Dernière mise à jour à 08h41 le 11/07
Le président philippin Rodrigo Duterte a déclaré vendredi que l'intervention américaine au Moyen-Orient avait fait couler beaucoup de sang, un constat qui l'a amené à tirer une conclusion bien avisée à l'heure où la Chine et les Philippines cherchent à régler leur différend en mer de Chine méridionale.
En soulignant le lien de cause à effet entre les ingérences américaines dans les affaires régionales et les troubles qui ont suivi, M. Duterte a fait un grand pas vers l'avant, contrairement à l'ancien gouvernement qui s'était empressé d'inviter les Etats-Unis à intervenir dans cette zone maritime stratégique.
Se méfier des intentions cachées des Etats-Unis n'est pas suffisant. Manille devrait revenir sur sa décision passée de demander l'aide des Etats-Unis et d'un tribunal arbitral en vue d'obtenir des territoires, une décision à la fois contre-productive et dangereuse.
Il est généralement admis dans la politique internationale que les affaires régionales devraient être réglées par les pays de la région, car de nombreux exemples ont montré que les interventions étrangères ne faisaient que compliquer les litiges régionaux au lieu de leur apporter une solution constructive.
Certains hommes politiques philippins espèrent que Washington parviendra à tourner la situation à leur avantage, mais ces calculs dénués de toute vision à long terme ne tiennent de toute évidence pas compte des exemples de l'Afghanistan et du Moyen-Orient, qui ont été dévastés à la suite de l'intervention américaine.
A la place, les Philippines devraient retourner à la table des négociations avec la Chine pour tenter de conclure un accord bilatéral acceptable pour les deux parties.
Le choix entre la confrontation, les conflits et les risques économiques d'une part et l'amitié, la paix et la prospérité d'autre part est très simple.
La déclaration du secrétaire philippin aux Affaires étrangères Perfecto Yasay, qui a indiqué que Manille avait hâte de discuter directement avec Beijing, est un bon départ, et s'inscrit dans la continuité de l'accord conclu entre les deux pays en vue de résoudre leur différend par le dialogue.
Beijing et Manille ont convenu de ne pas faire de "déclarations provocatrices", un autre signe positif que les deux pays s'écartent de la voie de l'animosité pour rejoindre celle du dialogue.
La Chine a toujours tenu son engagement à résoudre son différend avec les Philippines à travers des négociations bilatérales, et estime qu'une solution ne pourra refléter la volonté et les intérêts des deux pays qu'en l'absence d'une intervention étrangère.
Maintenant que la Chine et les Philippines ont toutes les deux reconnu la menace que pose l'ingérence américaine, la volonté de repousser les interventions étrangères et de maintenir la paix et la prospérité en mer de Chine méridionale devrait être plus ferme que jamais.