JM Coetzee (à gauche), lauréat du prix Nobel de littérature 2003, l'écrivain chinois Mo Yan (au centre) et Li Yao, traducteur, discutent mardi lors du deuxième Forum littéraire Chine-Australie qui s'est tenu à Beijing. Feng Yongbin / China Daily |
Partageant la scène avec JM Coetzee, le lauréat du Prix Nobel de Littérature 2003, Mo Yan a révélé publiquement mardi son changement d'humeur après avoir remporté son prix.
Les deux lauréats étaient réunis par le Deuxième Forum Littéraire Chine-Australie à Beijing, qui a débuté mardi et se terminera mercredi.
Mo Yan, le premier lauréat du Prix Nobel de Littérature né et vivant en Chine, a dit qu'il avait des problèmes avec cette publicité soudaine, qui a mis beaucoup de pression sur lui.
« J'espère seulement pouvoir retourner à mon bureau dès que possible », a dit Mo Yan, « et je voudrais également faire les choses bien dans la société, anonymement ».
Mo Yan a dit qu'il a même été gêné par de nombreuses demandes lui demandant d’apporter son aide en profitant de sa notoriété.
« J'ai été bouleversé les premiers jours après l'annonce du prix, mais, ensuite, j'ai réalisé que ce prix ressemblait tout à fait à un miroir qui reflète les diverses attitudes au sujet de ma victoire, et, plus encore, qui reflète le vrai moi », a dit Mo Yan.
« Je me considère encore comme un citoyen ordinaire qui écrit. Et offrir des œuvres de qualité est mon devoir et la meilleure façon de rendre ce que j’ai reçu à la société ».
« Je ne suis pas une superstar », a-t-il souligné à plusieurs reprises.
Mo Yan croit que la littérature chinoise a beaucoup progressé au cours des trois dernières décennies, et que la force motrice qui se trouve derrière n'est pas le prix.
« Les créations des écrivains ne doivent pas être motivées par les prix, ou les critiques, ou même encore les attentes des lecteurs », a déclaré Mo Yan.
« Les œuvres littéraires de qualité sont toujours centrées sur les personnes et les émotions de l'homme », a-t-il dit.
JM Coetzee a quant à lui parlé de ses propres idées sur le prix Nobel. Il a parlé des goûts littéraires d'Alfred Nobel, fondateur du prix, et a souligné la préférence personnelle de Nobel, qui souhaitait que les œuvres littéraires soient l’illustration « du progrès et de la puissance de l'esprit humain », pouvant avoir une influence sur les choix de l'Académie suédoise.
Mo Yan a dit qu'il comprenait mal les normes de sélection de l'académie avant qu'il ne soit allé à Stockholm pour recevoir son prix en décembre.
« Je pensais qu'ils jugeaient la personnalité de l'auteur ou ses traits politiques, puis j'ai appris que leur seul critère de sélection est la littérature elle-même, qui est aussi profondément enracinée dans la pratique établie de longue date de lecture d'un grand nombre de livres chez les Suédois », a ajouté Mo Yan.
Au cours du forum, des écrivains chinois et australiens de renom ont discuté de sujets aussi divers que la tradition et la modernité, le local et l'universel et l'inclusion culturelle. Et ils liront aussi des œuvres les uns aux autres et aux lecteurs.
« La Chine et l'Australie sont des pays ayant une grande tradition littéraire dans la région Asie-Pacifique », a déclaré Tie Ning, Président de l'Association Chinoise des Ecrivains, l'organisateur du forum, « J'espère que les échanges mutuels aidera les gens à percevoir ce pays qui change et ses diverses expressions littéraires ».
M. Tie a également déclaré que la communication des écrivains permettra de promouvoir davantage les écrivains chinois à un public mondial.
Frances Adamson, Ambassadeur d'Australie en Chine, approuve. « C'est une étape importante des échanges littéraires entre les deux pays, qui sont des amis de longue date », a déclaré Mme Adamson.
C'est la première fois que JM Coetzee, écrivain originaire d'Afrique du Sud, qui vit et enseigne en Australie, se rend en Chine à titre officiel. Ses œuvres, dont « Michael K, sa vie, son temps » (Life & Times of Michael K) et « Disgrâce » (Disgrace), sont très populaires chez les lecteurs chinois.
L'écrivain chinois Li Er a pour sa part dit qu'il a été influencé par l'écriture rationnelle de JM Coetzee.
A LIRE AUSSI
>>DOSSIER : Mo Yan, nouveau prix Nobel de littérature