La présidente brésilienne Dilma Rousseff a accusé mardi les États-Unis d'"ingérence" dans les affaires de son pays en pratiquant l'espionnage généralisé, à savoir la surveillance par l'Agence nationale de la sécurité américaine, qualifiant cet acte de "violation du droit international".
"Les récentes révélations concernant les activités d'un réseau mondial d'espionnage électronique ont provoqué l'indignation et le rejet de l'opinion dans le monde entier", a-t-elle déclaré.
La présidente brésilienne a fait cette déclaration lors de son allocution au débat annuel de haut niveau de l'Assemblée générale de l'ONU, juste avant la prise de parole du président américain Barack Obama.
"Au Brésil, la situation était encore plus grave car il est apparu que nous étions visés par cette intrusion", a déclaré Mme Rousseff.
"Les données personnelles des citoyens ont été interceptées sans discernement", a-t-elle dit. "Les informations sur les entreprises, qui ont souvent une grande valeur économique et même stratégique, étaient au centre des activités d'espionnage".
En outre, les communications de missions diplomatiques brésiliennes comme la Mission permanente auprès de l'Organisation des Nations Unies et le Bureau de la présidence de la République ont également été interceptées, a-t-elle ajouté. "S'immiscer de cette façon dans les affaires des autres pays est une violation du droit international et constitue un affront aux principes qui doivent guider les relations entre les États, surtout entre pays amis", a déclaré Mme Rousseff.
"Une nation souveraine ne peut jamais s'imposer au détriment d'une autre nation souveraine", a souligné la président brésilienne. "Le droit à la sécurité pour les citoyens d'un pays ne saurait être garanti en violant les droits fondamentaux des citoyens d'un autre pays", a-t-elle insisté
Pour Mme Rousseff, l'argument selon lequel l'interception illégale d'informations et de données sert à préserver les pays du terrorisme n'est pas recevable.
Le fait que les États-Unis espionnaient le Brésil a été mis en lumière par les documents divulgués par l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden, puis a été présenté en détail dans le quotidien local O Globo et le programme télévisé Fantastico.
Les documents indiquent que le gouvernement américain a mené pendant des années un programme de surveillance généralisée portant sur des millions de courriels et appels téléphoniques effectués par des entreprises et citoyens brésiliens, ainsi que par des étrangers dans le pays.
Les révélations ont tendu les relations entre le Brésil et les États-Unis. Washington ne nie pas la surveillance mais soutient que le programme faisait partie d'une stratégie visant à prévenir les actes de terrorisme et qu'il se poursuivra donc.