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Le gouvernement de Shinzo Abe accusé de révisionnisme historique et de pressions sur la presse

le Quotidien du Peuple en ligne | 15.06.2017 09h23

Le rapporteur spécial de l'ONU sur la liberté d'expression a accusé le Japon d'éroder les libertés des médias et d'étouffer le débat public sur des questions comme la catastrophe nucléaire de Fukushima et les exactions de l'armée impériale pendant la seconde guerre mondiale. Dans un rapport soumis au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, David Kaye a déclaré qu'il avait identifié des « signes inquiétants importants » au sujet du bilan japonais de la liberté d'expression. Son enquête -la première sur la liberté de la presse au Japon- a été motivée des inquiétudes face à la pression accrue du gouvernement sur les médias du pays.

Les critiques ont ainsi cité le retard des médias nationaux à signaler que l'accident de mars 2011 à Fukushima avait provoqué une crise nucléaire -une décision qui reflète les tentatives officielles de réduire la gravité de la catastrophe. En 2014, l'Asahi Shimbun, sous la pression de l'administration du Premier ministre, Shinzo Abe, avait ainsi retiré un article affirmant que 650 employés avaient fui la centrale Daiichi de Fukushima peu de temps après la catastrophe, désobéissant à un ordre de leur manager Masao Yoshida de rester et de faire un dernier effort pour reprendre le contrôle des réacteurs.

Mais si David Kaye n'a pas fait référence à des rapports précis sur l'effondrement de Fukushima, il a également exprimé son inquiétude quant au retrait des manuels scolaires des références à l'utilisation par le Japon d'esclaves sexuelles, notamment chinoises et coréennes, pendant la guerre. David Kaye a noté la disparition progressive des références aux « femmes de réconfort » -ces dizaines de milliers de femmes qui ont été forcées de travailler dans les maisons closes militaires japonaises avant et pendant la guerre. En 1997, les sept manuels d'histoire approuvés pour être utilisés dans les écoles secondaires abordaient l'esclavage sexuel en temps de guerre, mais plus aucun ne faisait référence au problème entre 2012 et 2015, et un seul l'a mentionné l'année dernière. Selon David Kaye, le manque de débat public sur le rôle du Japon pendant la guerre, les restrictions à l'accès à l'information et la pression du gouvernement qui a amené les médias à pratiquer l'autocensure « nécessitent une attention pour ne pas compromettre les fondements démocratiques du Japon ».

Le Japon a réagi avec colère et contesté que les libertés médiatiques étaient menacées par Shinzo Abe. Son ambassadeur à l'ONU, Junichi Ihara, a accusé David Kaye d'« imprécisions » concernant l'engagement du gouvernement à l'égard d'une presse libre. Dans un communiqué transmis lundi au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, il a déclaré : « Il est regrettable que certaines parties du rapport [de David Kaye] soient écrites sans une compréhension précise de l'explication du gouvernement et de ses positions ». Les confrontations entre les représentants du Japon et des Nations Unies se sont accrues ces dernières années. En 2015, Tokyo avait ainsi suspendu ses paiements à l'Unesco après que celui-ci ait inclus des documents chinois, contestés par le Japon, sur le massacre de Nanjing dans sa Liste mondiale de la mémoire. Plus tôt cette année, Reporters sans frontières a classé le Japon au 72e rang de son indice mondial de la liberté de la presse -le plus bas au sein du G7, et son plus bas niveau depuis 2010, lorsqu'il était encore classé 11e.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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