La ministre belge de l'Intérieur, Joëlle Milquet, a entamé dimanche une visite de trois jours à Washington dans le cadre de l'analyse des politiques et techniques des Etats-Unis "contre le terrorisme et le radicalisme violent", a indiqué lundi le cabinet de la ministre.
Mme Milquet était accompagnée par la commissaire générale de la police fédérale, Catherine De Bolle, et André Vandoren, directeur de l'OCAM - Organe de coordination pour l'analyse de la menace - et coordinateur du plan de lutte contre le radicalisme. Durant cette mission, la délégation belge aura des contacts avec les autorités et services de sécurité des Etats-Unis à savoir la CIA, le FBI et le National Counter Terrorism Center, ainsi que le Département de la justice et le Département de la sécurité intérieure.
Des rencontres avec la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, et le directeur de la CIA, John Brennan, sont au programme.
Il s'agit d'un renforcement de la coordination entre Bruxelles et Washington dans la lutte contre le terrorisme et le radicalisme islamique, et ce dans le contexte de la préoccupation croissante des autorités belges face au fait que de plus en plus de jeunes Belges s'engagent dans la guerre syrienne, après avoir été recrutés par Charia4Belgium qui est considéré comme un mouvement terroriste.
Charia4Belgium, défi belge
La Belgique a mobilisé la semaine dernière plus de 200 policiers pour 48 perquisitions visant Charia4Belgium dans 11 villes, six personnes ont été privées de liberté dans cette opération.
Selon le parquet fédéral belge, Charia4Belgium était la main noire des violences qui ont suivi l'incident du Niqab du 31 mai 2012 et des actions menées suite au film "Innoncence of Muslims" les 15 et 16 septembre 2012 à Bruxelles. Depuis août 2012, des éléments de Charia4Belgium ont aussi rejoint en Syrie des groupes de combattants aux idées salafistes inspirées par Al-Qaïda et pris part à des combats, certains d'entre eux sont des mineurs d'âge.
Pour Bruxelles, le retour de ces combattants salafistes en Belgique dans le futur "implique en effet certains risques" :
-- ils peuvent y poursuivre leur radicalisation et exporter ensuite leurs idées extrémistes ;
-- ils peuvent avoir acquis une expertise militaire en Syrie (connaissance d'armes et d'explosifs et expérience du combat) qu'ils peuvent ensuite utiliser en Europe.
Avant de se rendre aux Etats-Unis, Mme Milquet a soumis vendredi dernier au Conseil des ministres un programme de prévention de la radicalisation violente, qui a pour objectif d'intervenir de manière précoce dans le processus de radicalisation. Ce programme est basé sur "un plan d'action contre les frustrations susceptibles de déboucher sur la radicalisation", "l'identification et le soutien des autorités locales dans la prévention de la polarisation et de la radicalisation violente", " la lutte contre le radicalisme sur Internet et l'organisation des contre-discours".
Les maires de certaines villes belges ont pour leur part décidé de retirer le passeport de ceux qui veulent participer à la guerre syrienne, pour les empêcher d'y aller.