La engdarmerie et la police centrafricaines ont repris leurs patrouilles jeudi mation à Bangui, suite à un accord avec l'armée française lors d'une réunion mercredi au camp de Roux, siège de l'état-major de l'armée centrafricaine à Bangui, en présence du président centrafricain par intérim Michel Djotodia, qui a d'ailleurs fait de ces lieux sa résidence, a-t-on appris jeudi d'informations en provenance de la capitale centrafricaine.
Ces patrouilles avaient été suspendues mardi à cause d'un regain de tension dû à de graves incidents provoqués par le désarmement forcé d'ex-rebelles de la Séléka (au pouvoir) entrepris par les soldats français déployés en renfort pour appuyer la Mission internationale de soutien à la Centrafrique ( MISCA), une force panafricaine chargée de permettre la pacification et la sécurisation de ce pays plongé dans le chaos depuis la prise du pouvoir de Michel Djotodia le 24 mars dernier.
"Il y a un changement ce matin, les gens recommencent à circuler : les taxis mobiles, la piétons, les voitures civiles. On a fait sortir nos véhicules, ils sont dans les rues", a déclaré dans un entretien téléphonique à Xinhua le commandant de la gendarmerie nationale centrafricaine, le colonel Michel Narkoyo, ancien porte-parole militaire de la Séléka.
Handicapé par une capacité d'intervention limitée en raison d' un manque de matériels roulants, le corps des Forces armées centrafricaines (FACA) composée pour l'heure en majorité des ex- rebelles , qui ont renversé le régime du président François Bozizé le 24 mars 2013 après trois mois de combats, a mobilisé à l' occasion 30 hommes à bord de deux véhicules, à en croire son patron.
La concertation de mercredi est intervenue après une première journée de désarmement lundi, marquée par la mort de deux soldats français, tué lors d'un échange de tirs.
Tenue notamment au lendemain d'une visite éclair mardi à Bangui du président français François Hollande, cette réunion de plus de 4 heures a mise face à face les responsables des force de défense et de sécurité centrafricaines dont le chef d'état-major de l' armée centrafricaine, le général de brigade Ferdinand Bombayéké, et ceux de l'armée française, en présence de Djotodia, laisse entendre le colonel Narkoyo.
L'une des conclusions de cette séance de discussions réside dans la décision de reprise des patrouilles de la gendarmerie et de la police centrafricaines.
"Sans la gendarmerie et la police, ces Français-là ne peuvent rien faire. Leurs gros véhicules blindés ne peuvent pas rentrer dans les quartiers pour bien mener leurs opérations", observe Michel Narkoyo.
Le désarmement a aussi repris. Il concerne à la fois les ex- rebelles de la Séléka et d'autres groupes armés et milices actifs dans le pays, dont les anti-Balakas (anti-machettes). Ces fameux groupes d'autodéfense villageois chrétiens ont été créés du temps de Bozizé dans le but de lutter contre les coupeurs de route et qui ont pris les armes pour se défendre contre les exactions des ex-Séléka à dominante musulmane.
Pour l'heure, aucun chiffre n'est avancé sur le nombre d'ex- Séléka à désarmer. Les estimations faisaient état de 20.000 à 25. 000 combattants lors de la prise du pouvoir en mars, dont les deux tiers constitués de mercenaires tchadiens et soudanais.
Le colonel Narkoyo recense plutôt "environ 7.000 à l'arrivée à Bangui, avec moins de 100 qui sont dans les quartiers, car la quasi-totalité est présente dans les villes pour assurer la sécurité ".
L'ancien porte-parole de l'ancienne rébellion, officiellement dissoute, revendique l'adhésion à l'opération de désarmement. "Moi- même qui vous parle, je veux être désarmé", martèle-t-il.
Selon lui, même si les ex-Séléka sont responsables des violences et de l'insécurité qui règnent aujourd'hui en Centrafrique et ont causé plus de 400.000 déplacés et des milliers de morts, les exactions persistantes à Bangui et d'autres villes du pays relèvent des anti-Balakas, pour qui les communautés musulmanes jugées fidèles au nouveau pouvoir incarné par un leader lui-même musulman, sont la cible principale.
Ces groupes d'autodéfense auxquels s'ajoutent d'anciens militaires déserteurs se fondent dans la population, avec leurs armes loures et sophistiquées, dénonce Narkoyo, qui oublie cependant de se rappeler les scènes de terreur faites de massacres, d'exécutions sommaires, de viols, d'agressions, de vols à main armée et de pillages que cette même population civile a eu à subir de la part des ex-Séléka à leur arrivée au pouvoir.
A la terreur des ex-rebelles, les anti-Balakas ont répondu par d'autres actes de barbarie qui ont fini par ouvrir la voie à un conflit intercommunautaire et interreligieux entre notamment partisans de l'ancien régime et du nouveau pouvoir.
Par Raphaël MVOGO