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La Chine va devenir le principal client du pétrole irakien dans les années 2030, et ce pays du Moyen-Orient dépassera la Russie pour devenir le deuxième pays exportateur mondial de pétrole à cette époque, a déclaré lundi l'Agence Internationale de l'Energie.
La Chine va également continuer à investir massivement dans les infrastructures de production pétrolière irakiennes, a indiqué l'agence dans son rapport annuel mondial sur l'énergie.
Mais un expert a également rappelé que les entreprises chinoises doivent se préparer à d'éventuels risques politiques en Irak, même si ce pays est devenu plus stable depuis la guerre en Irak.
Fatih Birol, Économiste en chef de l'agence, a déclaré : « L'Irak va s'imposer comme un nouveau producteur important de pétrole les années 2030. Son principal client sera la Chine, et la moitié de la production pétrolière irakienne partira vers la Chine ».
L'Agence Internationale de l'Energie est une organisation intergouvernementale autonome dont le siège est à Paris, qui a été créée en 1974 dans le sillage de la crise pétrolière de 1973, et M. Birol est responsable de ses Perspectives Annuelles sur l’Energie, reconnues comme étant les sources les plus fiables pour l'analyse stratégique des marchés mondiaux de l'énergie.
L'agence prévoit que la production de pétrole en Irak va dépasser 6 millions de barils par jour (mb/j) en 2020 et s'élever à plus de 8 mb/j en 2035.
L'Irak ne représentait que 5 % des importations pétrolières de la Chine l'an dernier, soit environ 275 000 barils par jour, et il produit actuellement environ 3,3 à 3,5 mb/j.
Dans son rapport, l'agence prévoit que les Etats-Unis deviendront le premier producteur mondial de pétrole, dépassant l'Arabie Saoudite, aux alentours de 2020. Selon l’agence, cela conduira à une poursuite de la baisse des importations de pétrole américaines ; les Etats-Unis pourraient même devenir un exportateur net de pétrole vers 2030.
« Cela accélère la réorientation du commerce international de pétrole vers l'Asie, en mettant l'accent sur la sécurité des routes stratégiques qui apportent le pétrole du Moyen-Orient vers les marchés asiatiques », a précisé l'agence.
La croissance de la consommation de pétrole par les économies émergentes, en particulier pour le transport en Chine, en Inde et au Moyen-Orient, va pousser la consommation mondiale de pétrole à un niveau constamment supérieur à l'horizon 2035.
La demande de pétrole dans le monde atteindra 99,7 mb/j et le prix moyen à l'importation de pétrole brut AIE atteindra 125 Dollars US le baril (en Dollars valeur 2011) d'ici à 2035, indique le rapport.
Lin Boqiang, Directeur du Centre Chinois pour les Recherches en Economie de l'Energie de l’Université de Xiamen, a déclaré : « L'augmentation des importations de pétrole irakien est très possible et bénéfique pour la Chine. Comparé avec d'autres pays du Moyen-Orient, l'Irak est relativement stable à l'heure actuelle, mais nous devons encore être conscients des risques ».
Il a également indiqué que la Chine devrait se tourner vers le Canada pour ses approvisionnements en énergie, mais selon un autre analyste, le Canada n’est pas susceptible de faire d'importants progrès dans un court laps de temps.
« Le Canada est riche en énergies non conventionnelles comme les sables bitumineux (un genre de gisement pétrolier) », dit Li Li, analyste senior chez ICIS C1 Energy, une société de conseil sur l'énergie dont le siège est à Shanghai. « Mais les forces conservatrices du Canada ne sont pas très ouvertes aux investisseurs étrangers dans le secteur de l'énergie ».
Elle a cité l'accord CNOOC-Nexen comme exemple.
Le Canada a retardé par deux fois un jugement sur l'opportunité d’autoriser l'offre de 15,1 milliards de Dollars US faite par CNOOC, principal producteur chinois de pétrole et de gaz offshore, pour acquérir la compagnie pétrolière canadienne Nexen Inc, bien que les actionnaires de cette société aient donné leur accord.
Selon Mme Li, le Moyen-Orient continuera d'être un fournisseur important de pétrole brut pour la Chine. L’Afrique, l’Amérique Latine et la Mer Caspienne joueront également un rôle plus important dans les importations de pétrole brut de la Chine, a-t-elle dit.
Plus de 10% des importations de pétrole brut de la Chine viennent en effet d'Amérique du Sud, avec un taux de croissance annuel de 20%, selon ICIS C1 énergie.
De son côté, M. Birol pense que la Chine sera un des principaux moteurs de la production et de la consommation mondiales de gaz naturel, Beijing augmentant ses efforts pour diversifier son mix énergétique afin d’atteindre une croissance plus durable.
L'AIE prévoit que le soutien politique actif et les réformes de la réglementation vont pousser la consommation de gaz naturel de la Chine de près de 130 milliards de mètres cubes (mmc) en 2011 à 545 milliards de mètres cubes en 2035.
M. Birol a ajouté : « Je m'attends à ce que la production de gaz de schiste de la Chine augmente de manière significative. De même, la Chine sera le chef de file dans le monde en termes de l'utilisation des énergies renouvelables ».
Ces changements auront des répercussions sur les prix de l'énergie dans les différents pays, car le prix de l'électricité en Chine en 2035 sera trois fois moins élevé qu’en Europe et quatre fois moins qu'au Japon, a-t-il dit.
M. Birol a également indiqué que la Chine est confrontée à trois défis majeurs : améliorer autant que possible son efficacité énergétique, augmenter sa production de gaz de schiste afin de réduire l'utilisation de charbon et de gaz importés, et développer les technologies à faible émission de carbone, comme l'énergie nucléaire et les énergies renouvelables.
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