Dernière mise à jour à 08h46 le 16/04
Miloš Forman, un cinéaste qui défia Hollywood avec sa touche subversive, et qui dirigea deux fois des films qui remportèrent l'Oscar du meilleur film, est décédé le 13 avril. Il avait 86 ans. Sa mort dans le Connecticut a été confirmée par Dennis Aspland, son agent, et par Vlastislav Malek, un représentant de sa ville natale, Čáslav, en République tchèque. Originaire de ce qui était alors la Tchécoslovaquie, Miloš Forman était arrivé aux États-Unis à la fin des années 1960 comme un jeune cinéaste rebelle dont la tendance satirique était peu appréciée dans son pays à la suite de l'invasion soviétique de 1968.
Quelques années plus tard, son film « Vol au-dessus d'un nid de coucous » -une histoire tragique de révolte et de répression dans un établissement psychiatrique- remporta pas moins de cinq Oscars, dont ceux du meilleur réalisateur et de la meilleure photo. Le film plaça immédiatement Miloš Forman au premier rang de ceux qui luttèrent pour faire de grands films commerciaux avec des sensibilités contre-culturelles. Sa sympathie pour les hommes étranges était toujours apparente, même si ses films grandissaient en portée.
« Amadeus », adaptation en 1984 de la pièce de théâtre iconoclaste de Peter Shaffer, présenta Wolfgang Amadeus Mozart comme un génie qui sape l'autorité avec son art. Encore une fois, les Oscars du meilleur réalisateur et de la meilleure photo furent parmi les nombreux honneurs qu'il reçut. Pourtant, Miloš Forman, devenu entre-temps citoyen américain, déclara alors que l'un de ses plus grands plaisirs du film -qui avait été tourné dans ce qui était encore la Tchécoslovaquie socialiste- était la chance de revenir triomphant chez lui. « J'ai toujours tout fait pour gagner », avait-il déclaré dans une biographie de 1994, intitulée « Turnaround : A Memoir », écrite avec Jan Novak.
Miloš Forman avait été pris dans la tourmente de l'occupation allemande peu d'années après sa naissance, à Čáslav, le 18 février 1932. Sa mère, née Anna Suabova, et l'homme qu'il croyait être son père, un enseignant nommé Rudolf Forman, avaient été arrêtés séparément par les Allemands et tués dans les camps de la mort. Marié trois fois, d'abord avec une actrice, Jana Brejchova, puis avec une autre artiste, Vera Kresadlova, restée en Tchécoslovaquie avec leurs deux fils, Petr et Matej, il laisse derrière lui sa troisième épouse Martina Formanova, et ses deux fils jumeaux, James et Andrew.