Dernière mise à jour à 08h50 le 18/12
La joie et l'embarras des nouveaux médias
Les gens qui travaillaient dans les médias traditionnels doivent beaucoup changer pour s'adapter aux médias citoyens. Wang Zanmei, directrice de la rubrique loisirs du Nanfang Metropolis Daily, est en fait l'animatrice cachée sur WeChat du « Cercle Shenba » consacré à la télévision et au cinéma. On dit que cela fait dix ans qu'elle n'a rien écrit. Mais en réalité, elle s'affaire tous les jours pour organiser la rédaction d'articles. Elle s'est rendu compte que les critères qui définissaient un bon ou un mauvais article dans les médias traditionnels ne sont plus conformes aux médias citoyens. Les lecteurs d'aujourd'hui aiment les articles qui sortent du commun.
C'est le sentiment que partagent tous ceux qui ont quitté les médias traditionnels pour travailler dans les médias citoyens. « Pour faire fonctionner une page WeChat, je ne travaille pas comme un rédacteur en chef, mais comme un directeur des ventes. », nous explique Zhang Hua, fondateur du compte WeChat « Institut commercial des adolescents ». Quels sont les traits marquants des lecteurs ? Le contenu de vos produits et de vos services répond-il aux besoins ? Les produits peuvent-ils être améliorés ? C'est en ces termes que réfléchit Zhang Hua. Avant d'ouvrir sa page WeChat, il était journaliste sur la finance. Le média citoyen qu'il a ouvert a déjà recueilli plusieurs millions de yuans d'investissement.
Faire de la publicité rebute souvent les nouveaux convertis au journalisme citoyen qui travaillaient dans les médias traditionnels auparavant. Ils sont souvent plus conservateurs et n'osent pas trop faire de la publicité. C'est ce qui est arrivé avec l'article Mon ami, peux-tu me prêter de l'argent ?. Prévu pour être une publicité camouflée pour une société de crédit, cet article raconte des anecdotes sur le thème de l'emprunt allant de William Shakespeare, jusqu'à l'écrivain chinois Qian Zhongshu. Certains lecteurs, pas dupes sur la véritable nature de l'article, se sont amusé de la timidité avec lequel celui-ci faisait la publicité de cette société.
Les médias citoyens attirent les gens qui travaillaient dans les médias traditionnels car ils sont plus libres d'expression et plus directs. Les médias citoyens leur permettent d'aborder des sujets et d'utiliser des moyens d'expression généralement interdits ou désapprouvés dans les médias traditionnels.
« Je me suis lancé dans le journalisme citoyen pour continuer à écrire. Je veux diffuser ce que je pense dans mon cercle d'amis, déclare Wu Xiaobo. Dans ce cercle restreint, l'interaction est beaucoup plus forte que dans la presse écrite, parce que l'on sait instantanément le nombre de lecteurs, on voit les commentaires et les réactions. En faisant le calcul avec les données, on peut voir que la diffusion par une page publique est vingt fois plus étendue que celle d'un média traditionnel. »
Parmi les sujets de prédilection de Wu Xiaobo sur sa page WeChat, c'est le management financier : « Ce thème fait défaut dans notre éducation à la maison et à l'école et c'est regrettable. C'est simple, de l'école primaire jusqu'à l'université, la question de l'argent est tabou. », nous fait remarquer Wu Xiaobo. Il estime qu'il a déjà dépassé le stade de satisfaire son public et qu'aujourd'hui, son travail en tant que jeune journaliste citoyen est surtout de garder le cap.
Le 8 novembre, l'université Tsinghua a invité Luo Beibei à venir participer à un débat. Le même jour, elle a écrit dans l'un de ses posts : « Aujourd'hui, c'est la fête des journalistes. Au cours de ces six derniers mois, je me suis souvent dit qu'il faut faire attention à ne pas tomber dans le panneau du « like ». Si l'on ne pense qu'au flux qu'engendrent nos publications, sans réfléchir sur ce que l'on souhaite vraiment exprimer, à quoi bon être encore journaliste ?
Elle s'inquiète aussi de ce qu'elle appelle « la dépense intellectuelle dans un travail à rythme rapide ». C'est pour cela qu'elle a ouvert une rubrique intitulée « Article recommandé » sur sa page WeChat où elle partage les articles qui lui plaisent. Elle s'engage à écrire un article « pur » par semaine, parce qu'elle craint de perdre ses capacités de rédaction et que WeChat ne devienne un démon engloutissant l'écriture.