« Gravement préoccupée » par l'escalade de la violence en République arabe syrienne et les violations graves qui continuent d'y être commises, notamment contre les enfants, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté mercredi une résolution qui demande à toutes les parties de mettre fin immédiatement aux violences.
« Indignée » par un conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts, l'Assemblée générale réitère par cette résolution son appel en faveur d'une transition politique conduite par les Syriens. Elle salue la création de la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution syriennes, « interlocuteur valable et représentatif nécessaire à toute transition politique ».
Il s'agit de la cinquième résolution relative à la situation en Syrie adoptée par l'Assemblée générale depuis 2011 et le début des affrontements entre les forces du président Bashar Al-Assad et les rebelles. Cette résolution adoptée à l'issue d'un vote qui a vu 107 pays se prononcer en faveur, 12 contre et 59 abstentions, exhorte également les autorités syriennes à accorder aux organisations humanitaires un accès sans entrave à la population.
Enfin, l'Assemblée générale condamne le recours croissant aux armes lourdes par les autorités syriennes et exige de ces dernières qu'elles permettent le déroulement de l'enquête sur les allégations d'emploi d'armes chimiques. La mission d'établissement des faits sur ces allégations, stationnée à Chypre, est en effet en l'attente de son déploiement, qui n'a toujours pas été autorisé par le gouvernement syrien.
« Au moins 80 000 personnes ont trouvé la mort depuis le début des hostilités et près d'un million et demi de personnes ont trouvé refuge dans des pays voisins », a déclaré le président de l'Assemblée générale, Vuk Jeremic avant le vote. « Nous devons empêcher que les ténèbres et le chaos ne se propagent », a-t-il asséné, alors que la crise syrienne menace toute la région.
De l'avis du président de l'Assemblée générale, il importe notamment de s'appuyer sur le Communiqué de Genève, accord conclu au mois de juin dernier par le Groupe d'action pour la Syrie et qui a reçu un nouvel élan il y a quelques jours à Moscou.
« L'heure est grave pour les Nations Unies », a averti M. Jeremic, qui a ajouté que la crédibilité morale de l'Organisation serait entamée s'il n'était pas mis fin à une tragédie, qui est en train, selon lui , « de devenir la plus terrible de notre temps ».
« Cette résolution conduira à une escalade de la crise et ne fera qu'alimenter la violence en Syrie », a répondu le délégué syrien, Bashar Ja'afari, qui a dénoncé la reconnaissance d'une faction externe de l'opposition comme « représentante légitime du peuple syrien », alors qu'elle est divisée et ne représente pas toute l'opposition.
Dénonçant les attentats terroristes commis en Syrie, M. Ja'afari a affirmé que des milliers de terroristes extrémistes ont été envoyés en Syrie de l'étranger, grâce à l'aide des services de renseignements de certains États, pour créer un « Califat islamiste et djihadiste ». « Mon gouvernement est sincère dans sa volonté d'arriver à un processus de dialogue national mené par les Syriens eux-mêmes », a affirmé le représentant.
Enfin, parmi la trentaine de délégations à avoir pris la parole, certaines ont jugé « contreproductif » l'adoption de cette résolution au regard de l'annonce faite le 8 mai dernier par le ministre des Affaires étrangères de la Russie, Sergei Lavrov, et le secrétaire d'état américain, John Kerry, d'organiser une conférence internationale en vue de trouver une solution politique en Syrie.