Selon un sondage publié jeudi, les États-Unis et la Chine se considéreraient plus comme des concurrents que comme des partenaires ou des adversaires ; pour la majorité des personnes sondées par l'enquête, une relation forte est d'ailleurs une « priorité importante ».
L'enquête US-China Security Perceptions, publiée par la Fondation Carnegie pour la paix internationale et l'Association chinoise pour la promotion de la culture stratégique, a montré que 45% de la population chinoise et une nette majorité de l'élite chinoise considèrent les Etats-Unis comme un concurrent. Cette étude définit l'élite comme étant composée de représentants du gouvernement, d'universitaires, de chefs d'entreprise, d'experts militaires et de médias.
Seulement 15% de la population des États-Unis et 12% de la population chinoise considèrent l'autre pays comme un adversaire.
Les chiffres sont plus faibles dans l'élite américaine, où 2% des officiels du gouvernement et 1% des chefs d'entreprise voient la Chine comme un adversaire.
Dans toutes les catégories, la majorité des répondants aux États-Unis et en Chine considèrent l'autre pays comme un concurrent, alors qu'une minorité dit que l'autre nation est un partenaire.
L'une des conclusions les plus troublantes du rapport est « un niveau élevé de méfiance à la fois parmi l'élite et le public des deux pays envers l'autre », a déclaré Michael Swaine, principal auteur du rapport et analyste sur les questions de sécurité chinoises à la Fondation Carnegie.
Seulement 26 % de la population des États-Unis estime que l'on peut faire confiance « beaucoup/assez », à la Chine et 13 % de la population chinoise a dit la même chose à propos des États-Unis, selon les données. Les auteurs ont noté que les niveaux de confiance étaient légèrement plus élevés chez les jeunes et les chercheurs des deux pays.
D'autre part, « il y a une forte reconnaissance de la nécessité pour les deux pays d'améliorer leurs relations et de coopérer plus profondément », a déclaré M. Swaine mercredi, lors d'une conférence de presse sur l'enquête.
81 % des officiels du gouvernement américain et 94 % de ses médias estiment que la construction d'une relation forte entre les pays est une priorité importante, et il en est de même pour la majorité des officiels et du personnel des médias chinois.
Luo Yuan, Vice-président de l'Association chinoise pour la promotion de la culture stratégique, a déclaré que la confiance mutuelle est un facteur important pour développer un nouveau type de grandes relations de pouvoir entre les deux pays.
« Ce n'est plus le jeu à somme nulle du temps de la guerre froide. Se considérer mutuellement comme des concurrents est bon pour le développement les relations bilatérales entre les deux pays », a déclaré M. Luo, le principal auteur chinois du rapport.
« Pour développer davantage de confiance mutuelle, les deux pays doivent clarifier leurs intentions. Quel est l'objectif des États-Unis quand ils se tournent vers la région Asie-Pacifique ? Quels sont les objectifs de la Chine pour son développement ? Jusqu'à présent, aucune des deux parties n'est sûre des principaux objectifs de l'autre », a ajouté M. Luo.
Il a également suggéré que les deux pays trouvent des intérêts communs et des possibilités de coopération pour améliorer leur compréhension de l'autre.
« Pour le public, les peuples des deux pays devraient avoir plus de programmes d'interaction, comme le tourisme et les échanges culturels. Les médias devraient également proposer davantage d'articles objectifs et équilibrés sur l'autre », a-t-il dit.
L'enquête a été menée au milieu de l'année dernière parmi 1 004 adultes américains représentant le grand public et 305 de l'élite américaine. En Chine, 2 597 adultes chinois représentant le grand public ont été interrogés et 358 de l'élite.
Au sujet du leadership mondial, la majorité des répondants ont dit qu'ils estimaient que leur propre pays devrait jouer un « rôle de leadership partagé », mais un pourcentage « non négligeable » de Chinois pensent que les États-Unis devraient continuer à jouer un rôle de leader : 19 % de la population et 21 % des officiels du gouvernement.
Les réponses chinoises ne « présentent en aucune manière ce point de vue de désir de remplacer les Etats-Unis comme la superpuissance mondiale », a déclaré M. Swaine.
Les résultats pourraient refléter, a dit M. Swaine, le fait que les Chinois ne pensent pas que Beijing soit à l'heure actuelle capable d'être le seul leader, et pourraient aussi « nous dire que la croyance générale dans la pensée chinoise, c'est qu'une puissance dominante unique est une puissance hégémonique, et qu'ils ne voient pas dans ce genre de rôle pas un leadership ordinaire, mais comme un pays dominant les autres, et ils ne veulent pas voir la Chine faire cela ».