Dernière mise à jour à 11h25 le 06/10
Alors que débute ce jeudi la 120ème édition du Mondial Paris Motor Show avec une importance marquée à l'égard de la voiture électrique, l'institution de stratégie et de prospective France Stratégie, rattachée au Premier ministre français, a récemment publié une note d'analyse portant sur l'avenir possible de la voiture électrique en Chine.
L'étude souligne que si la Chine ne produisait "qu'une poignée de véhicules électriques" en 2009, elle en écoulera "plus d'un million" en 2018, "s'adjugeant ainsi une bonne moitié des ventes mondiales". Selon France Stratégie, la Chine "a réussi à créer de toutes pièces une filière industrielle dont l'essor spectaculaire pourrait à terme rebattre les cartes du marché mondial de l'automobile".
Les ventes de voiture électrique en Chine ont bondi, passant de 4 200 unités en 2011 à plus de 600 000 en 2017 et pour les sept premiers mois de 2018, les ventes ont doublé par rapport à la même période de 2017.
France Stratégie explique que "la Chine fait mieux aujourd'hui que les sept pays suivants réunis : États-Unis, Japon, Norvège, Royaume-Uni, France, Allemagne et Suède. Signe de cette percée spectaculaire, les véhicules électriques représentent désormais plus de 10 % des ventes de voitures neuves dans les métropoles de Beijing, Shanghai et Shenzhen, une proportion qui ne trouve d'équivalent que dans quelques villes pionnières en Californie ou en Norvège".
Selon l'analyse française, la Chine "n'a pas ménagé ses efforts", fixant les objectifs de production, multipliant les subventions à l'achat, encourageant les joint-ventures avec des entreprises occidentales, érigeant des barrières protectionnistes. "Un écosystème a surgi de terre, entièrement tendu vers l'émergence de champions nationaux. Car si la diffusion du véhicule électrique doit contribuer à dépolluer les villes et à réduire la dépendance aux importations d'hydrocarbures, elle vise surtout, dans l'esprit des dirigeants, à donner naissance à une nouvelle filière industrielle - avec l'ambition d'en devenir le leader mondial", explique l'analyse.
"La mobilité électrique, qui remet tous les constructeurs automobiles sur un pied d'égalité, offre de fait à la Chine l'occasion de prendre un raccourci technologique, en faisant l'impasse sur le thermique", indique également France Stratégie, qui précise que compte tenu de sa domination dans le secteur clé des batteries, la Chine peut esquisser aujourd'hui "un tournant stratégique" : "fin de l'obligation des partenariats locaux pour les sociétés occidentales, baisse des taxes à l'importation, arrêt programmé des subventions à l'achat de voitures électriques, établissement de quotas de production de voitures électriques, réduction des barrières douanières".
Évoquant le "gigantisme du marché intérieur", la politique chinoise en la matière "pourrait bien contraindre les constructeurs occidentaux à revoir leur positionnement, d'abord sur le marché chinois, et sans doute à terme sur l'échiquier mondial", conclut France Stratégie.