Dernière mise à jour à 15h11 le 20/10
Une famille nomade du plateau Qinghai-Tibet partage la joie d'un de ses membres après une opération de correction de la cécité, avec des fonds que Laurence Brahm a contribué à lever. (China Daily) |
La boutique de massage que Wu Shunyang dirige avec sa femme n'est pas seulement l'une des rares sources de revenus pour le couple aveugle, mais couvre également les frais de scolarité de leur fils, un élève de sixième, et de leur fille, qui étudie dans une école polytechnique.
Lorsque la pandémie de COVID-19 a amené l'établissement d'un confinement national plus tôt cette année, la boutique du couple a été obligée de fermer. Et après sa réouverture, il y a eu peu de clients. La famille, qui vit à Dajin, un village de Yong'an, dans la province du Fujian (sud-est de la Chine, sombra dans le désespoir.
Selon M. Wu, âgé de 43 ans, la famille, qui était incluse dans le programme national d'enregistrement de la pauvreté en 2016, avait investi pratiquement toutes ses économies dans son entreprise il y a deux ans, et les autorités locales ont également aidé à financer l'entreprise avec des prêts à taux zéro. Ils venaient de réussir à rembourser les prêts à la fin de l'année dernière.
« Je me sentais découragé chaque jour. Nous pouvions à peine couvrir les besoins quotidiens d'une famille de quatre personnes », a-t-il déclaré.
Le programme d'aide sociale du gouvernement a intensifié ses mesures de secours lorsque la famille de M. Wu en avait le plus besoin. Ils ont reçu une aide totale de 10 600 yuans (1 585 dollars) de différents départements gouvernementaux ces derniers mois et ont vu leur aide mensuelle passer de 580 à 708 yuans par membre de la famille à partir de juillet. « Je ne peux pas imaginer comment nous aurions pu nous en sortir sans le programme d'aide sociale pendant ces mois », a-t-il dit.
Comme il s'agit de la dernière année de la campagne lancée par la Chine pour éliminer la pauvreté absolue et à bâtir une société modérément prospère à tous égards, le pays a étendu la couverture et l'intensité des programmes d'aide aux groupes à faible revenu afin de garantir que les objectifs ne seront pas compromis par la pandémie de COVID-19.
Un filet de sécurité plus large
Dans un article publié en juin dans le Qiushi Journal, le magazine phare du Comité central du Parti communiste chinois, le président Xi Jinping a souligné la nécessité d'affiner le système d'indemnités de subsistance du pays dans le cadre de mesures plus larges visant à corriger les maillons faibles de la campagne de lutte contre la pauvreté.
Xi Jinping, qui est également secrétaire général du Comité central du PCC et président de la Commission militaire centrale, a souligné que des mesures telles que les programmes d'assurance sociale, d'aide et de bien-être doivent être appliquées de manière globale pour garantir un niveau de vie adéquat aux personnes pauvres qui ne peuvent pas gagner leur vie. Il a demandé en ce sens que toutes les personnes pauvres soient incluses dans le réseau d'assurance maladie de base pour les habitants des zones rurales et urbaines et dans les programmes d'assurance contre les principales maladies et d'aide médicale pour éviter que la maladie ne conduise les gens à la pauvreté.
De leur côté, les ministères des Finances et des Affaires civiles avaient annoncé dans un avis publié en juin que tous les résidents éligibles qui ont des difficultés à subvenir à leurs besoins en raison de la pandémie devaient être inclus dans le programme d'aide sociale du gouvernement.
Selon l'avis, le programme élargi doit atteindre ceux qui ne peuvent pas trouver d'emploi ou qui ont vu leurs entreprises fermer en raison de la pandémie, et les autorités à différents niveaux doivent intensifier la surveillance des groupes qui pourraient à nouveau sombrer dans la pauvreté.
Il y avait 5,51 millions de résidents ruraux qui n'étaient pas encore sortis de la pauvreté à la fin de l'année dernière, et la pandémie COVID-19 a ajouté à la pauvreté en provoquant des pertes d'emplois et des fermetures d'entreprises.
Le réseau de sécurité sociale chinois aux mailles étroites -en particulier les programmes d'aide sociale- est la dernière ligne de défense pour garantir que les objectifs de réduction de la pauvreté seront atteints d'ici la fin de cette année, a pour sa part souligné Li Xiaoyun, professeur à l'Université agricole de Chine spécialisé dans le développement rural et la lutte contre la pauvreté. « La Chine étant déjà capable de construire un réseau de sécurité de base pour le groupe le plus pauvre, la pandémie COVID-19 n'affectera pas les principes fondamentaux de la campagne de réduction de la pauvreté », a-t-il affirmé.
Un programme de bien-être
Selon le ministère des Affaires civiles, à la fin de l'année dernière, la Chine avait accueilli 43,17 millions de personnes dans son réseau pour les allocations minimales de subsistance, aidé 4,69 millions de personnes extrêmement pauvres à couvrir leurs dépenses de base, telles que la nourriture, le logement et les soins de santé, et offert soins et protection à 242 000 orphelins.
Dans le même temps, le gouvernement a fourni en 2019 1,29 million de programmes d'aide aux sans-abri et offert des subventions temporaires à 9,17 millions de personnes, a indiqué le ministère. De même, au cours du premier semestre de cette année, le gouvernement a ajouté 3,4 millions de personnes supplémentaires aux programmes de protection sociale et a octroyé une subvention temporaire de 14,6 milliards de yuans aux groupes à faible revenu dans le cadre de l'extension de la couverture des secours.
Jiang Wei, directeur général adjoint du Département de l'aide sociale du ministère, a déclaré lors d'un point de presse en juillet qu'avec le COVID-19 qui a rendu la vie plus difficile aux pauvres, le ministère a cherché à renforcer davantage le réseau de sécurité sociale pour minimiser son impact. Pour les personnes qui ne sont pas éligibles au programme d'aide sociale mais qui ont perdu leur emploi et leurs sources de revenus en raison de la pandémie, en particulier les travailleurs migrants, M. Jiang a indiqué que le gouvernement avait déployé un programme de secours unique pour les aider à traverser cette période difficile. « L'émission du paquet unique ne fait pas seulement partie des mandats du mécanisme de secours temporaire du pays, mais aussi une exploration du système pour faire face aux urgences publiques majeures telles que les pandémies », a-t-il expliqué.
L'avis du gouvernement publié en juin s'est également engagé à poursuivre les politiques d'aide aux pauvres même après que leurs niveaux de revenu auront dépassé les normes en tant que bénéficiaires des mesures de secours.
Selon Wang Xiaojian, directeur du bureau de l'agriculture et des affaires rurales de Sanming, auquel Yong'an est subordonnée, les programmes d'aide sociale ont servi de renfort pour assurer les moyens de subsistance de base des personnes pauvres qui ont perdu tout ou partie de leur capacité à assurer leur subsistance.
« Ils ont fonctionné comme un mécanisme d'aide d'urgence pour les familles nécessiteuses et a comme un filet de sécurité pour les groupes pauvres », a-t-il dit, ajoutant que le bureau avait jusqu'à présent cette année émis des colis de secours temporaires totalisant 1,39 million de yuans en faveur de 2 397 familles pauvres.
Même après que les revenus des familles ont augmenté à un niveau tel qu'elles ne devenaient plus admissibles aux prestations, le programme permet une période de transition de six à 12 mois pour éviter la réapparition de la pauvreté, a-t-il souligné.
Une directive de réforme du réseau national de protection sociale
Dans un autre indicateur de l'engagement des plus hauts dirigeants chinois à assurer la durabilité des politiques sociales pour les groupes à faible revenu, les bureaux généraux du Comité central du Parti communiste chinois et du Conseil des affaires d'État -le gouvernement chinois- ont publié une directive en août pour réformer le réseau national de protection sociale.
Selon la directive, le pays va développer un programme d'aide sociale à plusieurs niveaux pour déterminer quelles familles ont besoin d'allocations de subsistance minimales régulières et identifier celles parmi les personnes âgées, handicapées et mineures qui ont besoin de programmes d'aide pour les extrêmement pauvres. Il s'est également engagé à offrir une assistance sociale spéciale aux familles et aux personnes dont la vie est devenue difficile en raison d'urgences, d'accidents, de maladies graves et d'épidémies.
Lin Mingang, directeur adjoint de l'Association chinoise de la sécurité sociale et professeur de politique sociale à l'Université de Nanjing, capitale de la province du Jiangsu (est de la Chine), a déclaré que le réseau de sécurité sociale chinois était aujourd'hui à un nouveau point de départ alors que la nation se rapproche de son objectif de construire une société modérément prospère à tous égards cette année.
La directive, une refonte systémique et prospective de haut niveau du réseau chinois de protection sociale, apportera des programmes sociaux mieux développés, exploitera davantage les résultats des programmes de lutte contre la pauvreté et garantira que les besoins fondamentaux de la population sont satisfaits, a-t-il expliqué.