Dernière mise à jour à 09h02 le 14/09
Répondre aux effets des changements climatiques est un combat ardu qui implique tous les pays, qu'ils soient grands ou petits, riches ou pauvres.
Au cours de sa prochains visite d'Etat aux Etats-Unis fin septembre, le président chinois Xi Jinping et son homologue américain Barack Obama semblent souhaiter profiter de cette occasion pour manifester une grande aspiration et une forte détermination à aider notre planète, en coopération avec d'autres pays, afin de remporter cette bataille décisive.
UNE VOLONTÉ COMMUNE
"La coopération entre les deux pays (Chine et Etats-Unis) sur le dossier des changements climatiques s'accroît régulièrement", a affirmé Nathaniel Ahrens, directeur de la section des Affaires chinoises de l'Université du Maryland, qualifiant cette collaboration de "facteur positif" de la prochaine visite de M. Xi.
Parallèlement, l'ambassadeur de Chine aux Etats-Unis Cui Tiankai a également perçu la lutte contre les changements climatiques comme "une priorité" des deux pays à l'heure actuelle.
La Chine, plus grand pays en voie de développement du monde, doit gérer le problème de la pollution de l'air dans son propre pays, alors que les Etats-Unis, plus grand pays développé du monde, souffrent fréquemment de conditions climatiques extrêmes, telles que la sécheresse et les ouragans.
Face aux craintes suscitées par une éventuelle hausse de 400% des incidents météorologiques extrêmes au prochain siècle si les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter à leur vitesse actuelle, il est clair que la création d'un environnement favorable aux prochaines générations est devenue une aspiration commune de la Chine et des Etats-Unis, qui sont les deux plus grands pays émetteurs de gaz à effet de serre.
Lutter contre les changements climatiques concerne également la construction d'une communauté de destin commun, les efforts effectués à cet égard dépassant les frontières nationales.
Avant la Conférence des Nations Unies sur le climat qui se déroulera cette année à Paris, la Chine et les Etats-Unis se sont mis d'accord pour atténuer ensemble ce qu'ils qualifient de "l'une des plus grandes menaces auxquelles l'humanité est confrontée".
La dernière réunion entre les présidents Xi et Obama, qui s'est déroulée en marge du sommet 2014 de l'APEC à Beijing, a abouti à la publication, entre autres, d'un communiqué conjoint sur les changements climatiques, dans lequel les deux pays ont annoncé leurs objectifs respectifs d'après-2020 dans la lutte contre les changements climatiques.
Les deux pays vont également promouvoir les négociations internationales sur les changements climatiques en vue d'un nouvel accord qui devrait être atteint à Paris, selon le communiqué.
Cette déclaration offre "une grande opportunité" pour la transition vers une énergie à faible émission de carbone dans les deux pays et pour faire du développement des ressources renouvelables et de l'amélioration de l'énergie "un point névralgique" de la coopération bilatérale, a confié à Xinhua un expert en énergie.
"L'atténuation des changements climatiques concerne non seulement les opérations qui nous empêchent de détruire la planète, mais en un sens plus important, concerne la manière dont nous pourrons avoir accès à une voie de développement durable", a indiqué Liu Zhu, chercheur de l'Université de Harvard spécialisé dans l'émission de carbone et la science de la durabilité.
LES ENGAGEMENTS INDIVIDUELS
Individuellement, la Chine et les Etats-Unis ont fait part de leurs propres objectifs en matière de réduction des émissions.
En juin, la Chine a promis une "Contribution prévue déterminée au niveau national" (INDC) pour réduire ses émissions de dioxyde de carbone par unité de Produit intérieur brut (PIB) de 60 à 65% d'ici 2030, par rapport au niveau de 2005, selon un document présenté au Secrétariat de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
La deuxième plus grande économie du monde estime pouvoir atteindre son pic des émissions de dioxyde de carbone vers 2030 et fera de son mieux pour atteindre cet objectif le plus tôt possible, selon l'INDC.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hong Lei, a déclaré mardi lors d'un point presse quotidien que la Chine est prête à travailler avec toutes les parties pour aider le sommet de Paris à parvenir à un accord global et équilibré basé sur le principe de "responsabilités communes mais différenciées, d'équité et de capacités respectives".
"Comme il n'y a pas beaucoup de temps avant ce sommet, les parties doivent accélérer les négociations en faisant preuve d'une sincérité maximale, afin de conclure un consensus aussi étendu que possible", a souligné M. Hong.
Pour sa part, l'administration Obama a annoncé en août la version finale et plus stricte de son "Plan pour une énergie propre (Clean Power Plan)" qui, selon le président Obama, permettra de réduire les rejets de carbone des centrales électriques d'un tiers au cours des 15 prochaines années, devenant "la mesure la plus importante prise par les Etats-Unis dans la lutte contre le changement climatique".
Ce plan, malgré l'opposition des républicains du Congrès, a été salué par la directrice de l'Agence américaine de protection de l'environnement Gina McCarthy.
LES DÉFIS À RELEVER
Basé sur les efforts conjoints et séparés cités plus haut, un défi majeur pour l'avenir de la coopération sino-américaine dans les changements climatiques implique la façon dont les deux pays peuvent assurer des résultats gagnant-gagnant pour le développement économique et la protection de l'environnement.
"Il n'y a pas de raccourci", a indiqué M. Liu, soulignant la nécessité pour les deux pays de continuer à travailler sur l'innovation technologique, l'éducation et l'amélioration de l'efficacité.
Le fait que les pays en développement vont inévitablement compromettre leur rythme de développement en échange d'une réduction des émissions de carbone rend non seulement justifiable le principe de responsabilités communes mais différenciées, mais appelle également les pays développés à fournir un soutien financier et technologique nécessaire à leurs homologues en développement.
Sur ce front, M. Liu a fait valoir que la coopération étroite entre chercheurs chinois et américains est cruciale, afin d'"évaluer la technologie détaillée et l'état des émissions de carbone" et, par conséquent, de transférer la technologie et des fonds des pays développés aux pays en développement.
Pour sa part, M. Cui a estimé que les deux pays doivent comprendre que combattre les changements climatiques ne va pas entraver la croissance, mais au contraire générer plus d'emplois et d'opportunités, et apporter une coopération plus pratique.
Par exemple, les entreprises chinoises peuvent répondre à la demande des Etats-Unis pour les panneaux solaires et les éoliennes, alors que les produits et l'expertise des Etats-Unis peuvent satisfaire les besoins de la Chine pour la construction de nouvelles centrales nucléaires, l'utilisation de technologies plus propres et l'augmentation de l'exploration et de la consommation de gaz naturel.
En résumé, la prochaine visite du président chinois Xi Jinping aux Etats-Unis verra les deux chefs d'Etat s'efforcer d'aider le monde à réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière plus efficace.