Dernière mise à jour à 08h46 le 30/09
Le miracle économique de la Chine peut être déroutant pour de nombreux Occidentaux, de même que le pays est souvent opposé à la conception traditionnelle de ce qu'est le socialisme, allant à l'encontre de la théorie politique et économique standard.
Alors que de nombreux pays occidentaux continuent de stagner, la Chine maintient une croissance stable. Cela est dû à la direction forte du Parti communiste chinois (PCC), qui est considérablement différente du système occidentaux où de multiples partis assurent le pouvoir à tour de rôle, souvent à la suite d'un parcours parsemés de querelles politiques.
A l'approche du 19e Congrès national du PCC, l'Occident doit décoder le miracle économique de la Chine qui offre un aperçu du futur de la Chine et du monde.
UN PARTI MARXISTE MODERNE
L'Occident se demande depuis longemps comment une civilisation ancienne peut se moderniser si rapidement sous la direction d'un parti marxiste. Certains ont attribué par erreur cette modernisation au succès du néolibéralisme.
Yuan Fangcheng, professeur de la faculté des études politiques et internationales de l'Ecole normale supérieure du Centre de la Chine, est convaincu que le succès de la Chine ne repose pas seulement sur son miracle économique, mais aussi sur des bases politiques.
La direction forte du PCC et sa représentation large ont garanti un ordre politique stable et un climat de développement favorable, selon M. Yuan.
Chen Shuguang, professeur de l'école du Parti du Comité central du PCC, se fait l'écho de ces analyses, indiquant qu'un des avantages majeurs du système politique chinois consiste en sa capacité de formuler des projets de développement à long terme et de les mettre en application de manière efficace.
Le PCC a montré de la constance dans ses engagements et dans ses prises de décisions tout en s'adaptant aux changements des conditions nationales et internationales.
"Le PCC a effectivement évité les actions à court terme et la "vetocratie" durant sa gouvernance, assurant ainsi la cohérence et la stabilité des politiques et des stratégies nationales", a expliqué M. Chen.
Le scientifique politique Samuel Huntington avait indiqué que pour les pays du Tiers Monde, la voie vers la modernisation était pavées de bouleversements et de conflits, et que les organisations politiques cherchant la modernisation étaient essentielles pour faire avancer et maintenir la stabilité du processus de modernisation.
Le PCC correspond exactement à cette définition et est la première et la principale réponse aux mystères qui se cachent derrière le miracle chinois.
COMMENT UNE ECONOMIE DE MARCHE SOCIALISTE PEUT ETRE PLEINE DE VITALITE
Certains, en Occident, pensent que la coexistence d'un système politique socialiste et d'une économie de marché est un paradoxe, mais le succès du modèle chinois les désoriente.
Mais simplement mettre les deux concepts en opposition, c'est ignorer le potentiel énorme et la force cachée derrière une telle démarche.
"Le système socialiste et l'économie de marché ne sont pas incompatibles par nature", a expliqué M. Chen.
Depuis les années 80, la Chine et d'autres pays socialistes ont tous pris des initiatives de réforme mais emprunté de voies différentes. Le PCC a cherché à combiner la force de son système politique avec les principes du marché.
La clé d'un tel succès est un bon équilibre entre les rôles du gouvernement et du marché.
Une décision de réforme prise en 2013 a indiqué que l'objectif de la Chine était de laisser le marché jouer un rôle "décisif" dans la distribution des ressources. Des analystes l'ont saluée comme étant une percée importante.
En changeant le rôle du marché de fondamental à décisif, la Chine respecte les principes de l'économie de marché, tout en accordant au gouvernement un meilleur rôle dans la régulation macro-économique.
"Le marché n'est pas omnipotent et une intervention appropriée du gouvernement est nécessaire", a noté Yan Jirong, professeur de l'école de la gouvernance de l'Université de Beijing.
Respectant une orientation stable et innovant constamment, le PCC a maintenu l'économie chinoise sur une voie durable, avec des percées réalisées dans la réforme structurelle du côté de l'offre et la formation de nouveaux moteurs de croissance.
POURQUOI UNE CHINE PROSPERE NE S'OCCIDENTALISERA PAS
Selon certaines théories politiques traditionnelles de l'Occident, il est inévitable que la Chine vise la démocratie occidentale une fois devenue riche, ou même adoptera tôt ou tard et totalement les systèmes politiques de l'Occident.
Cependant, Martin Jacques, chercheur invité de l'Ecole d'économie et de sciences politiques de Londres a indiqué dans son livre "Quand la Chine dirige le monde" que l'ascension de la Chine au rang de puissance mondiale n'emprunte pas les mêmes voies que celles suivies par les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
De nombreux Occidentaux sont convaincus que les pays modernes ne peuvent être qu'occidentaux ou occidentalisés. Cependant, la Chine est très différente des autres pays modernes.
En fait, en résistant à l'occidentalisation, la Chine a sa propre logique, actuelle mais aussi historiquement parlant.
Depuis l'époque ancienne, la Chine a toujours respecté l'idée d'une répartition égale des richesses au sein de la population, faisant ainsi écho aux valeurs socialistes. Pour cette raison, le Marxisme, bien qu'il soit originaire de l'Occident, est conforme à la culture chinoise. Il est bien accepté par les Chinois et n'arrête pas de se siniser.
Le PCC voit le peuple, non le capital, comme étant le facteur le plus important dans la société, et le Parti représente toujours les intérêts de la majorité absolue du peuple chinois. Cela explique pourquoi le PCC est différent des autres partis et pourquoi il ne s'occidentalisera pas.
Au cours des 40 dernières années, l'économie chinoise a dépassé celle du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne et du Japon, et plus de 700 millions de personnes sont sorties de la pauvreté, un véritable miracle économique moderne.
Le PCC a fixé pour la Chine l'objectif de devenir une société modérément prospère sous tous ses aspects en 2020.
Les leçons des échecs passés sont encore vifs dans les pays qui ont cherché à embrasser le modèle occidental. Dans leur quête de l'occidentalisation, ils n'ont pas su prendre en considération les réalités nationales, plongeant souvent leurs pays dans le chaos.
La Chine ne prend pas parti entre l'Est et l'Occident, elle trace plutôt sa propre voie de développement dans le cadre d'un paysage global en mutation. C'est en soi sa contribution au développement politique de l'humanité.
"La non-occidentalisation est le reflet la confiance nationale de la Chine, ainsi que de sa propre logique", a indiqué Zheng Changzhong, expert de l'édification du Parti de l'Université de Fudan à Shanghai.
COMMENT UNE CHINE MONTANTE INFLUENCE LE MONDE
A l'époque où nombre de pays occidentaux sont aux prises avec leurs économies moroses, les turbulences sociales et le populisme, les analystes à travers le monde ont exercé leurs regards sur l'impact mondial de la montée de la Chine.
The Financial Times a décrit la montée de la Chine comme étant le plus important événement de l'époque, notant que le renouveau d'un pays représentant un cinquième de la population mondiale aurait des implications profondes.
Quand, il y a deux siècles, Napoléon Bonaparte a qualifié la Chine de lion endormi, il a indiqué que le lion ferait trembler le monde lorsqu'il s'éveillerait".
Cependant, le président chinois Xi Jinping a noté que le lion éveillé de la Chine était une créature "pacifique, plaisante et civilisée", sans aucune intention de menacer qui que ce soit.
Au lieu de faire trembler le monde, la Chine apporte des opportunités, renforce ses engagements avec les autres pays et contribue à la paix et à la prospérité du monde.
La Chine passe de la parole aux actes. La Chine qui auparavant ne fournissait que des produits, offre actuellement des solutions mondiales. Avec sa notion d'une communauté de destin et son initiative "la Ceinture et la Route", elle cherche à créer un monde plus équitable et équilibré. L'ascension de la Chine ne se fait pas à son seul bénéfice, mais au bénéfice du monde entier.