossibilité de "réguler" ce "réseau fondamentalement décentralisé".
"Le meilleur moyen de renforcer la coopération en matière de cybersécurité, au niveau international, serait de faciliter le fait, pour les internautes, de sécuriser leurs télécommunications, de sorte qu'ils ne puissent pas être espionnés", a-t-il, par conséquent, considéré.
M. Manach a, en outre, jugé que le récent scandale déclenché par un ancien consultant de la NSA, Edward Snowden, pourrait avoir le même effet que l'affaire du Watergate qui, en 1972, avait permis aux Etats-Unis de "découvrir que leurs services de renseignement violaient parfois la loi".
En dévoilant le caractère systématique des écoutes et interceptions de la NSA, ciblant aussi bien l'Union européenne et ses pays membres que les citoyens américains, M. Snowden pourrait entraîner l'ouverture d'une enquête sur les méthodes de travail de cette agence de renseignement américain spécialisée dans l' interception des télécommunications mondiales.
"On serait en droit d'espérer que les Etats-Unis se décident à enquêter sur ce que fait la NSA – notamment parce qu'elle espionne aussi les Américains, ce qu'elle n'avait a priori pas le droit de faire", a fait remarquer M. Manach.
Toutefois, le "poids du complexe militaro-industriel lié à la NSA" et à son système de surveillance généralisée pourrait dissuader les autorités américaines de repenser le mode opératoire de cette agence.
Aux Etats-Unis, "la paranoïa est devenue un business servant tout autant les intérêts de la NSA (et consorts) que les marchands d'armes de surveillance", a-t-il souligné, précisant qu'environ 5 millions d'Américains sont accrédités "secret défense", dont près de 500.000 contractants privés.
Par ailleurs, selon M. Manach, l'affaire Snowden a permis de relativiser l'importance accordée aux "réseaux d'espionnage électronique chinois", en révélant l'importante activité des Anglo- Saxons dans ce domaine.
"Cela fait des années que la presse occidentale agite le chiffon rouge d'un "péril jaune" en médiatisant des affaires de " cyberespionnage" de systèmes d'information occidentaux imputés à la Chine", a-t-il constaté.
"Snowden apporte aujourd'hui les preuves que les anglo-saxons procèdent à une surveillance généralisée des communications internationales, et avance qu'ils espionnent de nombreux réseaux, infrastructures, administrations et responsables internationaux", a conclu le spécialiste.