Trois membres éminents du gouvernement français, à savoir la ministre française de la Justice, Christiane Taubira, et ses homologues à l'Intérieur et à l'Economie, Manuel Valls et Pierre Moscovici, ont fermement nié mardi tout dysfonctionnement gouvernemental dans l'affaire Cahuzac.
Auditionnés par la commission d'enquête parlementaire chargée de révéler d'éventuels "dysfonctionnements dans l'action du gouvernement et des services de l'Etat", les trois ministres ont démenti avoir eu connaissance d'une quelconque fraude fiscale commise par l'ex-ministre du Budget, Jérôme Cahuzac.
"Que ça vous étonne ou que ça vous déplaise (...), je n'ai jamais parlé de cette affaire ni avec M. Valls ni avec M. Moscovici ni avec M. Cahuzac ni avec personne d'autre", a déclaré la ministre de la Justice.
"Ma responsabilité, c'est que la justice fonctionne. Et il se trouve qu'elle a bien fonctionné, qu'elle a été efficace, qu'elle a été diligente", a-t-elle ajouté, devant le président de la commission, Charles de Courson (centre), et son rapporteur, Alain Claeys (gauche).
Même son de cloche chez ses confrères. M. Moscovici, qui a été le ministre de tutelle de M. Cahuzac, a insisté sur la "probité" de son administration, se déclarant "irréprochable".
Le ministre de l'Intérieur a souligné qu'"intervenir (pour couvrir les agissements de M. Cahuzac) aurait été une pratique d'un autre temps", tout en niant lui aussi avoir parlé de cette affaire avec M. Moscovici et Mme Taubira.
M. Valls a encore assuré ses interlocuteurs qu'il n'avait "jamais disposé d'aucun élément oral ou écrit démontrant que M. Cahuzac avait un compte à l'étranger ou en Suisse".
Malgré ces dénégations de trois ministres du gouvernement socialiste au pouvoir en France, l'opposition ne l'a pas entendu de cette oreille.
"Bien entendu qu'à la tête de l'Etat, on savait ce qui s'est passé, et lorsque l'on prétend que l'on a rien vu, que l'on a fait simplement confiance à la justice, on se moque des Français", s'était exclamé mardi matin le député de l'Union pour un mouvement populaire (UMP, droite), Bernard Accoyer.
M. Cahuzac a été amené à démissionner de ses fonctions ministérielles, le 19 mars dernier, à la suite d'un scandale lié à sa possession d'un compte bancaire secret à l'étranger, faisant par la suite l'objet d'une information judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale.
La commission d'enquête parlementaire chargée d'identifier les dysfonctionnements du gouvernement dans son traitement de l'affaire Cahuzac a été formée à la demande de Jean-Louis Borloo, leader de l'Union des démocrates et des indépendants (UDI, centre). Composée de 30 députés aux affiliations politiques diverses, elle doit rendre son rapport dans trois mois, soit en octobre.