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D. de Villepin : la puissance chinoise un atout pour le monde

le Quotidien du Peuple en ligne | 07.11.2017 11h31

Après le 19e Congrès national du Parti communiste chinois (PCC) qui s'est achevé le 24 octobre, le monde entier a reçu le message du président Xi Jinping : une Chine puissante et ambitieuse qui est de retour sur la scène internationale.

A la suite de cet grand événement politique, plusieurs voix exprimant des peurs et des inquiétudes, s'élèvent et se multiplient dans les médias occidentaux. C'est dans ce contexte que l'ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, a accordé une interview au Quotidien du Peuple en ligne (people.cn), proposant une toute nouvelle perspective sur le rôle de la Chine dans notre monde actuel et dans l'avenir.

La puissance chinoise une chance pour le monde d'aujourd'hui

Dans son discours à l'occasion du 19e Congrès national, le président Xi Jinping a clairement indiqué que c'est un événement extrêmement important «qui a lieu au moment où nous (les Chinois) entrons dans une phase décisive de l'édification intégrale de la société de moyenne aisance, et au moment clé où le socialisme à la chinoise est entré dans une nouvelle ère». Se voulant être une alternative à la démocratie occidentale, pour s'affirmer à travers cet événement et renforcer la direction du Parti.

Au niveau de cette ambition, Dominique de Villepin a donné son point de vue : «Je pense pour ma part, que l'affirmation de la puissance chinoise est une chance pour le monde d'aujourd'hui, parce que nous sommes confrontés à un monde qui est actuellement sujet à de nombreux déséquilibres et incertitudes.»

Avec tout d'abord le retrait de la puissance américaine et l'imprévisibilité de la présidence de Donald Trump. Avec également la montée du populisme et d'un sentiment xénophobe qui s'expriment plus particulièrement dans certains pays européens. C'est par ailleurs la multiplication des crises, des Etats en faillite, ainsi que des défis qui sont à l'heure actuelle communs à toute la planète, tels que le terrorisme et la prolifération nucléaire, et enfin la permanence des crises régionales.

«Le fait qu'à travers le 19e Congrès du PCC, le président Xi Jinping et l'ensemble des dirigeants chinois, mettent en avant la volonté de prendre des responsabilités mondiales, c'est vraiment une bonne nouvelle. Je me réjouis que la Chine soit de retour sur la scène internationale avec l'ambition de relever des défis et de prendre plus de responsabilités.»

L'homme politique français a retenu trois messages essentiels dans le discours du président Xi Jinping. Le premier est « l'ambition de la Chine ». De réussir son entrée dans cette ‘nouvelle ère' et de réussir son pari économique, avec le fameux ‘new normal' permettant à la Chine de se développer non seulement à partir de ses capacités exportatrices, mais aussi sur son marché intérieur, lui donnant une meilleure assise et un équilibre plus important et plus fort».

Le deuxième message, c'est une vision politique mise en avant via un socialisme aux caractéristiques chinoises, à travers la pensée de Xi Jinping qui rejoint celle de Mao Zedong et la théorie de Deng Xiaoping, pouvant mener la Chine vers un nouveau chemin, a-t-il évoqué. «On ne gouverne pas un pays d'un milliard quatre cent millions d'habitants comme on gouverne un pays de cinquante à soixante millions d'habitants. Il y a la nécessité de parier sur la fierté de la nation chinoise, et de maintenir la stabilité par la mobilisation du Parti communiste chinois. Nous avons là une dynamique qui est à mon sens cohérente par rapport à la réalité du pays».

Le dernier message, selon Dominique de Villepin, est l'implication croissante de la Chine dans les affaires mondiales : «On voit bien qu'aujourd'hui les défis sont immenses. La question qui se pose en Corée du Nord ne pourra trouver de solutions sans la Chine, qui a fait une proposition de ‘double gel' avec la Russie : D'abord, le gel des manœuvres sud-coréennes et américaines. Puis, le gel de la nucléarisation de la Corée du Nord et du programme balistique.» L'ancien diplomate pense que cela pourrait être un point de départ de négociation, une crise qui pourra être uniquement régler par des négociations et un consensus politique».

Pour le Français, les deux piliers de la stabilité mondiale sont l'Europe et la Chine. Soulignant toutefois que l'Europe ne peut pas arriver seule à relever tous ses défis dans les domaines économique, politique et social. «Avec la Chine, nous pouvons apporter cette contribution essentielle à la paix, la justice et à la stabilité du monde.»

La Chine devrait prendre en considération l'inquiétude des Européens

Après le 19e Congrès national du PCC, il semble que les médias occidentaux s'inquiètent davantage de la croissance économique de la Chine et de ses investissements à l'étranger. L'Union européenne et le gouvernement français vont-ils adopter une position plus prudente et même protectionniste envers les acteurs économiques chinois ? Sur ce point, Dominique de Villepin est très clair : «Je ne le crois pas et surtout ne le souhaite pas. Il faut tout faire pour éviter cela».

Donnant cette explication : «Le point de départ pour les Européens et notamment les Français, c'est la montée des craintes vis-à-vis de la mondialisation et de l'avenir. Ce n'est pas une peur seulement dirigée vers la Chine. Le sentiment que peut-être demain ne sera pas aussi favorable à nos enfants est présent en Europe. Il faut le prendre en compte et répondre à une exigence de protection, nourri par un certain nombre de menaces objectives, tels que le terrorisme et la crise migratoire. Le risque, c'est de voir cette peur et cette inquiétude se cristalliser contre cette puissance qu'est la Chine. Il faut donc être actif, pouvoir anticiper et apporter des réponses».

Les investissements chinois en Europe sont-ils dans ce cas-là une cible éventuelle pour les Français inquiets. Concernant ce risque, D. de Villepin propose de ‘poser ensemble des règles acceptables pour tous'. «Il faut donc établir des règlements, une transparence, une réciprocité, même si parfois cela peut être difficile, de façon à ce que l'économie européenne ne se retrouve pas mise en difficulté par des pays qui n'appliquent pas les mêmes règles qu'elle, et qui auraient un avantage compétitif à investir chez elle», a-t-il souligné.

En revenant sur ses expériences au niveau des échanges franco-chinois, il pense que ‘la vraie logique qui doit l'emporter, c'est celle du partenariat'. «Aujourd'hui, la plupart des entreprises chinoises ont compris qu'il était possible de travailler en Europe et pas seulement sur la base de la règle majoritaire de 51% et 49%, mais aussi sur la base d'un accord d'intérêts communs pour une entente gagnant-gagnant. En appliquant ce principe, nous pouvons mieux nous connaître et nous comprendre pour poser un certain nombre de règles et éviter ainsi des compétitions déloyales».

De plus, D. de Villepin à un avis très positif sur la «coopération triangulaire», idée proposée par le Premier ministre chinois Li Keqiang en juin 2015. La France et la Chine pourraient travailler ensemble pour développer des actions en commun en Afrique, en Amérique latine et au Moyen-Orient, en associant les compagnies de deux pays sur un même marché tiers. «Je pense que cela fait partie des pistes de travail efficaces qui sont susceptibles d'aboutir».

Excepté les coopérations économiques, le politique français s'intéresse également au rapprochement des nations. «Quand on veut lutter contre les peurs, il faut non seulement travailler dans le cadre des entreprises, mais aussi au niveau des mentalités», a-t-il indiqué. Proposant notamment de rapprocher la jeunesse française, européenne et chinoise, de favoriser les voyages et de renforcer les échanges culturels et artistiques. « C'est cette connaissance qui permettra à chacun de mieux comprendre l'autre et donc délimiter les craintes et incompréhensions», a-t-il insisté.

« Une Ceinture, Une Route », une initiative globale et innovante

Dominique de Villepin a observé avec attention l'initiative chinoise Une Ceinture, Une Route, avec la conviction qu'il s'agit là depuis ces dernières années de l'un des programmes les plus innovants sur le plan politique. Visant à stabiliser la région d'Eurasie, notamment l'Asie centrale, le Causasse et le Moyen-Orient. C'est aussi un projet aux dimensions économiques, s'agissant de parier sur l'infrastructure, de favoriser la croissance et le développement dans les Etats participants et de répondre aux inspirations des peuples sur le plan social. Enfin, c'est également un projet culturel, puisqu'il permettra de tisser des liens et d'instaurer des dialogues avec des nations qui sont souvent laissées de côté ou écartées du débat international.

«C'est un projet global et inclusif, où personne n'est laissé à l'écart», a affirmé l'ancien premier ministre. Un projet innovant permettant de créer de nouvelles institutions, avec l'exemple de la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures et le Fonds de la Route de la Soie... Pour une collaboration avec les institutions financières européennes, afin de mieux répondre aux inquiétudes des uns et des autres.

Le Français pense que l'initiative chinoise Une Ceinture, Une Route peut profondément transformer les choses et les mentalités des gens de façon positive pour l'ensemble des Etats concernés. «Il faut surtout faire en sorte que ce soit un plus pour tout le monde, et que les nouvelles entités créées à cette occasion ne viennent pas ignorer ou mettre de côté les autres institutions multilatérales, telles que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.» «Je dirai, pour terminer, je pense que c'est un programme ouvert qui n'est dirigé contre personne, mais au contraire d'apporter une plus grande stabilité et développement à l'ensemble de nos pays».

(Par Qian HE du Quotidien du Peuple en ligne)

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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