Dernière mise à jour à 08h52 le 18/02
Alors que les sessions annuelles de l'Assemblée populaire nationale (APN, Parlement chinois) et de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) auront lieu début mars à Beijing, les fondamentaux économiques de la Chine "restent solides à long terme", a indiqué le sinologue français Pierre Picquart dans une récente interview écrite exclusive à Xinhua.
La Chine s'oriente vers de "profondes mutations". Elle est entrée dans une nouvelle ère de "normalité" économique. Malgré la pression à la baisse de la croissance et la volatilité des marchés financiers, il y a un cap majeur pour l'économie chinoise, a indiqué M. Picquart.
Plutôt que d'entretenir une croissance rapide au prix d'une détérioration de l'efficacité, il s'agira pour la Chine de réaliser un développement "plus rapide et plus équilibré", a ajouté le sinologue français.
Avec la coïncidence de l'entrée du 13e Plan quinquennal chinois (2016-2020), les sessions de l'APN et de la CCPPC "seront vitales pour la Chine", a souligné M. Picquart, faisant remarquer que les sujets qui l'intéressent notamment sont "l'innovation scientifique et technologique". Le bien-être du peuple devrait être favorisé, lequel constitue "un des axes essentiels du développement économique", a-t-il poursuivi.
Il est important d'engager de nouveaux moteurs de croissance économique. Il faut poursuivre l'effort pour coordonner le développement des diverses provinces et réajuster favorablement les écarts structurels entre les zones urbaines et rurales, a estimé le sinologue.
Selon lui, face aux défis, l'enjeu est bien "structurel". Tout en stabilisant la croissance, il faut planifier un développement durable à long terme. La réforme doit "favoriser la consommation" et "s'ouvrir davantage aux capitaux étrangers". Il s'agit aussi de se concentrer sur une "offre de meilleure gamme". Il faut promouvoir la restructuration industrielle, réduire les coûts des entreprises, développer les secteurs émergents et modernes, et accroître l'offre en services et en biens publics. Cela promouvra la restructuration économique et dynamisera la productivité, a-t-il dit.
La transition économique chinoise implique des réformes clés, une forte volonté politique, l'appui des entreprises et du peuple. Elle ne peut être envisagée que sur la base d'une "croissance saine et durable". Il s'agit de bâtir un monde plus juste, où la croissance sera respectueuse de l'environnement et du bien-être des peuples, a-t-il expliqué.
La modernité, ce n'est plus "une croissance aveugle à tout prix". C'est une croissance "coordonnée et équilibrée" avec un développement mieux réparti sur les territoires. C'est une économie réelle plus respectueuse des peuples et de l'environnement. C'est une économie plus juste et ouverte qui promeut le bien-être, avec des innovations sociales, technologiques, numériques et scientifiques, toujours selon M. Picquart.
D'après lui, le rôle de la Chine est "essentiel" sur le plan économique et financier au regard du monde entier. L'impact de la Chine sera de plus en plus important, car les réformes structurelles engagées et à venir façonneront et influenceront le monde de demain.
"Face aux incertitudes conjoncturelles et aux événements économiques, financiers et géopolitiques qui évoluent de plus en plus rapidement, l'humanité a besoin de paix, de stabilité, de sécurité, de progrès économique et de respect de l'environnement. En respectant les modèles des autres nations, la Chine sera une opportunité au niveau planétaire et elle influencera des engagements plus paisibles et plus équitables", selon le sinologue.
"Depuis quelques dizaines d'années, la Chine a connu un développement inouï, favorable et spectaculaire", a estimé Pierre Picquart. Ce succès qui est dû à sa gestion, à sa vision, à ses remises en question, à son évolution constante, lui a permis de se relever sur tous les niveaux et de se réformer avec une population imposante. "La Chine est sur la bonne route pour mener à bien ses réformes économiques et sociales", s'est félicité M. Picquart.
"La Chine a beaucoup appris d'elle-même, du monde et de l'histoire. Elle sait analyser, évaluer, évoluer, anticiper, réformer, se remettre en question", a relevé le sinologue français.
La Chine "vise le progrès de l'humanité". La Chine est visionnaire et pragmatique. Elle ne copie pas des modèles connus. Elle s'adapte aux transitions du monde, tout en favorisant la croissance, les valeurs humanistes, le progrès social et humain, la modernité, la paix et l'éducation. "Elle est une force de progrès et de paix dans le monde", a conclu M. Picquart.