Un an après son élection, le président français François Hollande, à la tête d'un pays au bord de la récession, pâtit d'un taux d'impopularité record de 74%, en dépit de nombreux efforts pour tenir ses promesses de campagne et d'un certain succès sur le plan diplomatique. Pour redresser sa cote de popularité, le président français devra miser avant tout sur l'amélioration de la situation économique du pays.
DIFFICULTES ECONOMIQUES PERSISTANTES
"J'ai accédé à la présidence de la République dans une période exceptionnelle", déclarait il y a 10 jours à la presse le chef de l' Etat français. Une situation exceptionnelle qui s' inscrit dans un contexte de crise économique persistante marquée notamment par un taux de chômage en hausse continue et une croissance atone.
Si durant la campagne présidentielle François Hollande avait annoncé que la lutte contre le chômage serait la priorité de son quinquennat, les résultats obtenus depuis lors ne prêtent guère à l' optimisme : en mars 2013, la France a enregistré pour le 23ème mois consécutif une hausse du chômage, battant le record de 1997 avec 3,224 millions de chômeurs. Selon certains analystes, ce premier bilan éloigne de plus en plus la perspective d' "inverser la courbe du chômage" d' ici fin 2013 tant défendue par le président.
L' autre grande difficulté économique à laquelle sont confrontés le président français et le gouvernement concerne la croissance et ses prévisions atones qui offrent pour l' heure peu d' espoir pour une reprise de l' emploi. Depuis son arrivée aux affaires au printemps dernier, le gouvernement socialiste de François Hollande n' a cessé de revoir à la baisse sa prévision de croissance pour 2013. Initialement estimée à 1,7 %, elle avait été ramenée à 1,2 % du PIB en juillet, puis à 0,8 % et, enfin, à 0,1 %, selon la dernière prévision gouvernementale.
Dans ce contexte, la France, qui prévoyait de ramener à 3 % du PIB son déficit l' an prochain, a bénéficié récemment de la Commission européenne d' un délai supplémentaire pour atteindre cet objectif en 2015.
Mesure phare de la politique fiscale du gouvernement socialiste, la taxation à 75 % des revenus annuels d' un million d' euros et plus pendant deux ans, vivement critiquée par l' opposition et censurée par le Conseil constitutionnel, a été modifiée. Selon le nouveau texte, le seuil d' imposition et la durée d' application ne varieront pas mais la taxe sera payée non plus directement par les contribuables mais par les entreprises qui rémunèrent certains de leurs employés à plus d' un million d' euros par an. Certains voient dans ce revirement un appauvrissement considérable du projet initial de justice sociale.
DES SUCCES DIPLOMATIQUES
Sur le front diplomatique, la première année du quinquennat de François Hollande a été marquée par quelques succès.
Le 11 janvier, la France s' est engagée dans une guerre au Mali, ce qui a mené le président Hollande à avoir des concertations étroites avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), l'Union africaine ainsi que ses partenaires du Conseil de sécurité pour obtenir leur soutien sur ce dossier.
L' image du président a également été rehaussée par la libération en avril de sept otages français enlevés au Cameroun, sans oublier la libération de Florence Cassez au Mexique en janvier.
Concernant les affaires européennes, François Hollande a appliqué une politique différente de celle de son prédécesseur, en défendant notamment une politique de croissance plutôt que de rigueur. Le président français a été conforté dans cette orientation par la présidente du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, qui reconnaissait fin janvier que "l'effet de l'austérité est plus fort que prévu", évoquant "une erreur d'appréciation". Fin avril, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, estimait à son tour que cette politique économique avait "atteint ses limites".
UN CLIMAT SOCIETAL ET MORAL DE DEFIANCE
Grande mesure sociétale du candidat Hollande, la loi sur le mariage des personnes de même sexe a été adoptée en avril. Bien que recueillant l' assentiment de 58 % des Français, selon les sondages, cette loi a suscité d' importantes mobilisations de rue parfois marquées par des violences, soulignant un fort clivage entre les Français. De plus, cette mesure est jugée par plusieurs analystes comme peu prioritaire au regard des difficultés économiques du pays.
La première année de François Hollande à l' Elysée a aussi été marquée par le scandale Cahuzac, du nom de l' ancien ministre du Budget qui a avoué détenir des comptes à l' étranger après en avoir nié ouvertement l' existence pendant quatre mois. Cette affaire a ébranlé le gouvernement et mis à mal la "République exemplaire" tant défendue par le président Hollande, accroissant la méfiance des Français vis-à-vis de la classe politique.
Malgré de nombreux efforts pour tenir ses promesses de campagne et de bonnes performances sur le plan diplomatique, la cote de popularité de François Hollande n'a cessé de chuter, en raison notamment de la dégradation continue de la situation économique et de mesures de réforme polémique.
Avec des indicateurs économiques dans le rouge, les marges de manœuvre de François Hollande apparaissent pour l' heure très minces et les résultats des grandes réformes promises pour relancer l' emploi et la croissance se font toujours attendre.
Pour plusieurs analystes, la cote de popularité de François Hollande dépendra désormais de sa capacité à résoudre les problèmes économiques et sociaux du pays.