Le président des États-Unis Barack Obama a « vivement condamné » jeudi les mesures prises par le gouvernement égyptien par intérim et par les forces de sécurité de ce pays, annonçant du même coup l'annulation d'exercices militaires communs prévus entre les deux pays, comme première réaction à la répression violente de manifestants dans ce pays arabe.
« Notre coopération traditionnelle ne peut pas se poursuivre comme si de rien n'était pendant que des civils se font tuer », a déclaré M. Obama dans un message audio diffusé à la nation depuis Martha's Vineyard, le lieu de villégiature où il passe ses vacances en famille dans le Massachusetts, sur la côte est des États-Unis.
Les forces de sécurité égyptiennes sont intervenues mercredi pour faire évacuer deux places du Caire, où les partisans du président déchu Mohamed Morsi campaient pour réclamer sa réinstauration, une opération qui a dégénéré en affrontements meurtriers dans tout le pays, faisant au moins 525 morts et 3 717 blessés selon le ministère de la Santé.
Plusieurs heures après ces opérations, le gouvernement par intérim égyptien a déclaré l'état d'urgence nationale pour une durée d'un mois, imposant un couvre-feu sur le Caire et 10 provinces du pays, et autorisant les forces de sécurité à arrêter et détenir des civils sans procédure judiciaire pour une durée indéfinie.
L'exercice militaire commun Bright Star, annulé par M. Obama, est un événement bisannuel organisé avec l'Égypte et qui devait avoir lieu le mois prochain dans la région du Sinaï. Washington avait déjà suspendu le mois dernier la livraison de quatre chasseurs F-16 au Caire pour signifier son mécontentement face à la gestion par l'armée des troubles politiques quand l'éviction de M. Morsi le 3 juillet a déclenché des heurts violents dans le pays.
Toutefois, l'administration Obama a choisi de ne pas qualifier la destitution de M. Morsi de coup d'État, ce qui a permis de maintenir son aide de 1,3 milliards de dollars par an à l'armée égyptienne.
« Je tiens à dire que le peuple égyptien mérite mieux que ce à quoi nous avons assisté au cours des derniers jours », a déclaré M. Obama dans son communiqué. « Et je tiens à dire à la population égyptienne que le cycle de l'escalade doit cesser ».
« Nous sommes conscients de la complexité de la situation », a-t-il dit. « Mohamed Morsi a été élu président au cours d' élections démocratiques, toutefois son gouvernement n'était pas ouvert et ne respectait pas les opinions de tous les Égyptiens ».
Le président des États-Unis a également dit avoir demandé à ses conseillers « d'évaluer les implications » des actes du gouvernement intérimaire égyptien, et d'étudier « les étapes à suivre ».
« L'Amérique veut être partenaire du peuple égyptien dans sa recherche d'un avenir meilleur », a-t-il déclaré, réitérant que Washington ne soutenait pas de parti ou d'individu spécifiques en Égypte.
Les États-Unis font grand cas de leur relation avec l'Égypte, l'un des deux seuls pays arabes avec la Jordanie à avoir signé un accord de paix avec Israël.
Cependant, la descente de l'Égypte dans un nouveau cycle de violences a été perçue comme un signe d'affaiblissement de l'influence de Washington dans ce pays.