Dernière mise à jour à 16h20 le 30/05
Selon des analystes, la Chine préfère s'appuyer sur les forces du marché pour déterminer la valeur du yuan plutôt que de défendre sa monnaie en puisant dans ses réserves de change de 3 000 milliards de dollars au milieu de désaccords commerciaux.
Le Trésor américain a annoncé le 29 mai qu'il ne pouvait pas qualifier la Chine de « manipulateur de monnaie » après que Washington a récemment mis sous surveillance les performances du yuan.
D'après le rapport semestriel sur les changes du gouvernement américain au Congrès des États-Unis, aucun élément de preuve n'a pu attester que les autorités monétaires chinoises soient intervenues sur les marchés des changes au cours des derniers mois.
Le rapport de mai a résumé que la croissance chinoise semblait se stabiliser grâce aux mesures de soutien récemment renforcées.
Le rapport a étendu le nombre de pays surveillés pour manipulation des devises à 21 pays contre 12 auparavant. Les pays ayant un excédent commercial avec les États-Unis équivalant à 2% du PIB ont été mis sur la liste de surveillance, contre un chiffre de 3% auparavant.
La Chine n'a pas rempli les critères de « manipulateur de devises » énumérés par le Trésor américain, mais Washington continuera à évaluer les performances du yuan compte tenu du fort excédent commercial de la Chine avec les États-Unis, a indiqué le rapport.
Le Trésor américain a retiré l'Inde de la liste de surveillance, tandis que Singapour, la Malaisie et le Vietnam y ont été ajoutés.
Selon Andrew Fennell, principal analyste souverain pour la Chine chez Fitch Ratings, « Les autorités chinoises n'ont pas utilisé le taux de change lors des cycles d'assouplissement antérieurs pour soutenir la croissance, ce qui pourrait poser un risque de stabilité macroéconomique ».
La deuxième économie mondiale a maintenu ses réserves de change à 3 095 milliards de dollars à la fin du mois d'avril. Par ailleurs, d'après l'Administration d'État des changes, le montant des réserves était stable, bien qu'il ait légèrement reculé par rapport aux 3 098 milliards de dollars enregistrés fin mars.
Li Yang, directeur de l'Institution nationale des finances et du développement de l'Académie chinoise des sciences sociales, a déclaré qu'il était peu probable que la Chine sacrifie ses réserves de change pour défendre sa monnaie, même si la pression de la dépréciation augmentait face à une escalade des tensions commerciales.
En mai, le taux de change du yuan à l'étranger par rapport au dollar américain avait chuté de plus de 3% sous la pression du marché, les investisseurs mondiaux s'inquiétant de l'escalade des conflits commerciaux.
Guo Shuqing, secrétaire du Parti à la Banque populaire de Chine, la banque centrale, a noté le 27 mai que les droits de douane plus élevés imposés par les États-Unis sur les importations en provenance de Chine avaient provoqué la volatilité des marchés financiers, qui avait également affecté le yuan à l'étranger.
La dépréciation de la monnaie a été purement causée par les forces du marché et la Chine n'a jamais pris de mesure pour dévaluer délibérément la monnaie afin de rendre ses exportations plus attractives, a affirmé M. Guo, qui est également président de la Commission de réglementation du secteur bancaire et des assurances de Chine.
Selon M. Guo, la fluctuation à court terme du taux de change du yuan est normale et la dépréciation ne durera pas longtemps compte tenu de la stabilité de la base de croissance économique. « Toute activité spéculative visant à court-circuiter le yuan subira des pertes énormes », a-t-il averti.
La référence de négociation quotidienne du yuan, ou parité centrale pour les transactions à l'étranger, s'est stabilisée autour de 6,89 pour un dollar pendant huit jours à compter du 20 mai, et les observateurs du marché ont déclaré que la pression de la dépréciation axée sur le marché perdait de la vitesse.
Yi Gang, le gouverneur de la banque centrale, a souligné à plusieurs reprises que la Banque de Chine avait cessé toute intervention directe sur les marchés des changes et que les performances du yuan étaient principalement influencées par les forces du marché.