L'ancien directeur du renseignement national américain, ancien chef du Commandement américain du Pacifique, l'amiral Dennis Blair, a récemment écrit un article publié dans un journal politique américain, disant que l'acquisition de la société A123 par la société chinoise Wanxiang est une opération gagnant-gagnant et ne constitue pas un danger.
Le point de vue de l'amiral Blair corrobore une décision d'un tribunal de commerce américain. Ce tribunal a approuvé la transaction, car cette transaction présente des avantages évidents pour les employés, les clients et les créanciers d'A123. Wanxiang est actuellement en attente de la décision définitive du Comité pour l'investissement étranger aux États-Unis (Committee on Foreign Investment in the United States, CFIUS). En tant qu'ancien directeur du renseignement national, l'amiral Blair a sa place dans l'organe de décision du CFIUS. Pour ce qui est de déterminer si tel ou tel investissement est préjudiciable ou non à la sécurité des Etats-Unis, ses conclusions devraient faire autorité.
Ces dernières années, de plus en plus d'entreprises chinoises se sont lancées dans des investissements aux Etats-Unis. Accueillir les investissements chinois fait d'ailleurs consensus, du Gouvernement fédéral des États-Unis aux gouvernements locaux. Cependant, dans la pratique, les investissements chinois rencontrent de nombreuses barrières pour des raisons de sécurité. Les soi-disant arguments comme « les technologies financées par les contribuables américains ne doivent pas tomber entre les mains d'entreprises chinoises », « c'est une acquisition qui constitue une menace pour la sécurité nationale » n'ont jamais disparu. Et c'est ainsi que beaucoup d'investissements potentiels ont été étranglés au berceau. Cette situation a fortement limité l'ampleur des flux d'investissement chinois vers les États-Unis. Jusqu'à aujourd'hui, 90% des investissements chinois à l'étranger sont concentrés dans des pays en développement, les investissements chinois aux Etats-Unis sont inférieurs à 0,1% du total des investissements étrangers dans ce pays.
Le Gouvernement américain est fortement désireux de créer des emplois, de favoriser la reprise économique, et à ce que davantage d'emplois manufacturiers restent aux Etats-Unis. Le potentiel de croissance des investissements chinois est bénéfique et sans danger pour les Etats-Unis. Aux États-Unis, beaucoup de personnes n'hésitent pas à faire remarquer que si certains législateurs américains brandissent le bâton de la « sécurité nationale », ce n'est pas du fait d'une réelle inquiétude pour la sécurité nationale des États-Unis, mais parce qu'ils ne peuvent pas s'adapter aux changements qui se produisent dans les relations économiques américano-chinoises.
Les relations économiques sino-américaines sont à un tournant. Bien que, tant en ce qui concerne la structure économique et la structure industrielle, la complémentarité et la coopération entre la Chine et les Etats-Unis soit encore très forte, mais l'aspect concurrentiel du commerce sino-américain a commencé à émerger. Du fait que la Chine grimpe vers le sommet de la chaîne de valeur dans le haut de gamme, la Chine dispose aujourd'hui de sociétés possédant des avantages techniques qui investissent aux Etats-Unis, faisant peser une pression concurrentielle sur les États-Unis, et portant atteinte à certains groupes d'intérêt. Ces dernières années, des sociétés chinoises possédant des technologies et un avantage concurrentiel ont ainsi fréquemment rencontré des barrières pour des « raisons de sécurité ». Ces égoïstes qui s'opposent à ce que les entreprises chinoises investissent aux États-Unis semblent oublier que ce sont les consommateurs qui sont les bénéficiaires d'une concurrence saine et de la promotion du développement des entreprises, et que la concurrence elle-même est depuis toujours partie intégrante de la culture de la société américaine.
Des relations commerciales et d'investissement sino-américaines équilibrées et en croissance jetteront des bases solides pour la prospérité des deux pays. L'approfondissement de la coopération sino-américaine dans le domaine de l'investissement constitue d'ailleurs actuellement, pour les gouvernements américain et chinois, une de leurs priorités dans les domaines économique et commercial. Renforcer la coopération en matière d'investissements nécessite un environnement marqué par l'égalité et l'ouverture ; l'égalité et l'ouverture ne sont pas une voie à sens unique. La Chine et les États-Unis ont lancé de nouvelles négociations bilatérales pour un accord sur la protection des investissements, les États-Unis doivent adopter une attitude plus ouverte envers les investissements chinois.
La coopération économique est une sorte de « ballast » pour les relations sino-américaines. Cultiver un environnement d'investissement ouvert, équitable et transparent, permettra non seulement à ce « ballast » de jouer un rôle stabilisateur, mais cela aura également un impact positif sur l'atmosphère des relations sino-américaines dans leur ensemble.
Le Quotidien du Peuple (27 décembre 2012, Edition 03)
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