Dernière mise à jour à 09h32 le 15/06
Avec la nouvelle proposition d'une interdiction qui pourrait infliger de lourdes amendes ou des peines d'emprisonnement aux parents contrevenants, les prénoms à consonance étrangère pourraient devenir beaucoup plus rares dans les prochaines générations de l'Égypte. Un comité parlementaire égyptien s'est en effet réuni mardi pour débattre d'une loi qui interdit aux parents d'utiliser des « prénoms occidentaux ». En vertu de la loi, les parents risquent une amende allant jusqu'à 270 dollars ou une peine d'emprisonnement allant jusqu'à six mois. C'est le député égyptien Bedier Abdel Aziz qui a proposé ce texte au comité des plaintes et des suggestions du Parlement, sous le prétexte que des prénoms comme Lara, Mark ou Sam sont difficiles à prononcer pour les arabophones.
« Utiliser ce genre de prénoms occidentaux et abandonner les prénoms arabes entraînera un changement indésirable et radical dans notre société et notre culture », a-t-il déclaré à The Egypt Independent. « Nos fils ne seront plus connectés à leur véritable identité », a-t-il ajouté. En revanche, sur les réseaux sociaux, de nombreux Égyptiens ont affiché leur franc désaccord avec M. Aziz : ainsi d'un internaute du nom d'Anthea Gould, qui a commenté « Je ne peux vraiment pas croire que le parlement n'a rien de mieux à faire. Ajoutez-le à la liste croissante des choses étranges dont ils veulent discuter ! ». Ou encore un autre du nom de Heidi Yanulis, qui a partagé son sentiment en disant : « C'est la plus stupide perte de temps dont j'ai jamais entendu parler ». Un autre encore, Arwa Yasser a également fait part de son désaccord en disant que donner un nom à son enfant est une « liberté personnelle ».
Si la nouvelle loi est adoptée, l'Égypte ne sera pas le premier pays à interdire certains prénoms. Ainsi, selon Gulf News, en Arabie Saoudite, une liste de 50 prénoms dont Alice, Linda et Elaine ou ceux affiliés à la famille royale ont été interdits en 2014 parce qu'ils « contredisaient » la culture ou la religion. Ailleurs, la Nouvelle-Zélande interdit aussi les parents de baptiser leurs rejetons avec des prénoms aussi absurdes qu'« Etalon », « Poissons-frites » ou « Satan ». Les lois sur les noms sont également importantes dans certaines parties de l'Europe scandinave, principalement pour empêcher les parents de donner à leurs bébés des prénoms qui pourraient leur causer un inconfort ou les affecter négativement en grandissant, comme « Pluton » et « Singe » au Danemark. Et en Suède, la raison initiale derrière les lois qui ont été adoptées en 1982 visait à empêcher les non-nobles de porter des noms nobles.