La mise en œuvre "déterminée et systématique" de réformes ambitieuses dans un large éventail de domaines par les gouvernements optimiserait les chances de "renouer avec une croissance économique vigoureuse", selon l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) dans son nouveau rapport intitulé "Objectif croissance" en 2015.
Présentée par le secrétaire général de l'OCDE Angel Gurria, et le Vice-Premier Ministre turc Ali Babaçan, à Istanbul en Turquie en amont de la réunion des ministres des Finances du G20 qui aura lieu les 9 et 10 février, cette publication a pour but d'évaluer et de comparer les effets des réformes structurelles propices à la croissance sur les inégalités de revenus, ainsi que les nouvelles priorités d'action "destinées à relancer la croissance tout en la rendant plus inclusive".
Le rapport souligne les progrès en matière de réformes observés depuis 2013 dont l'accélération du rythme des réformes "dans la plupart des économies émergentes", et particulièrement en Chine et au Mexique.
L'OCDE note également une forte intensité de réformes au Japon et un maintien du cap en Espagne, en Grèce, en Irlande et au Portugal, alors qu'elle diminue dans la plupart des pays nordiques et du cœur de la zone euro.
Chez les grands pays émergents, la dynamique de croissance est stable selon les indicateurs de l'OCDE dont le Brésil (99,3) et la Chine (+0,2 à 99,3), alors que la croissance se consolide en Inde (+0,1 à 99,4). La stabilité économique se confirme également aux Etats-Unis (100,4) et au Japon (99,8).
La croissances de l'Allemagne (+0,1 point à 99,7), de l'Espagne (102.57) mais aussi de la France (+0,1 à 100,4) et de l'Italie (+0,1 à 101,0) sont en légère hausse et confirment la stabilité de la zone euro (100,6). En revanche, celle du Royaume-Uni s'essouffle (- 0,1 point à 100,2) et se dégrade en Russie (- 0,6 points à 99,4) qui atteint son taux de croissance le plus bas depuis octobre 2013 et devrait entrer en récession en 2015.
Face à la persistance "préoccupante" du chômage, le rapport observe que les pays de la zone OCDE ont donné priorité aux réformes destinées à renforcer les compétences et le capital intellectuel, en améliorant "la qualité et de l'inclusivité des systèmes d'enseignement", et préconise d'aller plus loin dans cette direction.
Pour optimiser la dimension inclusive de la croissance, le rapport recommande également de "favoriser une réaffectation plus rapide des travailleurs à de nouveaux emplois, tout en veillant à ce qu'ils puissent améliorer leurs compétences", ajoutant que pour lutter contre la détérioration des conditions de vie dans de nombreux pays, il est particulièrement important "de relever le niveau potentiel de salaire des personnes peu qualifiées et de faciliter l'insertion des femmes sur le marché du travail".
" La mise en œuvre de réformes qui améliorent les possibilités d'emploi et le potentiel de rémunération des travailleurs peu qualifiés, aident les jeunes à prendre pied sur le marché du travail et améliorent les perspectives d'emploi des femmes permettra de libérer le potentiel de croissance de nos économies, et de faire en sorte que chacun en bénéficie", a déclaré Angel Gurria, lors du lancement du rapport, ajoutant que "l'application de stratégies de réforme globales peut constituer un des remèdes à la montée des inégalités et aux conséquences sociales persistantes de la crise".
Concernant l'impact de la croissance économique sur l'environnement, l'édition 2015 d'"Objectif croissance" souligne l'importance d'une conception "adéquate" des politiques environnementales, ainsi que leur effet sur les gains de productivité.
Très suivies par les chefs d'Etat et de gouvernement du G20 pour l'élaboration de leur stratégie nationale de croissance, comme ce fut le cas lors du Sommet de Brisbane en novembre 2014, les recommandations formulées par "Objectif croissance 2015" visent à accroître le produit intérieur brut (PIB) de l'ensemble des pays concernés de 2 % au cours des cinq années à venir et contribuent à fournir des indications précises sur l'orientation des décisions prises par les pouvoirs publics.