Dernière mise à jour à 08h57 le 23/10
(Xinhua/Yin Bogu) |
La Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (BAII) sera conçue comme une banque d'un genre nouveau caractérisée par une "gouvernance digne du XXIe siècle", a déclaré mercredi Jin Liqun, le président désigné de l'institution.
"J'ai décidé d'assumer cette fonction honorable en ayant à l'esprit que les dirigeants chinois cherchaient à créer une institution de développement multilatérale de premier ordre avec une gouvernance digne du XXIe siècle", a déclaré M. Jin lors d'un événement organisé à l'Institut Brookings, un think tank basé à Washington.
"Je n'aurai pas accepté cette tâche sans cette condition", a souligné M. Jin, qui possède une longue expérience à des postes de haut rang à la Banque mondiale et à la Banque asiatique de développement.
M. Jin a été nommé par le gouvernement chinois en février 2014 pour diriger le Groupe de travail sur la création de la BAII, une institution dont se sont méfiés les pays occidentaux dans un premier temps, en particulier les Etats-Unis.
A présent, la banque compte 57 futurs membres fondateurs, dont des alliés des Etats-Unis, et aura un capital autorisé de 100 milliards de dollars. L'institution devrait débuter ses opérations d'ici à la fin de l'année.
M. Jin a indiqué que la création de la BAII était l'aboutissement des efforts de tous les futurs membres fondateurs, qui ont décidé que la gouvernance de l'institution devait respecter "les normes les plus strictes" et allier les avantages des banques multilatérales de développement et des entreprises prospères du secteur privé.
"Aujourd'hui, les efforts de tous les futurs membres fondateurs portent leurs fruits et un nouveau type de banque de développement prend forme, une nouvelle banque de développement caractérisée par une gouvernance digne du XXIe siècle", a indiqué M. Jin.
M. Jin a ajouté qu'une gouvernance rigoureuse permettrait à la BAII d'être "rationalisée, transparente et durable".
Par "rationalisée", M. Jin entend qu'aucun poste ne sera superflu.
"Si on laisse un poste superflu aujourd'hui, il y en aura deux, puis trois, puis quatre. Une fois que les responsabilités se chevauchent massivement, il est extrêmement difficile de déterminer de qui relèvent les responsabilités. C'est pourquoi nous devons veiller à rationaliser la gouvernance", a-t-il expliqué.
M. Jin s'est engagé à adopter une approche de "tolérance zéro" face à la corruption au sein de la BAII. Il a déjà obtenu de très bons résultats à la Banque mondiale, lorsque son équipe gérait quelque 40 milliards de dollars.
"Sous mon mandat, aucun membre du personnel n'a été impliqué dans des affaires de corruption. Aucun n'a été mis en prison, car j'ai appliqué une politique de lutte contre la corruption. Ce sont les actes, et non les paroles, qui comptent. C'est le fait d'appliquer très strictement la politique. Si le chef n'est pas corrompu, personne n'ose l'être. C'est la clé", a déclaré M. Jin.
La BAII sera dirigée par une équipe de premier ordre, car elle adoptera une procédure de recrutement universel, une caractéristique inédite de la BAII par rapport aux banques de développement multilatérales existantes qui sera la garantie fondamentale de son succès, a ajouté M. Jin.
"Nous ne rejetons aucune candidature de ressortissants de pays non membres. Nous ne rejetons pas des professionnels hautement qualifiés juste à cause de leur passeport. Nous ne rejetons aucune entreprise qui pourrait nous aider à développer les infrastructures sous prétexte qu'elles ne viennent pas de pays membres", a souligné M. Jin.
Evoquant la relation entre la BAII et la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement et d'autres banques de développement multilatérales, M. Jin a indiqué que la BAII n'était pas leur rivale et coopérait très bien avec ces institutions à l'heure actuelle.
"Nous espérons que la BAII stimulera également le processus de réforme de ces institutions", a-t-il ajouté.
M. Jin a également déclaré que la BAII n'avait pas été créée seulement pour l'initiative "Ceinture et Route", mais qu'il s'agissait d'une banque visant à soutenir tous les pays en développement en Asie.
"Bien sûr, certains pays de la zone de l'initiative "Ceinture et Route" sont membres de la banque, et nous devrons bien évidemment les soutenir, mais nous ne négligerons pas pour autant les pays qui ne sont pas membres", a-t-il indiqué.
Les équipes professionnelles de la BAII travaillent sur une première série de projets qui pourraient être lancés au deuxième trimestre de 2016, a indiqué M. Jin.