Dernière mise à jour à 13h56 le 30/03
La Chine poursuivra son élan et continuera ses réformes structurelles économiques en 2017, dans le but d'offrir davantage d'opportunités à la croissance mondiale.
L'approfondissement des réformes structurelles de l'offre, visant à parvenir à une croissance stable à moyen et à long terme, restera au centre du travail du gouvernement chinois, selon le rapport de travail annuel, qui a fixé à environ 6,5% le taux de croissance du PIB pour 2017.
RÉFORMES STRUCTURELLES
Les réformes chinoises de l'offre ont démarré en 2016. Parmi les efforts prévus, on retrouve la réduction des capacités qui passera cette année de l'industrie du charbon et de l'acier à des secteurs tels que les centrales au charbon, les matériaux de construction, ainsi que les métaux non ferreux, a déclaré le 6 mars la Commission nationale de développement et de réforme (CNDR).
Le rapport de travail du gouvernement appelle le marché à jouer un rôle décisif et le gouvernement à mieux gérer la distribution des ressources pour assurer le progrès du secteur.
"Pour faire face aux goulets d'étranglement bloquant la croissance à moyen et à long terme, les réformes de l'offre sont nécessaires en vue d'une croissance durable en Chine", a déclaré Selcuk Colakoglu, directeur des études sur l'Asie-Pacifique de l'Organisation internationale de recherche stratégique, basée à Ankara.
Selon l'ancien vice-ministre indonésien des Affaires étrangères, Dino Patti Djalal, "la modernisation économique qui en résultera apportera davantage d'opportunités à la croissance mondiale".
On pense que les changements se produiront directement et rapidement dans les futurs prix sur le marché mondial, en particulier sur les produits en vrac, du fait que la Chine est la deuxième économie mondiale et le plus grand consommateur et producteur de charbon.
Par exemple, les réformes de l'offre en Chine ont contribué l'année dernière à une hausse des prix de l'aluminium.
"Cette réforme nous permet à tous les membres de l'industrie d'avoir une situation plus saine, étant donné les nouveaux niveaux de prix", a déclaré à Xinhua Vladislav Soloviev, PDG du groupe russe RUSAL, géant mondial d'aluminium, lors du Forum économique mondial (FEM) qui s'est tenu en janvier dernier à Davos, en Suisse.
Il a attribué l'envolée des prix à une demande croissante sur tous les marchés, notamment la Chine, et s'est dit convaincu des bénéfices à venir des réformes chinoises.
"Le marché croît, alors qu'est menée la réforme économique, il y a beaucoup de réformes dans les infrastructures (...) C'est pour cela que nous sommes très optimistes quant à la demande à venir, mais aussi sur les joint-ventures avec les entreprises chinoises", a-t-il déclaré.
PLACE A L'INNOVATION
La priorité chinoise est de transformer et de moderniser l'économie réelle, afin de libérer le potentiel pour une croissance durable. Le rapport de travail du gouvernement exige l'innovation en premier lieu, encourageant de nouveaux concepts, modes de gestion et technologies.
"Les problèmes dans l'économie réelle résident dans l'absence d'innovation", a déclaré Zhou Guohui, député de la 12e Assemblée populaire nationale (APN, Parlement chinois) et chef du département provincial de science et de technologie du Zhejiang (est).
Selon lui, l'innovation met l'accent sur le développement des industries nouvelles et de haute technologie afin d'ouvrir davantage d'espace de croissance et de transformer les industries traditionnelles grâce aux technologies informatiques.
Les réformes ont été difficiles pour une économie en développement comme la Chine, se transformant en une importante économie numérique et un moteur de la production mondiale, a déclaré Joe Kaeser, PDG du géant allemand Siemens.
Outre les nouvelles technologies, l'innovation concerne également la formation de la main-d'œuvre, a indiqué M. Kaeser, ajoutant que les Allemands aimeraient partager leur expérience en la matière puisque l'Allemagne a mené une transition économique en douceur dans les années 1950 et 1960.
"Nous sommes impatients d'apporter des logiciels de fabrication modernes à la fabrication chinoise afin qu'elle soit plus efficace, de plus haute qualité et de plus grande envergure", a ajouté le PDG de Siemens.
Le monde espère voir la montée en gamme de la fabrication chinoise, qui est non seulement vitale pour la Chine mais aussi pour la croissance mondiale, entravée par le climat d'incertitudes, principalement en raison de la morosité de la reprise économique mondiale et de la vague anti-mondialisation et protectionniste dans certains pays occidentaux.
"Le niveau de croissance prévu aidera à maintenir la contribution de la Chine à la croissance mondiale à environ 30%, ce qui serait en mesure d'éviter une dépression économique à l'échelle mondiale", a déclaré Mikhaïl Déliagine, directeur de l'Institut russe pour les questions de mondialisation.
L'économiste indonésien Yudhoyono Firmanzah, ancien conseiller économique à la présidence, a signalé qu'en tant que plus grand partenaire commercial de l'Indonésie, chaque point de croissance du PIB chinois se traduirait par 0,3% de croissance dans le pays d'Asie du Sud-Est.
PRIORITE A L'ECONOMIE VERTE
La protection de l'environnement a été retenue comme un facteur clé dans la modernisation économique chinoise, afin de répondre à la demande urgente du peuple pour un meilleur environnement, en particulier un air plus propre.
Par ailleurs, la protection de l'environnement est une force motrice, a estimé M. Zhou. Ainsi, la réduction de la consommation de charbon a permis d'améliorer l'efficacité énergétique.
Selon les données officielles, une chute continue de la consommation de charbon a été constatée au cours des trois dernières années en Chine, avec une consommation d'énergie toutefois en hausse de 1,4% pour une croissance de 6,7% l'année dernière.
Cette année, la Chine prévoit de fermer, d'arrêter et de retarder la capacité de production des centrales thermiques à charbon d'au moins 50 millions de kw au total, tout en réduisant la capacité de production de charbon de plus de 150 millions de tonnes.
Dans un sens plus large, cela signifie que la Chine contribuera davantage à la lutte mondiale contre le changement climatique.
Macharia Munene, spécialiste des relations internationales à Nairobi, a salué le dernier effort chinois pour relever les défis environnementaux.
En effet, la Chine prend des mesures innovantes, telles que l'introduction des technologies vertes, pour atténuer les changements climatiques et réduire la pollution atmosphérique, a-t-il fait remarquer.
L'économie chinoise se dirige vers "une économie plus légère, une économie moderne, ce qu'on peut également constater dans le mix énergétique chinois", a déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie.
"Je pense que certaines réformes et certaines mesures que la Chine est en train de prendre peuvent aussi être une source d'inspiration pour d'autres pays dans le monde", a ajouté M. Birol, tout en notant un ralentissement de la croissance de la demande en énergie, ainsi que le développement rapide des énergies propres en Chine.