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Humanisme en Europe et en Chine : rencontre avec Jean-Robert Pitte (2)

le Quotidien du Peuple en ligne | 23.06.2015 16h59

Madame LU Wan Fen, Madame Yan Haiping, Monsieur Jean-Robert Pitte

LU : Au mouvement de mai 1968, l'Université Paris-Sorbonne jouait un rôle spécifique. Quel rôle a-t-elle joué précisément dans la société française?

J-R Pitte : J'y étais étudiant à ce moment, très opposé aux principes et aux actes accomplis pendant cette « révolution ». Le nihilisme est une vieille tradition française qui n'est nullement glorieuse. On doit réformer sans détruire et faire du passé table rase. La France n'a jamais bien su le faire. Il est paradoxal que le temple de l'humanisme, du savoir et de la réflexion logique qu'est la Sorbonne depuis plus de sept siècles ait été le théâtre d'un mouvement si irrationnel et sans avenir. 1968 marque une crise grave des valeurs qui ont fait la France. Confucius aurait su expliquer la « révolution », mais ne l'aurait pas aimée.

LU : Quand on parle de la France, mes amis chinois pensent toujours que la France est un pays capitaliste. Or, j'ai l'impression que les Français sont tellement fiers de leur système de protection sociale qu'ils n'aiment pas consiérer la France comme un pays capitaliste. Quelles sont vos opinions à ce sujet ?

J.-R. Pitte : La France est, d'une certaine manière, un pays « capitaliste », car elle a de belles entreprises, mais la mentalité n'y est pas libérale, au sens économique du terme. Beaucoup de Français, de gauche bien sûr, mais aussi de droite sont persuadés qu'il faut maintenir un État puissant qui intervient, non seulement dans les actions régaliennes (justice, armée, affaires étrangères, etc.), mais aussi dans les domaines de l'économie, de la santé, de l'éducation, de la culture… Cela coûte très cher, entraîne une pression fiscale énorme, mais cela n'est pas très efficace. Nous le payons par un taux de chômage exagérément élevé, par une croissance trop faible, par un endettement énorme, par une insuffisance d'esprit d'initiative, etc.

LU : Je sais que les Chinois d'aujourd'hui sont très attirés par la culture et le patrimoine de la France. Mais, en même temps, ils demeurent sensibles à la crise sociale et au déficit économique du pays. Comment vous définissez l'origine de cette crise sociale ? D'après vous, est-ce qu'il existe un lien ou une contradiction entre l'amour de la culture des Français et cette crise ?

J.-R. Pitte : Les Français devraient approfondir leur culture et leur histoire pour en faire vivre aujourd'hui les meilleurs aspects et connaître leurs travers habituels pour éviter d'y retomber si souvent.

(Madame LU Wan Fen, fondatrice du projet « l'Humanisme en Europe et en Chine » a contribué à cet article.)


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(Rédacteurs :Guangqi CUI, Yin GAO)
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